Un ouf de soulagement pour les femmes de Ngoundiane, engagées dans le développement local, mais qui étaient freinées par le manque de financements. Elles viennent de bénéficier d’un prêt de 100 millions de francs Cfa, sous l’égide de leur maire Mbaye Dione qui a donné une caution de 30 millions de francs Cfa au Fongip. Aussi, d’un financement de 30 millions de la Francophonie. Les femmes, regroupées en groupements, comptent développer le projet intégré longtemps conçu, mais dont la mise en œuvre était bloquée, faute de ressources financières.
Il y a un peu plus d’un mois, dans une enquête sur le développement local des femmes, réalisée à Ngoundiane, nous titrions : «Les fonds, le fond du problème». Une façon de mettre en exergue la problématique du financement qui entrave les efforts de développement des femmes de cette localité située dans la région de Thiès. Aujourd’hui, les fonds semblent ne plus constituer de problème. La commune de Ngoundiane, sous l’égide du maire Mbaye Dione, a signé une convention avec le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip) pour un financement des femmes de 100 millions de francs Cfa. «La mairie va lever 30 millions d’apport et le Fongip va appuyer pour permettre à la commune de Ngoundiane d’obtenir cette importante enveloppe financière», annonce le maire lors d’une journée d’étude, de présentation du rapport d’évaluation des subventions allouées aux groupements féminins. Et ce n’est pas tout, la Francophonie a également décider d’octroyer à ces femmes un financement de 30 millions de francs Cfa pour les appuyer dans leur projet intégré de cultures céréalières, de transformation et de commercialisation.
Une bonne nouvelle pour ces femmes qui, depuis longtemps, ont toujours réclamé plus de financement. Pour Abdou Ndiaye, représentant le Fongip à cette rencontre, il faut encourager ces dames. «Ces femmes constituent un modèle de développement économique et social. Et ce modèle doit être répliqué dans toutes les communes», soutient Abdou Ndiaye.
Il faut dire qu’elles ne se sont pas levées un jour et avoir ces 100 millions. En plus d’avoir un engagement pour le développement local et une bonne organisation avec une Union des groupements pour la promotion féminine de Ngoundiane (Ugpf) qui regroupe 26 groupements féminins depuis 1985, elles ont acquis de l’expérience dans le développement local. Aussi, renseigne le maire de Ngoundiane, depuis 2009, chaque année le Conseil municipal leur allouait régulièrement une subvention de 5 millions de francs Cfa.
«Nous sommes aujourd’hui à 20 millions. Et grâce à notre travail, ces 20 millions ont généré près de 18 millions. Aujourd’hui, notre capital s’élève à 27 millions de francs Cfa», soutient fièrement la président de l’Union, Astou Gning. Le maire dit n’avoir aucun doute quant à la capacité des femmes à travailler encore à leur profit et à rembourser ce crédit.
Zone touchée par l’exode rural
Après des années de mise en œuvre, les femmes et le Conseil municipal, malgré les résultats obtenus, se sont rendu compte que les sommes allouées étaient modiques. «Si vous prenez les 4 508 adhérentes et que vous répartissez le montant de la subvention, on se rend compte qu’avec cet argent les femmes peuvent bien sûr travailler, mais elles ne vont pas aller loin», indique l’élu de la commune. C’est pour cette raison, en partenariat avec le Fongip et la Francophonie, «nous avons initié ces actions pour définitivement régler la question du financement des femmes».
En réglant ce problème, le maire compte régler aussi le fléau de l’exode rural qui touche les femmes dans la zone. «Beaucoup de femmes, de jeunes et moins jeunes allaient à Dakar pour un travail précaire avec le risque d’attraper des maladies», regrette-t-il. L’exode des femmes diminue à Ngoundiane, surtout dans les zones comme Séwékhaye et autres localités. Le phénomène reste très marqué dans les villages de Mbayène et Diack 1 où le taux d’exode atteint les 80%. Astou Gning espère qu’avec ce financement et les grands projets qui vont suivre, notamment les activités de maraîchage, l’installation d’unités de transformation et de commercialisation qui vont mobiliser toutes les femmes, ces dernières n’auront plus besoin d’aller ailleurs.
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