Avant le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine sur l’industrialisation de l’Afrique, qui va se tenir à Niamey du 20 au 25 novembre prochain, le Sénégal abrite depuis hier, la 3ème édition du Forum international des entreprises francophones (Fief), co-organisée par le Groupement du patronat francophone (Gpf) et le Mouvement des entreprises du Sénégal (Meds), dans le but commun de créer des synergies entre les acteurs et leaders économiques francophones d’Afrique, d’Europe, d’Amérique, du Moyen-Orient et d’Asie, autour du thème de «La construction de nouveaux hubs économiques à travers le monde». Animant le panel sur «l’industrialisation de l’Afrique : encourager les circuits courts», en sa qualité d’ancien ministre de l’Industrie, des mines, de l’agro-industrie et des Pme du Sénégal, Abdoulaye Baldé, actuellement Dg de l’Apix, a souligné que dans le secteur manufacturier mondial, l’Afrique représente moins de 2%, alors que toutes les matières premières sortent du continent pour être transformées dans d’autres pays, et être revendues plus chères. D’où l’importance pour lui, d’industrialiser l’Afrique. «Le sujet de l’industrialisation est essentiel et fondamental pour l’avenir de l’Afrique, parce que, depuis que nos pays sont indépendants, on parle d’industrialisation de l’Afrique»,  a-t-il déclaré, en ajoutant que des rencontres de ce type peuvent aider l’Afrique à accélérer la cadence et fixer le cadre pour ensuite dégager les perspectives qui permettent aux gouvernements d’avoir une vision plus cadrée à travers ce qui se fait dans le monde.

En effet, si l’Afrique a l’atout de disposer des matières premières, pouvoir les transformer sur place est un défi. Et pour cela, Abdoulaye Baldé estime que tous les gouvernements, mais aussi des organisations internationales, se sont rendu compte de cette réalité. «Et l’Union africaine à travers l’agenda 2063, a décliné, comme objectif principal, l’industrialisation de l’Afrique», a indiqué Abdoulaye Baldé, qui ajoute qu’à travers des organisations régionales comme la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Politique industrielle commune de l’Afrique de l’Ouest (Picao), l’Uemoa, la Banque africaine de développement (Bad), beaucoup d’autres initiatives sont en train d’être prises pour qu’enfin, l’Afrique puisse se nourrir. «L’Afrique a besoin de se nourrir, de se construire, d’être éclairée et de se soigner», fait-il comprendre.

Industrialiser le Sénégal en 2035
De son point de vue, il faudrait que les nombreuses matières premières dont regorge le continent puissent bénéficier à l’Afrique et être transformées sur place. Parlant de son expérience d’ancien ministre de l’Industrie, mais aussi des Forces armées du Sénégal et aujourd’hui, de Dg de l’Apix, Abdoulaye Baldé estime que les défis de l’industrialisation de l’Afrique sont nombreux. «Nous avons un horizon 2035 qui consiste carrément à industrialiser le Sénégal. Et plusieurs politiques sont plus ou moins définies dont celle qui consiste à créer des zones agricoles, des zones économiques spéciales pour pouvoir transformer ce que nous produisons. Mais aussi de faire un peu de l’import-substitution, parce que beaucoup de produits finis viennent des autres continents. Nous sommes en train de réduire cette dépendance», a-t-il avancé.

Et le patron de l’Apix ajoutera que la question des courts-circuits est beaucoup plus proche du monde agricole que du monde industriel, parce que, dit-il, l’industrialisation nécessite généralement des circuits et des processus. Toutefois, il estime que l’Afrique doit saisir cette opportunité des circuits courts qui se réfèrent à l’agriculture. «L’Afrique est un continent riche, le continent de l’avenir. A l’horizon 2063 qu’on a fixé, l’Afrique aura la plus forte croissance démographique. Nous avons les matières premières. Il nous faut avoir de l’initiative et nous développer. Et nous ne pouvons nous développer qu’en nous industrialisant», a-t-il assuré.

«Un retard important à rattraper»
Prenant part à ce forum, l’ancien Premier ministre de la Guinée Conakry, et par ailleurs président de l’Union démocratique des forces de la Guinée (Ufdg), a estimé que ce forum tombe à point nommé car, dit Cellou Dalein Diallo, le 20 novembre prochain, sera célébrée la Journée africaine de l’industrialisation. Alors, ne voulant pas revenir sur le retard qu’accuse l’Afrique dans son industrialisation, M. Diallo soutiendra qu’il y a une mesure du degré d’industrialisation des pays et des continents. «Nous sommes la valeur ajoutée des secteurs manufacturiers en Afrique et nous avons un retard important à rattraper», a dit Cellou Dalein Diallo, qui animait le second panel portant sur le thème : «Innovation : Climat et Environnement.» A l’en croire, l’industrie crée non seulement la richesse, mais également des emplois, et le déficit de l’emploi est une source d’instabilité.

«Il faut que nos Etats essayent de mettre en œuvre des politiques d’industrialisation susceptibles d’engager davantage notre secteur privé dans l’industrialisation, parce que le déficit d’emploi est source de problèmes», a plaidé le président de l’Ufdg, qui a pris part à cet exercice d’identification, de partenariat, de politique et de stratégie susceptible de booster le secteur industriel africain.
Par Ousmane SOW