Le Premier ministre Ousmane Sonko veut que l’approvisionnement en moutons s’intègre dans la politique de souveraineté alimentaire. Le Conseil interministériel sur la préparation de la Tabaski 2024, qu’il a présidé hier au Cicad, a été l’occasion pour le chef du gouvernement d’étaler la vision qu’il compte mettre en œuvre pour rendre plus performant le secteur de l’élevage de tout temps plombé par de mauvaises politiques. Par Alioune Badara NDIAYE –
14 décisions, tournant principalement autour de la sécurité et du financement, de l’aménagement et du fonctionnement des points de vente, du financement et de la sécurité, ont découlé mardi du Conseil interministériel sur la préparation de la Tabaski 2024, présidé par le Pm Ousmane Sonko. De ce schéma tendant chaque année à dégager des mesures circonstancielles pour le bon déroulement de l’événement, le chef du gouvernement n’en veut plus. «En relisant, hier (lundi), le relevé des décisions issues du Conseil interministériel tenu l’année dernière, sur la même problématique, je me suis rendu compte que nous nous livrerions au même exercice aujourd’hui : énoncer un chapelet de mesures conjoncturelles pour parer à l’urgence d’une forte demande de nos concitoyens à l’occasion de cet évènement», a posé le Pm dans son discours de clôture. «Cette pratique n’est pas conforme à la doctrine de souveraineté alimentaire déclinée dans notre programme gouvernemental ; cette doctrine englobe la question de l’autosuffisance alimentaire», a-t-il fait prévaloir.
M. Sonko a rappelé que le besoin pour cette année est le même que celui de 2023, non sans saluer les progressions faites ces dernières années. Lesquelles ont, selon lui, permis de réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur sans pour autant parvenir à régler pour de bon le déficit source de tension sur le marché. «On parle de la Tabaski ; c’est un seul jour ou au maximum 3 jours, mais sur le reste de l’année, les Sénégalais continuent à aller au marché pour acheter de la viande, du lait et s’approvisionner en autres produits», a-t-il dit en établissant la causalité entre la hausse des prix et l’insuffisance de l’offre. «Les prix moyens de la viande de mouton et de bœuf ont drastiquement augmenté de 2014 à 2023. Le prix du kilogramme de viande de mouton est passé de 2782 à 4338 F, soit une hausse de 1556 F Cfa en valeur absolue et 56% en valeur relative ; le prix du kilogramme de viande de bœuf est lui passé de 2319 à 3780 F, soit une hausse de 1461 F Cfa en valeur absolue et 63% en valeur relative», a-t-il servi en exemple avec des données de l’Ansd.
Par ailleurs, M. Sonko a aussi fait cas de la cherté des produits maraîchers et aliments de bétail faisant suite à une production insuffisante, et aussi à un manque criard d’infrastructures de stockage et de conservation. Il a, sur ce registre, évoqué aussi les grandes quantités de lait perdues du fait du manque d’équipement. «Ce que nous vivons est la résultante d’un manque de vision politique, et c’est là où je vais insister pour dire que les choses vont changer», a-t-il pointé, convaincu de détenir les bonnes solutions. «Cette situation est insupportable du point de vue socioéconomique, inadmissible au vu du potentiel énorme du pays au plan agro-pastoral, et nous interpelle tous. Elle résume tout simplement une carence manifeste de pilotage politique de nos urgences nationales», a-t-il insisté, non sans dégager la voie que son gouvernement va prendre pour des solutions définitives. «Nous allons y remédier au cours des prochains mois et années, en passant en revue les contraintes structurelles à lever pour assurer une hausse importante du cheptel national et son amélioration qualitative en termes de productivité», a décliné le chef du gouvernement. «De manière plus structurelle, le gouvernement s’attellera à hisser la chaîne de valeur de l’élevage à la hauteur du poids de ce sous-secteur dans les activités génératrices de revenus d’une bonne partie de la population et dans la satisfaction des besoins domestiques des Sénégalais», a soutenu le Pm, assurant que l’engagement de tous est nécessaire pour y arriver.
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