En Afrique, le Sénégal est le premier pays à disposer d’une plateforme de paiements digitaux. Le pays a lancé en janvier dernier, une plateforme de mobile banking mutualisée dédiée aux Systèmes financiers décentralisés (Sfd). Une initiative qui n’a pas laissé de marbre les Béninois. La preuve, une délégation est venue  s’inspirer  de ce modèle sénégalais. «Nous sommes venus échanger avec nos pairs du Sénégal dans le cadre d’un partenariat sud-sud. C’est une mission en administration comparée qui permettra de mieux s’inspirer des expériences et innovations  de part et d’autre. Je viens au nom du Benin, parce que nous avons  un groupe de travail chargé de la promotion des paiements  digitaux. C’est un groupe de travail qui réfléchit pour faire des propositions en vue des décisions gouvernementales. Mais, lors de nos échanges et réflexions, nous nous sommes rendu compte que le Sénégal  a lancé la mise en production d’une plateforme des paiements digitaux pour les servir en janvier 2024. Nous sommes venus échanger avec nos frères du Sénégal pour nous imprégner des réalités et des difficultés pour pouvoir plus tard éviter des écueils», a déclaré le chef de la délégation du Benin, Philippe Dahoui.

D’après le  Directeur général de l’Agence nationale de supervision des Sfd du Benin, «l’objectif  de cette mission est d’approfondir les aspects pratiques des expériences béninoises et sénégalaises dans la digitalisation des services financiers décentralisés».

Cette initiative vise à mutualiser une plateforme de mobile banking entre les deux pays pour renforcer l’inclusion financière en Afrique de l’Ouest. Pour  ce faire, le Benin veut savoir comment procéder pour accélérer le processus de l’inclusion financière par les paiements digitaux. «Au cours de nos travaux, nous avons remarqué que les banques  sont suffisamment à l’aise  en matière de paiements digitaux. Les assurances suivent le pas. Les Sfd occupent plus de 80% de la population active. Mais ces 80% n’ont pas les  outils nécessaires pour implémenter les solutions de paiements digitaux», explique-t-il.

C’est pour cette raison  que leur délégation est Dakar «pour faire en sorte qu’au niveau du Bénin, le gouvernement puisse déterminer la digitalisation  intégrale des paiements  digitaux au niveau de  tous les acteurs pour pouvoir proposer des solutions très rapides à utiliser, a implémenter dans l’écosystème financier». Cette démarche, poursuit-il, est aussi motivée par le fait que le Sénégal et le Bénin  «sont dans la même zone monétaire, la même union, la même réglementation».  Ainsi,  Philippe Dahoui  espère que les deux parties  pourront aisément «échanger et implémenter des solutions de part et d’autre». Dans ce sens, la délégation béninoise a  rencontré l’Association des professionnels des systèmes financiers décentralisés. Une démarche fortement appréciée par leurs pairs sénégalais. «Merci d’avoir choisi le Sénégal pour échanger et partager les expériences», a  dit Antoine Ngom, Directeur général de Gsie technology, selon qui, «les échanges qui ont eu lieu  jusqu’à présent montrent  que c’est dans les deux sens que se trouve l’intérêt». Pour lui, ce dont il s’agit, c’est l’inclusion financière. «C’est à travers l’inclusion financière qu’on peut aller plus facilement à l’inclusion économique.  Si on regarde aujourd’hui, les différents acteurs qui concourent à l’inclusion financière, on a les banques, les banques classiques, les émetteurs de monnaies électroniques. Quand on parle d’inclusion financière on pense aux Sfd. Ce sont eux qui vont là où les banques ne vont pas. Ce sont eux qui adressent les populations défavorisées. Ce sont eux qui adressent les zones enclavées. Si on veut adresser l’inclusion financière, il faut accompagner les Sfd, surtout dans leur digitalisation. Ils n’arriveront jamais à installer des agences physiques partout pour atteindre les routes et les populations. La seule manière pour les  Sfd d’atteindre le maximum de la population, d’accélérer l’inclusion financière, c’est de se digitaliser. Ne pas se digitaliser peut amener à la perte des Sfd», a-t-il fait savoir. Avant de rappeler que ce projet a une vocation régionale. Il sera déployé prochainement, dans des pays comme la Cote d’Ivoire, le Burkina et le Niger. Car «la solution c’est une plateforme mutualisée où on peut admettre tout le monde  et qui répond à leurs besoins», a-t-il indiqué, en soulignant que chaque pays pourra s’inspirer de l’autre.
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