Dans certains villages situés à la lisière de la commune de Diourbel, des femmes envoient leurs enfants dans les maisons pour chercher du travail. Ce sont des jeunes filles scolarisées et dont la tranche d’âge est comprise entre 13 et 17 ans. Elles auraient dû rester chez elles à attendre l’ouverture des classes pour lutter contre la propagation du Covid-19. C’est l’une des conséquences néfastes du Covid-19.

Les écoles élémentaires, lycées et universités sont fermés pour permettre aux jeunes de rester chez eux afin de freiner la propagation du coronavirus. Au lieu de rester à la maison, des jeunes filles qui fréquentaient les établissements scolaires sillonnent les concessions pour chercher du travail. Ces jeunes filles viennent généralement du monde rural, précisément des villages de Ghoyé, Ndoffène, Ndigalème, Dombe, entre autres. A. Ndiaye, âgée seulement de 13 ans, sillonne les maisons de la cité ouvrière de Diourbel. Interrogée sur les raisons de ses pérégrinations, la jeune fille répond qu’elle cherche du travail de bonne de maison. A l’en croire, elle est à la recherche du travail parce que sa mère le lui a demandé. Elle explique : «Je suis en classe de 6ème au collège. Ma maman m’a demandé d’aller chercher du travail avant la reprise des classes parce qu’il n’y a pratiquement plus de vivres à la maison. Elle vendait du mil et du couscous au marché, mais maintenant elle a arrêté à cause de la maladie du coronavirus.»
B. Diouf, qui était en classe de Cm1, ne dit pas le contraire. Selon elle, sa mère les a envoyées, ses sœurs et elle, chercher du travail, car la dépense quotidienne serait ainsi beaucoup plus facile à gérer.
Une situation inquiétante qui impose d’accélérer l’aide alimentaire d’urgence dans le monde rural. C’est l’avis du coordonnateur régional de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme). Malick Ciré Sy estime que «l’Etat doit accélérer la cadence en remettant le plus tôt possible les denrées alimentaires pour lutter contre la faim qui commence à se faire sentir au niveau des populations. La place de ces enfants n’est pas dans les lieux de travail, mais plutôt à l’école. L’Etat doit les protéger en donnant à leurs parents les denrées alimentaires parce qu’ils n’ont plus d’occupations. En situation d’urgence, il faut lever toutes ces barrières de lenteurs administratives qui font que depuis que les vivres sont venus, on tarde à les mettre à la disposition des populations».
Selon lui, ces enfants du milieu rural descendent sur le terrain pour lutter contre la pauvreté dans leurs localités respectives. Ainsi, dit-il, «il urge de respecter le droit à l’alimentation des populations, car la plupart s’activent dans l’informel». Pour le coordonnateur de la Raddho à Diourbel, on ne peut pas demander aux gens de rester chez eux alors que la nourriture n’est pas encore sur la table. De l’avis de M. Sy, c’est le retard de l’aide d’urgence qui entraîne en contrepartie le nombre important de cas communautaires au coronavirus notés chez les commerçants. «Avant de confiner quelqu’un, il faut lui donner à manger. Les familles vulnérables, les commerçants, les jakartamen, les chauffeurs et transporteurs, entre autres acteurs du secteur informel, ont besoin d’être assistés», a-t-il souligné.