Le président de la République fait face à une échéance implacable : il reste aujourd’hui moins de 1700 jours, soit environ 243 semaines ou 56 mois, avant la fin du mandat. Le sablier du temps s’écoule inexorablement, marquant le début d’un compte à rebours dont l’issue est déjà connue. Ce temps qui file ne laisse aucun répit, surtout pour un pouvoir issu des élections de mars 2024. Chaque jour qui passe réduit davantage la marge d’action et impose au Président et à son équipe une pression croissante pour répondre aux attentes du Peuple sénégalais et réaliser les engagements pris lors de la campagne électorale.
Ce laps de temps n’est pas anodin : il représente une occasion cruciale de mettre en œuvre des politiques concrètes pour améliorer le quotidien des familles, lutter contre la cherté de la vie, maîtriser les prix des denrées alimentaires, alléger les factures qui plombent les ménages et répondre aux difficultés rencontrées par la population. Il s’agit donc d’un véritable défi, une période au cours de laquelle chaque décision, chaque action, chaque priorité affichée comptera. Face à la souffrance des familles et à la hausse constante des prix, l’engagement du Président et sa capacité à placer la Nation au cœur de ses préoccupations seront déterminants pour juger de son bilan à l’issue de ces 1700 jours. Un vrai défi dont le président de République doit prendre conscience pour ensuite savoir y répondre de façon à satisfaire les attentes des Sénégalais, au-delà de ceux qui l’ont porté au pouvoir.
La Présidence de Diomaye s’apparente véritablement à une course contre la montre. Chaque instant qui s’écoule rapproche le chef de l’Etat de l’échéance de son mandat, réduisant ainsi la marge de manœuvre disponible pour concrétiser les engagements pris devant le Peuple. Ce contexte impose au Président la nécessité d’une prise de conscience aiguë de la dimension temporelle de son action. Il ne s’agit plus seulement de gouverner, mais de le faire avec une efficacité et une réactivité accrues, afin de répondre aux attentes pressantes des Sénégalais.
Ce défi est d’autant plus exigeant qu’il ne concerne pas uniquement l’électorat qui l’a porté au pouvoir, mais bien l’ensemble de la population. Ainsi, la réussite de ce mandat dépendra de la capacité du Président à dépasser les clivages partisans pour satisfaire les espoirs et besoins de tous les citoyens sénégalais, sous le regard attentif d’une Nation en attente de changements concrets.

Très peu de réalisations en 2024 et 2025
Si les présidents Wade et Sall ont eu un premier mandat de 7 ans, tel n’est pas le cas pour le Président Diomaye, qui doit faire avec le corset d’un mandat de 5 ans dont les deux premières années ont été perdues sans grandes réalisations. Cette limitation temporelle représente un véritable corset institutionnel, d’autant plus restrictif que, selon le constat, les deux premières années de ce mandat, c’est-à-dire 2024 et 2025, ont été en grande partie perdues, sans avancées majeures ni réalisations significatives à mettre à l’actif du pouvoir en place. Mis à part se déplacer jusqu’à Thiès (70 km de Dakar) pour inaugurer la statuette de Lat Dior, le chef de l’Etat n’a lancé aucun chantier d’envergure ; il s’est juste contenté d’inaugurer les chantiers de son prédécesseur.
Ce contexte particulier impose au Président Diomaye une pression accrue pour accomplir, en un temps réduit, les attentes du Peuple sénégalais. Le rythme et l’ampleur des actions à mener s’en trouvent d’autant plus déterminants dans l’évaluation de son bilan présidentiel. Un bilan qu’il partage avec Ousmane Sonko, même si ces derniers temps, leurs relations se sont fortement dégradées.
En effet, sur 2024 et 2025, il y a eu très peu d’actions prises pour répondre aux attentes légitimes des Sénégalais. A la place, ce sont de nouvelles querelles internes qui émergent, opposant tour à tour Ousmane Sonko à Bassirou Diomaye, la Coalition Diomaye Président à Apte, ou encore Pastef contre Pastef. Ce climat de rivalités politiques, persistantes et stériles, finit par lasser la population, qui peine à voir l’intérêt général primer sur les intérêts partisans. En continuant de privilégier les affrontements internes, les acteurs politiques semblent oublier la mission première qui leur incombe : servir le Peuple et s’atteler aux urgences du quotidien.
La dernière sortie du député Cheikh Thioro Mbacké en est une parfaite illustration, si ce n’est tout simplement un aveu d’incompétence, d’ignorance et de démission envers le Peuple sénégalais. En tenant de tels propos, le député démontre une absence manifeste de sens des responsabilités et un éloignement préoccupant des préoccupations quotidiennes de ses concitoyens. Ce comportement laisse transparaître un manque d’engagement envers les attentes légitimes de la population, alors même que la situation du pays nécessite solidarité, écoute et action concrète de la part de ses représentants. Comment un député peut-il regarder les Sénégalais dans les yeux et dire, en résumé, que la cherté de la vie, les denrées alimentaires, les factures, l’électricité, le quotidien des familles… ne sont pas ses priorités ?

6075 milliards de francs Cfa à emprunter en 2026
De même, face aux dérapages de langage et invectives dirigés contre le président de la République, il est légitime de s’interroger sur l’attitude que doivent adopter les citoyens, toutes sensibilités confondues. Peut-on, en tant que membres d’une société organisée, rester silencieux et indifférents face à de telles attaques publiques ? La question se pose d’autant plus que le respect des institutions et de leurs représentants demeure le socle du vivre-ensemble et de la cohésion nationale. Ainsi, chaque citoyen est appelé à mesurer la portée de ses paroles et de ses actes, et à ne pas se contenter d’observer passivement les débordements verbaux qui nuisent à la dignité de la fonction présidentielle et, par extension, à la stabilité de l’Etat.
Pendant ce temps, le Peuple sénégalais souffre face aux multiples crises auxquelles il fait face. Les urgences sont partout : économiques, sécuritaires, sociales, chômage des jeunes, santé, éducation, insécurité, infrastructures… Les préoccupations des citoyens sont claires et les attentes non satisfaites. La rupture promise attend toujours. Le don de soi pour la Patrie est oublié. Il est temps de se concentrer sur les vraies priorités : redresser l’économie, créer des emplois, améliorer l’accès à la santé et à l’éducation.
Le projet de Loi de finances initiale (Lfi) pour l’année 2026 met en lumière une situation budgétaire particulièrement inquiétante pour le Sénégal. En effet, le pays envisage de recourir à un emprunt massif de 6075 milliards de francs Cfa. Cette somme colossale servira principalement à rembourser 4307 milliards de dette existante, à combler un déficit budgétaire de 1245 milliards, à régler 300 milliards d’arriérés, à couvrir 172 milliards d’emprunts rétrocédés et à absorber un déficit Opex de 50 milliards. Ce mécanisme, qui consiste à s’endetter pour rembourser des dettes antérieures et faire face aux besoins courants, traduit une spirale financière dangereuse pour l’avenir du pays. La dépendance croissante à l’endettement, loin de résoudre les problèmes structurels, risque d’aggraver la vulnérabilité économique du Sénégal. Cette trajectoire est qualifiée de mortifère, soulignant la gravité et le caractère non soutenable de la stratégie adoptée.

Opa sur l’Apr sous couvert de coalition
Pendant ce temps, le président de la République, à travers Aminata Touré, ouvre grand les portes de la transhumance politique et une Opa sur l’Apr sous couvert de coalition. En effet, l’initiative menée par Aminata Touré, visant à rassembler un large éventail de soutiens autour du Président Diomaye, s’apparente en réalité à une véritable offensive stratégique sur l’Alliance pour la République (Apr). Sous la coordination de l’ancienne présidente du Cese, le ralliement du président du Conseil départemental de Bounkiling, Mouhamed Diaïté, et des dix maires du département à la Coalition Diomaye Président illustre parfaitement cette dynamique. L’objectif affiché de créer une coalition élargie masque en fait une opération visant à affaiblir l’assise de l’Apr, en attirant à elle des soutiens territoriaux clés et en consolidant ainsi la position de la nouvelle coalition sur l’échiquier politique local. Cette démarche marque une étape majeure dans la redéfinition des rapports de force au sein de la sphère politique, où l’élargissement de la coalition autour de Diomaye Faye se traduit, de fait, par une mainmise sur les structures et les relais qui faisaient jusqu’alors la force de l’Apr.
Toutefois, la tentative de Aminata Touré de fédérer un large soutien autour du Président Diomaye, sous forme d’opération de ralliement, se heurte à une difficulté majeure : la position clairement affichée du parti Pastef. Ce dernier s’est toujours opposé à toute forme d’apologie de la transhumance politique, refusant de cautionner les changements d’allégeance opportunistes qui nourrissent les recompositions de coalitions. Ainsi, la dynamique impulsée par Aminata Touré, bien qu’elle vise à renforcer la Coalition Diomaye Président en attirant des soutiens territoriaux, trouve une limite dans la démarche de Pastef, qui défend une vision politique fondée sur la cohérence et la fidélité aux principes. Ce refus de promouvoir la transhumance distingue Pastef au sein de l’échiquier politique, en mettant en avant une volonté d’assainissement des pratiques et de consolidation d’une culture politique respectueuse des engagements initiaux. L’on se rappelle que le chef de l’Etat, face au tollé suscité par la nomination de Samba Ndiaye il y a un an, s’était empressé de dire que celui-ci avait rejoint la coalition présidentielle avant les élections et qu’il avait battu campagne avec eux. Aujourd’hui, quel discours va-t-il nous servir avec le ralliement massif annoncé de maires et présidents de Conseil départemental ?
Par Bachir FOFANA