«La question reste inquiétante, avec environ 34% des terres affectés notamment par l’érosion hydrique, la salinisation, le lessivage…» Ce constat est du secrétaire d’Etat aux coopératives et à l’encadrement, Dr Alpha Bâ, qui prenait part au dialogue national sur «l’intégration des directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers» organisé par la Plateforme nationale de gouvernance foncière (Pngf).Par Dialigué FAYE –
Le secrétaire d’Etat aux coopératives et à l’encadrement appelle à travailler sur la question de la dégradation des terres. «La question reste inquiétante, avec environ 34% des terres affectés notamment par l’érosion hydrique, la salinisation, le lessivage… La salinisation des terres touche près de la moitié des terres arables, compromettant ainsi la productivité agricole. Les changements climatiques amplifient ces phénomènes. Ce qui s’est passé ces dernières semaines au niveau de la vallée en est un exemple parfait», a relevé Dr Alpha Bâ, qui présidait, lundi, l’atelier de dialogue national sur «l’intégration des directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers» organisé par la Plateforme nationale de gouvernance foncière (Pngf). «Le Sénégal s’est très vite approprié l’objectif volontaire qui vise à apporter une sécurité foncière et un accès équitable à la terre, action prioritaire de la Stratégie nationale de souveraineté alimentaire qui, si elle est appliquée, devrait permettre à l’Etat du Sénégal d’économiser aujourd’hui un montant estimé à 1700 milliards de francs Cfa d’importation de denrées alimentaires.
Mais pour ce faire, il nous faut travailler sur la question de la dégradation des terres», plaide le secrétaire d’Etat, qui considère qu’il serait difficile d’atteindre la souveraineté alimentaire si la terre continue à se dégrader.
Le Sénégal prépare son plaidoyer à la Cop16
La Pngf a organisé ces consultations pour préparer des recommandations en vue de la 16ème Conférence des parties de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (Cop16) prévue du 2 au 13 décembre 2024 à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite, où le Sénégal est très attendu pour se faire entendre par rapport à cette question de désertification et de dégradation des terres. «Nous attendons les recommandations du Sénégal pour appuyer la partie africaine, parce qu’il y a 197 pays Etats parties, mais 25 avaient été choisis dont deux en Afrique, notamment le Sénégal et le Kenya. C’est pourquoi nous sommes là pour écouter, parce qu’on ne peut pas appuyer si on ne comprend pas. Donc, nous sommes là pour ça», a fait savoir Cheikh Tidiane Touré, Coordonnateur régional pour l’Afrique de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (Cnulcd).
Pour le Directeur exécutif de l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), Dr Cheikh Oumar Bâ, «quand le Sénégal ira à la Cop16 en Arabie saoudite, montrer que tous les Sénégalais sont d’accord sur des recommandations, cela pourrait ouvrir des opportunités de mobiliser des ressources financières pour que le Sénégal puisse aborder cette question qui est grave et qui peut gêner l’atteinte de la souveraineté alimentaire».
D’importantes initiatives ont toutefois été menées jusque-là. «Le gouvernement du Sénégal et diverses Ong, avec l’appui des partenaires au développement, ont développé plusieurs initiatives pour améliorer la gestion des terres et des ressources naturelles. L’élaboration du Cadre national stratégique en matière de gestion durable des terres, la mise en œuvre du Plan d’actions forestier du Sénégal, le projet Riposte, entre autres, visent à restaurer les écosystèmes dégradés et à renforcer la gouvernance foncière, en intégrant les communautés locales dans la gestion durable des terres. Des efforts sont également menés pour promouvoir des pratiques agricoles durables et la gouvernance foncière responsable à travers des plateformes de dialogue multi-acteurs comme la Dytaes», rappelle Dr Alpha Bâ.
A son avis, le défi de la gouvernance foncière est en voie d’être relevé, grâce aux efforts de l’Etat et à l’engagement de l’ensemble des acteurs. A ce propos souligne-t-il, «l’Etat vient de lancer la réactualisation de la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale qui, pour nous, constitue le référentiel de base pour réfléchir sur toutes les autres actions. Au vu des conclusions attendues de cette consultation nationale de deux jours bouclée hier, cette dynamique sera certainement renforcée avec les échanges sur les besoins et contraintes spécifiques qui seront soulevés ces deux jours. Parmi ces défis, il y a la reprise de la réforme foncière inclusive et participative. Il s’agira, pour la reprise de la réforme foncière, de ne pas seulement réfléchir sur la gouvernance, mais de réfléchir autour du foncier avec toutes les interactions que cela implique. Cette vision, alignée au nouveau référentiel des politiques publiques, contribuera à accélérer la souveraineté alimentaire du pays, en renforçant l’autonomie sur les produits de base, stimuler le consommer local et accélérer l’industrialisation de notre économie. Elle permettra aussi de créer des emplois sur toute la chaîne de valeurs agricoles pour les femmes et les jeunes».
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