«J’ai initié une politique d’ouverture de nos portes à tous les producteurs pour qu’ils diffusent leurs films sur la Rts, ce qui permettra de mieux faire connaître ces figures emblématiques pour une réappropriation de notre histoire», a-t-il dit lors d’un entretien téléphonique. Le Sénégal regorge de grands producteurs et dispose d’une importante production de films depuis l’avènement du Fonds de promotion de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel (Fopica), selon M. Niang. Il dit avoir pris cette initiative pour «faire connaitre ces films, une partie de notre histoire, mais aussi faire connaitre les producteurs et réalisateurs sénégalais».
Le Dg de la Rts a précisé que ce sont des films «en fin de saison» qui ont terminé leur circuit en salles et dans les festivals. Le documentaire Essamay : Bocandé, la Panthère de Maky Madiba Sylla, réalisé en hommage au défunt footballeur sénégalais Jules François Bocandé, a ainsi été déjà diffusé sur la Rts. Il en est de même du film Omar Blondin Diop, le révolté du réalisateur Djeydi Djigo, diffusé le dimanche 9 juin dernier, qui revient sur la mort de ce révolutionnaire en prison à Gorée, le 11 mai 1973, pendant le règne du Président Léopold Senghor, au pouvoir de 1960 à décembre 1980. D’autres films documentaires tels que Président Dia et Kemtiyu Seex Anta du réalisateur Ousmane William Mbaye devraient être diffusés bientôt sur la Rts, de même que le film documentaire Valdiodio Ndiaye, un procès pour l’histoire de la réalisatrice française d’origine sénégalaise Amina Ndiaye-Leclerc. Ce documentaire revient sur le procès de 1963 consécutif à la crise politique de 1962 qui a consacré la chute du président du Conseil du gouvernement d’alors, Mamadou Dia. La réalisatrice Amina Ndiaye-Leclerc exhume, à travers son film, une partie de l’histoire politique du Sénégal post-indépendance pour réhabiliter la mémoire de son père, Valdiodio Ndiaye. Le film intitulé Dansokho : Il chantait rouge de Maky Madiba Sylla, qui retrace, en grande partie, le parcours et les convictions du défunt ministre et Secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) du Sénégal, est aussi programmé par la télévision publique. Son documentaire El Maestro Laba Socé, retraçant le parcours de cet artiste atypique qui a connu le succès partout où il est passé, est aussi dans la grille des programmes de la télévision nationale.
Pape Alé Niang a annoncé aussi que des discussions ont été entamées avec la réalisatrice Katy Léna Ndiaye pour son film Une histoire du franc Cfa. «La Rts ne cherche pas d’argent dans cette affaire, vous voyez qu’il n’y a pas de sponsor», a-t-il insisté. «J’appelle tous les réalisateurs et producteurs, j’en ai discuté avec certains, c’est la télévision nationale qui a l’obligation de diffuser leurs films. Ce sont des personnalités de notre histoire souvent ignorées.» Selon le Directeur général de la Rts, la plupart des réalisateurs ont comme télédiffuseur la Rts pour prétendre au financement du Fopica. Pape Alé Niang, nommé Dg de la Rts à la faveur du changement de régime intervenu le 24 mars dernier, dit vouloir répondre à une complainte des réalisateurs qu’il a souvent entendue lorsqu’il animait l’émission Samedi Mag sur la 2sTv (télévision privée).
«Montrer des films sénégalais et africains à la télévision nationale est un acte noble. Nous sommes heureux chaque fois que la Rts diffuse nos films (…)», a réagi le réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye, joint depuis Paris (France) où il séjourne. Il a confirmé que le Dg de la Rts l’avait contacté. «Il m’a dit que «la Rts veut diffuser les portraits de personnages leaders sénégalais…», il était très intéressé par le film Président Dia. La Rts n’ayant pas Président Dia, je lui garantissais de lui envoyer un fichier broadcast […].» Ousmane William Mbaye a signalé que la Rts avait acquis les droits de deux diffusions de la version française et celle sous-titrée en wolof de Kemtiyu Séex Anta, le film dédié au parcours du savant sénégalais Cheikh Anta Diop et parrain de l’Université de Dakar.
«Elle n’a diffusé le film qu’une seule fois», a-t-il expliqué, ajoutant qu’il trouve que la Rts fait la publicité des films. Il s’y ajoute, selon lui, que les bandes-annonces de la télévision publique sont bien mises en valeur. Maky Madiba Sylla salue lui aussi cette «excellente nouvelle de voir leurs œuvres passées à la télévision nationale». «C’est ce que l’on a toujours souhaité. Chaque fois qu’on fait des films, ils sont vus à l’étranger, mais il y a très peu de chances qu’ils soient vus au Sénégal», a dit Maky Madiba Sylla, soulignant que son film sur Laba Socé a été diffusé dans 53 pays à travers la chaîne de télévision cryptée française Canal+. «Le fait de savoir que ce film va passer sur la télévision nationale de mon pays, c’est un véritable bonheur, parce que les Sénégalais vont enfin le découvrir, c’est un pan de notre histoire musicale et c’est génial de pouvoir le partager avec le public», se réjouit-il. Il salue la démarche du nouveau Directeur général de la Rts, Pape Alé Niang, qui, selon lui, a compris l’importance que les œuvres et les réalisateurs sénégalais ont pour le grand public. Le réalisateur suggère toutefois qu’il y ait une éducation du public au cinéma, car la majorité ne sait pas ce qu’est un film cinéma ou un documentaire. Il a proposé aussi que la diffusion des films soit suivie de séances de discussions sous forme de tables rondes pour mieux éclairer le public du petit écran.
Le Directeur général de la cinématographie, Germain Coly, a salué la volonté du nouveau Directeur général de la Rts qui, selon lui, résout «un problème crucial» avec la diffusion de la production de films sénégalais. Les films sénégalais, dit-il, «avaient du mal à être vus par les Sénégalais alors qu’ils avaient une aura à l’étranger». «J’appré-cie cette initiative du Dg de la Rts qui va permettre de montrer les films financés depuis 2014 par le Fopica, c’est une production énorme. Les films en fin d’exploitation en salles seront ciblés», précise-t-il. Selon le Dci qui joue le rôle de facilitateur entre la Rts et les ayants droit des films, les films documentaires, courts et longs métrages seront diffusés par la télévision nationale dans le cadre de cette initiative. «C’est un partenariat gagnant-gagnant, nous travaillons ensemble pour montrer les productions sénégalaises», a dit Germain Coly.
Aps
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