Depuis 22 ans maintenant, les ressortissants des pays de l’Afrique de l’Ouest vivant dans l’agglomération Lille-Roubaix se regroupent chaque année pour étaler leur culture et leur histoire. Cette année, la manifestation a été riche en couleurs avec la prestation remarquée du groupe Maabo.

Sur la scène des petites filles habillées d’ensemble en wax se dandinent. Entre leurs mains, elles tiennent de petites calebasses en chantant une chanson traditionnelle du folklore lebou. «Sou guedj gui sambara wé…», chantent-elles en chœur. Une troupe de batteurs les accompagne sous les applaudissements nourris du public. Cette prestation a donné le départ à une soirée culturelle organisée par la Communauté des ressortissants de l’Afrique de l’Ouest (Crao) à la salle Watremez de Roubaix dans le Nord de la France. Depuis deux décennies maintenant, les ressortissants des pays de tout le continent se donnent rendez-vous à Lille au cours d’une manifestation culturelle qui gagne en ampleur. Président de la Crao et fondateur de cette semaine culturelle, Serigne Diop explique que cette manifestation existe depuis 22 ans maintenant. «L’objectif, c’est de montrer que nous avons une place dans la société ici.» Les petites filles qui évoluent sur la scène, sont toutes nées loin de la terre de leurs aïeux. Mais elles reproduisent les mêmes mouvements. Elles se dandinent au même rythme millénaire et avec la même assurance. Après cette prestation bien applaudie, les fillettes se rangent sur le côté et laissent la scène à une jeune femme qui s’élance dans des envolées lyriques de la danse du thiebou djeune. Une autre vêtue d’un ndiakhasse, mélange de tissus propre aux baye-fall, lui succède dans un rugissement de tam-tam. Ensuite, le rythme s’accélère. Macheikh, le tambour major, et sa troupe de percussionnistes, se lancent dans un Walo walo endiablé. «Nous sommes dans une ville cosmopolite où il y a toutes les communautés et nous, on a la chance d’être en association et l’évènement majeur que nous organisons, c’est la semaine afri­caine», explique M. Diop. Au départ, les festivités s’étalaient sur une quinzaine mais avec les récessions budgétaires, la manifestation s’étale maintenant sur une semaine.
Et c’est l’occasion pour les habitants de communier mais aussi les autres communautés, de découvrir les richesses culturelles et culinaires du continent. Avec l’accompagnement de la mairie qui est bien représentée, des activités ont émaillé la semaine. «On a fait le sabar des femmes, ensuite une manifestation intergénérationnelle avec les vieux qui sont dans les foyers avec des tournois de belote. On a aussi organisé un évènement dénommé Afrique en ville. Chaque matin, nous avons reçu entre 150 et 200 élèves pour leur permettre de faire une découverte culturelle autour des us et coutumes, la danse, la percussion et la cuisine. Mais pendant toute la semaine, chaque midi, nous servons ici un repas africain et c’est un grand succès», souligne le maitre d’œuvre de la manifestation. A l’entrée de la salle, une exposition sur les grandes figures de l’histoire du continent et du Sénégal accueille le visiteur.

Moment de partage
Signe de l’intérêt que suscite cet évènement dans la ville de Lille, toutes les nationalités sont présentes. Dans la salle, les femmes ont sorti leurs tenues africaines. Du wax au bazin, elles arborent les tenues des grands jours. Il faut dire que cette soirée est aussi l’occasion de retrouvailles. C’est l’occasion aussi pour certaines de proposer leurs marchandises aux amies et compatriotes. «Cette semaine, c’est pour affirmer notre identité culturelle, mais aussi s’ouvrir aux autres pour mieux vivre ensemble. Nous sommes à la troisième génération de ressortissants Sénégalais à Lille», explique M. Diop.

Les Maabo et Sékouba Bambino en guest star
Vers 00h, une grande agitation saisie la salle. Le couple de stars que tout le monde attendait est sur le point de monter sur scène. Comme à leur habitude, les glamours Maabo sont vêtus aux mêmes couleurs. Tunique pour Monsieur et Robe longue pour Madame. Comme poussé par une vague, le public accourt au pied de la scène pour mieux profiter des belles notes offertes par le duo de chanteurs. Happy birthday, Yayeboye, Nameel, Al khayri, Thiakass, les chansons s’enchaînent au grand plaisir du public. Les refrains chantés en cœur plongent les spectateurs dans la joie. «La plupart des jeunes qui sont membres de la Crao, sont nés ici et ne savent pas ce qu’est la culture africaine. Cette semaine nous permet de les remobiliser et de leur montrer qu’ils ont aussi une origine africaine», se réjouit le président de l’association. La communauté sénégalaise est assez importante dans cette partie de la France et c’est à des occasions comme celle-ci qu’elle se dévoile aux autres communautés. Au bout de sa prestation, le groupe Maabo s’éclipse pour laisser la place au chanteur guinéen, Sékouba Bambino. L’ambiance monte encore d’un cran. Cette fois, ce sont les mamans qui viennent sur la scène pour improviser une farandole. Le maestro guinéen est un habitué de la Semaine Africaine. Depuis de nombreuses années, il anime le spectacle au grand bonheur d’un public décidé à se faire plaisir le temps d’une soirée.
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