Ce n’était pas arrivé depuis longtemps, un film africain qui franchit la barre des 50 mille entrées dans les salles du continent. C’est la performance que réalise «Les trois lascars», le long métrage du réalisateur burkinabé, Boubakar Diallo. Avec 56 mille 652 entrées, il ouvre de nouvelles perspectives pour l’exploitation de films sur le continent.Par Mame Woury THIOUBOU

– Un film africain qui réalise un record d’entrées dans les cinémas du continent, c’est arrivé ! Dans les 12 pays où Les trois lascars a circulé, le film de Boubakar Diallo a réalisé un total de 56 652 entrées payantes. Ce qui n’était pas arrivé depuis belle lurette. Le film dont la première a eu lieu au dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), est ensuite parti à la conquête du public africain. Selon les chiffres fournis par l’exploitant Canal Olympia et Les Films du dromadaire, c’est en Côte d’Ivoi­re que l’on enregistre les plus fortes entrées, avec 24 864 en­trées, contre 22 633 entrées au Burkina Faso. Au Sénégal, seules 1215 entrées ont été enregistrées, preuve de la timidité des spectateurs sénégalais. D’un autre côté, dans la mesure où ces chiffres ne concernent que les salles Canal Olympia, il est permis de penser que les entrées pour Les trois lascars sont plus importantes. En effet, le Complexe Ousmane Sembène a également diffusé le film sur ses écrans.
Ces chiffres du 5 novembre 2021 au 11 janvier 2022, sont tout de même une première pour un film africain, selon le site Images francophones. «Jusqu’à ces dernières semaines, le plus grand succès du box-office pour un film africain en Afrique francophone, au 21è siècle, restait Tasuma, long-métrage de Kollo Sanou, sorti en 2004 dans six pays, avec le soutien du programme Africa Cinémas, et qui avait ainsi pu atteindre 49 000 entrées. Un chiffre qui peut paraître très modeste, si on le compare aux 500 000 entrées du film Buud Yam, de Gaston Kaboré, sorti sept ans plus tôt», renseigne le média.

Une comédie déjantée
Les trois lascars, c’est l’histoire de trois amis qui sont voisins et qui décident de partir avec leurs «tchizas» (comprenez maîtresses) en villégiature, loin de la capitale. Prenant prétexte d’un séminaire à Abidjan, ils prennent la route vers un endroit coupé du monde, où le téléphone ne marche pas. Mais l’avion dans lequel ils sont censés avoir embarqué, est victime d’un crash et ils sont déclarés morts. Petit à petit, les masques commencent à se fissurer et des vérités se font jour. Comment rentrer auprès de sa femme quand on est annoncé pour mort ? C’est autour de cette intrigue qu’est construit le film de Boubakar Diallo. Seul film Burkinabé en lice pour l’Etalon d’or du Yennenga, cette comédie déjantée a réussi quand même à attirer le public ouagalais dans des salles du Fespaco, pas très fréquentées il faut dire. Si le film mise sur la comédie, le pari est réussi puisque le réalisateur embarque son public dans un parcours où même les séquences les plus tragiques ne sont pas exemptes d’humour. Servi par un casting Xxl, avec Issiaka Sawadogo, Mahoula Kane, ou encore Mouna Ndiaye, entre autres, le film parvient à maintenir le spectateur dans le drôle de stress que vivent ces maris volages et qui devront faire face à leurs épouses. Mais il faut dire également que Boubakar Diallo n’en est pas à sa première production. Le prolifique réalisateur a toujours su remplir les salles, en enchaînant une quinzaine de films en moins de vingt ans.
Cette performance du film burkinabé ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine de la distribution des films en Afrique. Surtout dans un contexte où les salles rouvrent petit à petit. Au Sénégal, hormis l’Institut français, Canal Olympia et la Salle Sembène Ousmane, les multiplexes de Pathé qui arrivent bientôt, devraient renforcer l’offre programmatique. Mais il serait bon également que les productions locales puissent trouver leur place dans cet environnement. Les ingrédients pour cela, existent bel et bien. Même si l’industrie cinématographique s’est orientée vers la production de séries, il faut noter que le moyen de faire des productions à petits budgets pour les salles, est tout à fait possible. Le Sénégal disposant d’excellents comédiens et de bons techniciens.

6638 entrées pour «Baamum Nafi» en France
Ailleurs, en Europe, les films africains qui sont sortis en salle, réalisent également de bons scores pour certains. C’est le cas de Freda de la haïtienne Gessica Généus. Le film arrive en tête des entrées pour les films francophones du continent, avec 31 350 entrées. Il est suivi par Haut et fort de Nabil Ayouch, avec 26 499 entrées, et Marcher sur l’eau de Aïssa Maïga, avec 18 167 entrées. A la 7e place, le long métrage du Sénégalais Mamadou Dia, Baamum Nafi, qui comptabilise 6638 entrées.
(mamewoury@lequotidien.sn)