Projet phare de l’ancien régime, le Programme des 100 mille logements va sans doute être poursuivi pour satisfaire la demande des Sénégalais en habitations. Mais, son taux d’exécution se situerait en deçà de 2%, selon Moussa Tine, nouveau Directeur général de la Construction et de l’habitat, qui a pris fonction hier. Par Alioune Badara NDIAYE –

Projet d’envergure pour combler le gap en logements, le Programme des 100 mille logements vole en deçà des ambitions de l’Etat et des attentes des populations. En cinq années de mise en œuvre, il n’a pas encore un taux d’exécution d’1.5%. Moussa Tine, nouveau Directeur général de la Construction et de l’habitat, l’a fait savoir vendredi, à l’occasion de son installation officielle, en remplacement de Amadou Thiam. «Malgré les efforts déployés, (…) notamment avec la création du Fonds pour l’habitat social en 2020 (…) et de la Société d’aménagement foncier et de rénovation urbaine (…), l’insatisfaction demeure. Les résultats du Programme des 100 000 logements de l’Etat en témoignent : en cinq ans, seulement 1500 logements ont été réalisés sur les 100 000 prévus, soit moins d’1, 5% de l’objectif initial», a noté M. Tine, indiquant que ce programme a montré ses limites. Une situation qui, selon son propos, nécessite une approche nouvelle pour repositionner ce programme. «Il est crucial de le repenser en profondeur. C’est pourquoi nous introduisons le concept de l’Etat-bâtisseur. Ce concept appelle à une intervention plus directe et active de l’Etat dans le processus de création de logements», a-t-il ainsi préconisé.

Le directeur entrant est d’ailleurs longuement revenu sur la demande croissante en logements pour édifier sur l’importance de la mission qui lui est confiée. «En 2016, le déficit de logements s’élevait déjà à 322 000 unités, ce qui a motivé l’adoption de la loi d’orientation sur l’habitat social. Mais en 2024, ce déficit a malheureusement dépassé les 500 000 unités», a-t-il mis en exergue, tout en avisant que ce chiffre alarmant demeure un indicateur d’une pression sociale de plus en plus forte sur les populations. «Le nouveau programme d’accessibilité que nous mettons en place accorde une importance cruciale au développement d’un parc immobilier destiné aux logements locatifs sociaux, afin de répondre aux besoins de ceux qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas accéder à la propriété», a posé M. Tine, d’avis que l’accès à la propriété n’est pas seulement un besoin fondamental, mais un enjeu national. «La pratique de l’auto-construction, qui représente plus de 85% des modes d’acquisition et de construction de logements au Sénégal, est un indicateur puissant de l’insatisfaction en matière de logements», a noté le Dg entrant, se donnant comme ambition d’inverser la tendance à travers les nouvelles orientations à insuffler au Programme des 100 mille logements.
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