Digitalisation – Plateforme interopérable du système de paiement instantané : La Bceao lève les barrières transactionnelles

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a officiellement lancé hier la Plateforme interopérable du Système de paiement instantané (Pi-Spi). Cet outil permet d’envoyer et de recevoir des fonds instantanément entre différentes structures financiers au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).Par Dialigué FAYE –
Désormais, les banques, les institutions de microfinance, les établissements de paiement, les fintechs, ainsi que les émetteurs de monnaie électronique, pourront échanger sur une même plateforme numérique, au bénéfice des populations des huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). L’écosystème financier de l’Union vient d’être doté d’une Plateforme interopérable du Système de paiement instantané (Pi-Spi). Il s’agit d’une infrastructure régionale de paiement conçue et opérée par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Elle permet d’envoyer et de recevoir des fonds instantanément entre différentes structures financières.
Le ministre sénégalais des Finances et du budget, qui présidait hier son lancement au siège de la Bceao, considère que la «Pi-Spi traduit l’aboutissement d’une vision commune, celle d’un écosystème financier plus inclusif, plus dynamique et répondant aux besoins des populations de l’Uemoa. Il témoigne de l’engagement de la Bceao de moderniser les circuits de paiement dans l’Union, mais également de la capacité de notre écosystème à collaborer autour d’un objectif stratégique commun». Représentant le président du Conseil des ministres de l’Uemoa, Cheikh Diba relève ainsi que «l’interopérabilité sera un puissant vecteur de développement des paiements numériques, d’inclusion financière et d’intégration économique régionale».
En effet, explique-t-il, «l’interopérabilité, en donnant la capacité à tous les acteurs économiques d’interagir sans barrière transactionnelle, contribuera à renforcer l’essor des instruments de paiement digitaux et à favoriser l’accès des populations aux services financiers, en particulier dans le contexte de notre Union économique et monétaire, avec près de 150 millions d’habitants dont une part significative vit en zone rurale».
Grâce à cette plateforme, chaque citoyen de l’Union peut effectuer des paiements en quelques secondes à tout moment, de manière plus simple, sécurisée. Mieux, précise le Gouverneur de la Bceao, «la gratuité des transactions initiées par les particuliers, combinée à la garantie d’un dénouement instantané, représentera, pour de nombreuses personnes et familles, un progrès significatif, améliorant concrètement leur quotidien». D’après Jean-Claude Kassi Brou, «la mise en place de la Pi-Spi revêt une dimension structurante et multiforme régionale». Le Gouverneur assure que cette solution innovante apportera des bénéfices réels à tous les acteurs économiques de l’Union.
Les Trésors appelés à s’approprier la Pi-Spi
Les professionnels des banques et établissements financiers de la sous-région ne disent pas le contraire. «C’est une réponse concrète aux défis de fragmentation, d’exclusion et de lenteur qui freinent souvent nos ambitions. C’est aussi un levier puissant pour accélérer la bancarisation, renforcer la confiance dans les paiements numériques et soutenir la compétitivité de nos économies», témoigne Guy-Martial Awona, président de la Fédération des associations de banques et établissements financiers de l’Uemoa.
Pour les commerçants et artisans, la «Pi transforme la relation de paiement», selon Jean-Claude Kassi. Lequel informe que «l’acceptation devient universelle : le Qr code standardisé permet d’encaisser les paiements de tous les clients, quel que soit le prestataire de services de paiement, ouvrant ainsi la voie à l’essor du commerce régional à l’échelle de l’Union. Pour les Trésors publics et les administrations, la Pi-Spi constituera un canal centralisé et interopérable pour le paiement des salaires, des aides sociales et d’autres engagements financiers, de même que le recouvrement des créances publiques. Ces avantages permettront également de réduire notablement les délais et coûts de recouvrement des recettes fiscales, et de faciliter le suivi des dépenses publiques».
Le ministre des Finances et du budget embouche la même trompette. «Les rapprochements s’en trouvent automatisés, les soldes dormants réduits, la trésorerie mieux pilotée et la discipline d’unité de caisse consolidée», martèle Diba. Ainsi invite-t-il l’ensemble des Trésors nationaux de l’Union à intégrer la Pi-Spi dans leurs chaînes d’ordonnancement et d’encaissement. Pour ce qui concerne le Sénégal, il dit avoir donné des directives pour que toutes les dispositions soient prises en vue d’une intégration effective du Trésor public à la Pi-Spi.
Pour la Fapbef, ce lancement n’est qu’un début. «Il nous incombe désormais de garantir la sécurité, la fiabilité et la disponibilité de la plateforme. Il nous faut aussi former, sensibiliser et accompagner les usagers pour qu’ils s’approprient pleinement les nouveaux outils mis à disposition», plaide son président.
dialigue@lequotidien.sn