Dialogue national : des solutions à des problèmes artificiels

Malgré la qualité des personnes choisies pour le piloter, à savoir les ministres Famara Ibrahima Sagna et Mamadou Niang, le Dialogue national reste une perte de temps. C’est une véritable arme de distraction massive. On demande à Famara Ibrahima Sagna et Mamadou Niang de trouver des solutions là il n’y aucun problème, à savoir la situation politique. Le Sénégal n’a pas de problème politique, sauf si la normalité politique est un problème en Afrique. On vient de sortir d’une Présidentielle sans aucune contestation, le Parlement vient de boucler le marathon budgétaire, les juges tranchent les litiges, la majorité gouverne, l’opposition s’oppose, les activistes sont en croisade contre la hausse du prix de l’électricité. Démocratiquement, notre pays est trop normal. Il faut rappeler qu’en démocratie, le dialogue est permanent grâce à l’Assemblée nationale et les medias. Malheureusement, les acteurs du dialogue national vont concentrer toutes leurs énergies vers le seul secteur où n’avons pas de problème : la politique. Le vin ou le bissap est tiré, il faut le boire. Si on veut vraiment dialoguer, il faut demander aux acteurs de se focaliser sur de vrais problèmes.
A défaut d’un consensus national sur la lutte contre le terrorisme, exigeons des réponses aussi bien de la majorité et que de l’opposition sur les questions suivantes : la situation au Sahel, la gestion du pétrole, comment sauver de la mort l’école publique, comment gagner la paix après que l’Armée a gagné la guerre en Casamance. En 2024, le Pse aura fait la moitié du chemin, faut-il le continuer sinon on le remplace par quoi. Ces questions méritent débat. Les Sénégalais ont le droit de connaître l’opinion et les idées de ceux qui nous gouvernent et de ceux qui aspirent à les remplacer. Notre élite politique doit concentrer son énergie sur ces questions essentielles, mais comme par le passé, on va nous enfermer dans de faux débats politiciens comme le fichier électoral, le parrainage ou le 3e mandat.
Si dans notre pays, on parvenait à inverser la courbe du débat en exigeant que l’Elite politique remette dans le fourreau l’arme de distraction massive pour se concentrer sur les vraies questions, on va bientôt être comme la Malaisie ou la Corée du Sud. Intellectuellement, nous avons une élite politique de très grande qualité, mais 99% de leur cerveau sont piratés par des faux débats. On aime se passionner pour les faux débats, comme les perdiems au Dialogue national. Franchement, quand on a besoin de perdiems, on n’a pas sa place au Dialogue national : si on ne peut donner de son temps gratuitement pour son pays, on n’y a pas sa place. Si on a véritablement besoin de cet argent, on doit aller chercher un véritable boulot. Le drame de notre pays est aussi que la politique est devenue un métier, une rente, alors qu’elle est avant tout engagement. Dans les années 1990, après les émeutes et l’état d’urgence proclamé après la Présidentielle de février 1988, la crise avec la Mauritanie et la Guinée-Bissau, la crise en Casamance, le pays avait besoin de dialogue politique. Le dialogue aboutira au code consensuel de 1992 et au gouvernement de majorité présidentielle élargi. Le Dialogue national des années 1990 était une nécessité, parce qu’il a permis au Sénégal de trouver un compromis politique en débloquant la situation d’un pays paralysé par une crise politique. Mais aujourd’hui, alors que notre système démocratique fonctionne tellement bien que le système y est devenu plus fort que les hommes, concentrons notre énergie sur les vrais problèmes, qui sont avant tout économiques. Dans les années 90, le gouvernement de majorité présidentielle, qui a vu l’entrée de Wade au gouvernement, était un compromis politique pour sortir de la crise. Aujourd’hui qu’il n’y a aucune crise, personne ne pourrait comprendre qu’un parti politique puisse invoquer le dialogue pour aller au gouvernement. Une démocratie a aussi besoin d’une opposition.
1 Comments
Merci encore monsieur Dia. En vous lisant on sait qu’on a affaire a un vrai analyste. Mais les autres que sont messieurs ndiongue, pape alle et Gueye doivent se référer a vous pour sortir de leur simplicité et analyse partisane