Le marché Petersen a été ravagé ce vendredi par un incendie. La deuxième fois presque en l’espace de 6 mois. Pas de blessés, encore moins de perte en vies humaines. Mais, les flammes ont causé de très importants dégâts. Modou, jeune commerçant, est inconsolable et impuissant. Face à la puissance du feu, qui ravage son magasin, il craque. Il voulait vaille que vaille défier le feu et la chaleur pour aller récupérer ce qui pouvait encore l’être. Mais, c’était sans compter avec le refus de la police venue sécuriser les lieux. Entouré d’une foule, un policier le prend par la main. La tête posée sur l’épaule de l’officier, il pleure pour évacuer cette peine, qui le consume. Sensible, le flic lui demande de s’en remettre à Dieu et de garder son calme. Les nerfs étaient tendus à cause de l’intransigeance des policiers et le comportement de certains marchands.
Pendant ce temps, le feu continuait de se propager sans pitié. Et le ciel de Petersen était couvert d’un épais nuage noir de fumée qu’on pouvait apercevoir de la Médina. Téléphone scotché à l’oreille, Aliou Diallo explique les détails de l’incendie à son interlocuteur. «Rien n’est sorti de mon dépôt. J’ai tout perdu. C’est un investissement qui m’a coûté au moins 6 millions de francs Cfa», détaille-t-il. Abattue, Ndeye Coumba Bâ, lunettes collées au nez, sacoche sur les jambes, est entourée de nombreux gens. Elle a aussi perdu sa cantine où elle vendait des bijoux et autres accessoires pour femmes, des habits, des chaussures. Elle dit ne pas être en mesure à l’instant d’estimer ses pertes. Bath Thiam, lui a déclaré avoir perdu une valeur de 8 millions de francs Cfa. «Ils ont laissé le feu consumer tout le marché», accuse-t-il en indexant les secouristes. Aujourd’hui seule une enquête approfondie des services compétents peut donner des chiffres exacts des dégâts. «Beaucoup de désolation, et beaucoup de compassion pour les acteurs qui sont là. Pourquoi, on est désolé. C’est parce qu’on était en plein travail. On est en train d’aménager à l’intérieur avec pour objectif d’y installer des cantines. Et l’une des caractéristiques de ces cantines qu’on avait exigées, c’est qu’elles soient ininflammables», a exprimé Alioune Ndoye, maire de la commune de Dakar-plateau, tout de blanc vêtu. Et d’ajouter : «Je suis très peiné et touché de voir ça. Parce que nous avons nos parts de responsabilité qu’on ne doit pas fuir. C’est-à-dire que chaque action, elle doit être rapide. Voilà les conséquences. Mais nous sommes aussi contraints, nous, par les règles de marchés. Par exemple pour ces cantines, il a fallu que je fasse un appel d’offres avec le temps que ça prend. Jusqu’à présent c’est dans cette procédure alors qu’il y a une situation d’urgence. Parce que j’ai dû barrer l’avenue Petersen pour permettre aux jeunes de s’installer à même la voie. Parce que je les ai sortis du terrain qu’on est en train d’aménager.» L’infrastructure est en train d’être érigée sur une superficie de plus de 12 mille m2.
Toute sirène hurlante, la grosse citerne de 30 mille L et plusieurs autres engins font des allers-retours. Faute de bouche d’incendie dans les alentours, les camions des sapeurs-pompiers se rendaient à la caserne Malick Sy et à l’Assemblée nationale pour se ravitailler en eau. Autour d’une chaîne de solidarité qui s’est vite formée, les gens dégageaient aussi les débris pour permettre aux camions de se frayer un chemin. Et le célèbre dragon de la police, qui mate souvent les manifestants avec de l’eau chaude, a également contribué à réduire les flammes. Des marchandises brûlées jonchant le sol, des tas d’immondices, de l’eau partout, c’est le décor. Les badauds pour leur part, vont chacun de leur commentaire sur les origines de l’incendie. Certains n’ont pas hésité à se transformer en journaliste citoyen en filmant les évènements en direct à travers les réseaux sociaux. Dans ce mélimélo, des personnes malintentionnées voulaient aussi profiter pour chiper des objets encore en bon état. Un présumé voleur n’a eu son salut qu’à l’intervention de la police qui l’a exfiltré de la foule pour le placer dans son véhicule. Selon le lieutenant-colonel, Ange Michel Diatta, commandant de la compagnie d’incendie et de secours N°1, le feu a été circonscrit aux environs de 10h 15. Ils ont été assistés en effet, par les Eléments français au Sénégal. Pour l’heure, l’origine du feu reste inconnue. Mais M. Diatta a déploré la non-conformité de nos marchés, les problèmes de cheminement, le déficit de bouches d’incendie. Le feu serait parti d’un magasin vers les coups de 6 heures du matin. D’après le maire, les sapeurs-pompiers ont reçu la première alerte à 7h 33 et ils sont arrivés à 7h 40. Bilan provisoire, au minimum une soixantaine de cantines ont été réduites en cendres. Venu réconforter les victimes, Cheikh Cissé, président national de l’Unacois Yessal, exhorte les commerçants à adhérer aux assurances.