Le temps d’une demi-journée, une centaine d’enfants de Diaobé ne se sont pas rendus au bouillant marché de la cité-marché pour y écouler des cacahuètes ou autres victuailles, ou encore faire des commissions pour des privés, moyennant des pièces sonnantes. Vendredi 16 juin, de jeunes enfants, avec une moyenne d’âge de 12 ans, ont été conviés au Centre d’écoute et de protection des enfants de la localité pour être fêtés, pour recevoir des informations sur la genèse de la journée, mais surtout pour recevoir des leçons relativement aux usages du numérique. Cela, pour coller au thème de cette journée commémorant l’an 47 des massacres contre de jeunes Noirs sud-africains qui n’avaient eu comme tort de réclamer plus de justice, moins de discrimination dans l’accès à l’éducation. Traitant du thème : «Les droits des enfants dans un environnement numérique», Sirifou Diao, animateur au bureau de Vélingara, a montré, dans un pulaar assez simple, toute l’ambivalence de l’usage du numérique. Il dit : «Le numérique, c’est comme un couteau : on peut l’utiliser pour couper un fruit et le consommer sans danger, mais on peut aussi l’utiliser pour tuer. Parfois sans intention de donner la mort.» Une manière de dire que l’internet, les réseaux sociaux sont à la fois utiles et dangereux, selon l’usage que l’on en fait. Se faisant plus clair, Fodé Kandé, enseignant, a posé cette question aux enfants : «Mangez-vous tout du poulet ? Que rejetez-vous du poulet ?» «Les os», répondirent en chœur les enfants. Une réaction qui a permis à l’enseignant de dire que dans le numérique, tout n’est pas à consommer. Les parents, qui étaient aussi de la partie, ont été mis devant leur responsabilité dans la surveillance des contenus qui intéressent leurs enfants dans les réseaux. Car, selon Sirifou Diao, «à côté de bonnes pratiques et de bons contenus, se trouvent de mauvais contenus, des contenus illégaux et inappropriés, des mauvaises rencontres, les harcèlements et le long temps de connexion».
Le numérique constituant, désormais, une composante essentielle du développement social, économique et culturel, Mlle Aïssatou Diao, qui a lu le mémorandum, a fait ce plaidoyer : «Les parents comme la communauté nationale doivent aider les enfants à accéder à cet outil qui est un levier de progrès incontournable. Comme pour le droit à l’éducation, accéder aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, au numérique donc, devient un nouveau droit.» Et puis de demander : «La facilitation de l’accès au numérique pour tous, le renforcement des capacités et de la connaissance du numérique par les parents, l’installation du Wifi dans tous les établissements scolaires (moyen et secondaire).» Les enfants, invités de Enda jeunesse, se sont donné du plaisir en dansant et en dégustant des jus bien frais.
Par Abdoulaye KAMARA – akamara@lequotidien.sn