L’historienne et ancienne ministre de la Culture, professeur Penda Mbow, a appelé, vendredi, à « penser à développer une culture d’élite pour financer la culture populaire ». « Il faudra penser à développer une culture d’élite pour financer la culture populaire. Nous devons reconstituer cette élite à partir de la culture et d’un élitisme républicain assumé », a-t-elle déclaré. L’univer­sitaire séné­galaise intervenait lors d’un talk axé sur le thème : « Leadership politique et politiques culturelles au Sénégal : de l’héritage de l’enfant de Diogoye [Basile Diogoye, père de Léopold Sedar Senghor] à l’avènement de Diomaye ».

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Le panel, co-animé avec l’universitaire Ibrahima Wane et l’artiste Amadou Kane Sy (Kan-Si) s’inscrivait dans le cadre de Piloha, une exposition regroupant dans l’enceinte de l’ancienne Ecole des Beaux-Arts, des artistes de divers horizons et de différentes disciplines artistiques. Piloha est organisé dans le cadre du OFF de la 15ème Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art) qui se poursuit jusqu’au 7 décembre prochain. Selon Mme Mbow, le Sénégal « ne peut pas avoir une vision systémique, sans se référer ou mettre comme socle, la culture ». Elle a de ce fait invité à retourner vers le mécénat d’Etat, soulignant la prise de conscience du nouveau régime sur l’importance que revêt la culture et ce qu’elle peut représenter pour sa politique et sa vision systémique. Selon elle, « à mesure que nous avançons, les politiques culturelles dans ce pays redimensionnent la vision culturelle qu’avait Senghor », le premier président de la République du Sénégal.

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Pour sa part, l’artiste peintre, Amadou Kane Sy dit Kan-Si, estime que le Sénégal n’a jusqu’à présent pas encore utilisé la culture pour se reconnecter avec son « être profond », afin de mettre en place des projets en connexion avec les communautés. « Il faudra qu’on arrive à reconnecter la biennale [Biennale de l’art africain contemporain de Dakar] et le Sénégal profond, et les préoccupations du Sénégal », suggère-t-il. Kan-Si propose également la mise en place d’une vraie politique de décentralisation culturelle. « Une seule mesure à prendre pour les politiques culturelles au Sénégal, serait de travailler sur les interactions entre les différents départements. Au-delà du découpage ministériel, une véritable politique d’intégration. Voilà la transversalité de la culture », a pour sa part prôné le professeur de littérature africaine, Ibrahima Wane, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).
Aps