Sur trois touristes qui viennent au Sénégal, les deux passent par l’Ile de Gorée. Les ministres de la culture et du tourisme sont allés hier au chevet de l’île mémoire. Il s’agit de mettre en action l’entente que les deux entités ont conclue pour favoriser le développement du tourisme culturel dans le pays.
Sur trois touristes qui viennent au Sénégal, les deux passent par l’Ile de Gorée. Lieu de mémoire de la traite négrière, l’île a reçu hier la visite des ministres de la Culture et du Tourisme. Abdoulaye Diop et Alioune Sarr, qui ont scellé il y a quelques semaines un accord en vue de booster le tourisme culturel dans le pays, ont décidé de se pencher ensemble sur la situation de l’Ile de Gorée. «Nous sommes une île enclavée, nous n’avons pas de grandes industries ni de marché, mais nous avons un produit qui fait aujourd’hui le développement du pays, c’est le tourisme. Et Gorée reçoit deux touristes sur trois qui viennent au Senegal, d’où la nécessité d’améliorer l’offre touristique avec la protection du patrimoine, des produits innovants, modernes et surtout une bonne connexion avec l’amélioration du cadre de vie», résume le maire de la petite île. Les deux ministres qui ont parcouru l’île avant de tenir ensemble un comité de développement, ont écouté le maire faire l’état des lieux. Selon Me Augustin Senghor, les actions les plus urgentes pour changer le visage du centre touristique, c’est avant tout la rénovation des maisons en grande décrépitude. Parmi elles, la Maison des esclaves. Présentement en chantier, l’attraction de Gorée bénéficie en effet d’un projet de revitalisation financé à hauteur de 500 millions de francs Cfa par la Fondation Ford. Ce projet va permettre de rénover la maison de la Signare Victoria Albis par laquelle les visiteurs accèderont désormais à la Maison des esclaves. «Joseph Ndiaye savait mobiliser les gens par le levier de l’émotion, mais on a besoin aujourd’hui d’une autre animation. La revitalisation est un projet entre l’Etat, le ministère de la Culture, la commune, la Fondation Ford et l’Unesco pour créer un centre de documentation et d’interprétation de la traite négrière», indique le maire qui estime que la réalisation de ce projet va permettre de développer le tourisme universitaire, en sus de la dimension sanctuaire et lieu de mémoire de l’ile. «Et ça va mettre fin à ce débat des négationnistes qui disent que Gorée n’a pas joué une vrai place dans la traite», soutient-il.
Vol Dakar-Washington
Il faut dire que l’une des raisons pour lesquelles Gorée ne reçoit plus autant de visiteurs est liée à l’absence de liaisons aériennes directes vers les Amériques. Une situation en passe d’être réglée puisque, selon le ministre du Tourisme, dans 6 mois, la compagnie sénégalaise Air Senegal va lancer un vol direct sur Washington. En outre, se basant sur un programme développé par l’Organisation mondiale du tourisme, le ministre Alioune Sarr souligne que cette facilitation des voyages entre le Sénégal et les Amériques doit s’accompagner d’un renforcement du système statistique mais aussi l’utilisation des nouvelles technologies pour assurer la promotion de la destination Sénégal et attirer le maximum de touristes par le biais du hub que constitue l’Aéroport Blaise Diagne de Diass (Aibd).
Les ministres ont aussi écouté d’une oreille attentive les doléances du maire en ce qui concerne le problème d’accessibilité de l’île. Selon Augustin Senghor, avec 12 rotations figées, la chaloupe est un handicap pour certains visiteurs, d’où l’intérêt, selon lui, d’installer un système de bateau taxi. L’autre contrainte à laquelle fait face l’île, c’est la forte migration de ses habitants vers Dakar du fait du manque d’emploi et de qualifications quant aux métiers du tourisme. Suffisant pour que Alioune Sarr demande séance tenante, la tenue de session de formation pour ces jeunes au niveau de l’école hôtelière.
Plan de développement 2017-2020
Les ministres qui ne sont pas restés insensibles devant ces points inscrits dans le plan de développement du tourisme 2017- 2020 de l’île, y sont allés de leurs solutions. Pour Abdoulaye Diop, il urge de réfléchir à des modalités de financement innovantes pour la réhabilitation de ces immeubles en ruine. Il préconise en outre, le développement du tourisme local. Nul doute qu’avec la décision du ministre du Tourisme d’intégrer Gorée au sein du Conseil national du tourisme qui vient d’être installé, va permettre de booster les actions en faveur de l’île.
Durant la visite, les deux ministres ont suivi le circuit de l’île. Un circuit qui leur a permis d’aller à la rencontre des commerçantes du village artisanal. Un site que les femmes souhaitent voir intégrer dans le circuit touristique de l’île mais surtout aménagé vu son exiguïté qui n’attire pas les touristes.