Les ressortissants sénégalais établis en Italie, notamment en Florence dans la région de Toscane, ne sont pas satisfaits de la gestion et de la prise en charge de leurs préoccupations par le gouvernement du Sénégal. En plus de ne bénéficier d’aucun fonds de financement pour accompagner leurs initiatives entrepreneuriales ou d’investissements, encore moins d’une assistance rapprochée, ces derniers éprouvent toujours des difficultés dans le renouvellement de leur titre de séjour. Des lenteurs sont notées dans le renouvellement des passeports dont la durée est toujours maintenue à 5 ans au lieu de 10. Par Pape Moussa DIALLO (De retour d’Italie) –
Les populations sénégalaises établies en Florence, en Italie, ne se retrouvent pas dans la gouvernance de la migration encore moins dans les initiatives prises ou portées par le gouvernement du Sénégal en faveur des Sénégalais de l’extérieur. Pour s’en offusquer, Mamadou Sall, président de l’Association des sénégalais de Florence, est monté au créneau pour se faire entendre et interpeller le président de la République sur ce que doivent être les rapports entre les immigrés et l’Etat. «On a entendu parler de sommes importantes d’argent pour le financement des immigrés ces dix (10) dernières années», dit-il. Avant de s’interroger : «Où est passé cet argent ? On n’a rien vu ni reçu en Florence.» Sur le Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise), M. Sall se demande à qui le Faise a remis un financement ? Parce-que, dit-il, «en Florence, ce fonds n’est pas connu». Tout comme le fonds de financement, ce dernier s’interroge sur les logements de Bambilor construits pour les Sénégalais de l’extérieur. «On est plus de 2000 Sénégalais en Florence. Je n’ai pas vu un seul qui a bénéficié du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur ou de ces logements», expose-t-il. Après Milan, la région de Toscane est celle qui compte le plus de Sénégalais. Ils sont près de 35 000 à y vivre. «Le travail que nous abattons en termes de coopération entre la région de Toscane et le Sénégal, personne ne peut nous le payer», avance-t-il. Il cite : «Le jumelage qui existe entre l’hôpital de Thiès dont la maternité a été financée à plus de 85 millions F Cfa, est issu de cette collaboration.» Aujourd’hui, on est à l’origine de tout cela. «L’Etat doit au moins penser à nous», s’est-il désolé. Poursuivant son propos, il avance : «Au moment où l’on parle, on a beaucoup de matériels qu’on doit convoyer au Sénégal et tout ceci nécessite des discussions pour le bien de la population sénégalaise. Nous dénonçons la gestion opaque de ces fonds qui ne nous bénéficient pas et dont nous sommes les principaux destinataires.» A l’en croire, il est inconcevable de dédier un fonds aux immigrés et qu’ils ne voient pas la couleur de ce fonds. S’inscrivant dans la même veine, Omar Guèye, chargé de l’organisation de l’Association des Sénégalais de Florence, suggère aux autorités une autre formule. «Si le gouvernement veut avoir des informations fiables, il doit passer par les associations. Le nôtre est créé depuis 1988. On ne peut pas faire des financements aux Sénégalais de l’extérieur sans pour autant passer par les cadres légaux existant, c’est-à-dire les associations que nous sommes», s’est-il offusqué avant de demander au gouvernement de revoir sa manière de faire.
L’administratrice du Faise s’étonne
Jointe par téléphone, l’administratrice du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur, Mme Sokhna Nata Mbacké, n’a pas manqué de marquer son étonnement. «Je suis étonnée d’entendre des personnes dire que le fonds n’est pas connu en Florence où que des gens n’y ont pas été financés», a-t-elle lancé. Avant de poursuivre : «Des gens ont été financés en Florence.» Mieux, fait-elle savoir : «70% de l’argent du fonds sont allés en Italie.» Pour elle, ce pays a eu la part belle par rapport aux autres nations. Néanmoins, l’administratrice du Faise a expliqué que les financements «se font par demande». Elle a marqué toute sa disponibilité à rencontrer et discuter avec les membres de l’Association des Sénégalais de Florence. Elle accepte déjà de les recevoir pour plus d’information et d’explication sur les mécanismes de fonctionnement du fonds. Du 13 au 15 mai dernier, un forum a été tenu à Milan pour s’entretenir avec les immigrés sénégalais. L’occasion avait permis pendant trois jours, de parler du fonds et de distribuer plus de 200 documents. Dans un autre registre, le président des Sénégalais de Florence n’a pas manqué de faire mention de la distribution du fonds alloué à la diaspora pour faire face à la pandémie du Covid-19. L’argent aurait créé plus de problèmes qu’il en a résolus. «Les 500 euros qu’on a distribués ont créé des problèmes à beaucoup de présidents d’association. On remplissait les dossiers pour les bénéficiaires avant de les envoyer et s’ils ne recevaient pas l’appui, ils venaient aussitôt faire des réclamations à notre niveau», a-t-il fait savoir. Pour M. Sall, si le gouvernement avait pris la peine d’organiser des consultations avec les immigrés, l’appui aurait pu être mieux organisé, avoir plus d’impact et créer moins de problèmes. Mais, «le travail a été fait dans la précipitation et bâclé», regrette-t-il.
Il faut savoir que le président de la République avait adopté un Plan de résilience économique et sociale (Pres) assorti d’une enveloppe de mille (1000) milliards de nos francs dont 12,5 milliards ont été consacrés à la diaspora. Sur les trois phases de distribution, 11 milliards 287 millions 510 mille 750 F Cfa ont été mobilisés pour prendre en charge 125 mille 056 sur les 135 579 Sénégalais inscrits sur la plateforme.