Dans le cadre des activités de sensibilisation des chefs religieux, Serigne Moustapha Lakrame Mbacké, proche collaborateur du Khalife général des mourides, a pris hier son unique dose de vaccin Johnson and Johnson. Selon le marabout, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké lui a donné le «ndigël» (ordre) de se faire vacciner.Par Oumy LY (Correspondante)

– Serigne Moustapha Lakrame Mbacké a pris hier son unique dose de vaccin Johnson and Johnson en présence de la Directrice générale de la Santé publique, du Gouverneur de Diourbel, entre autres autorités administratives, sanitaires et territoriales de la région. L’équipe de la Région médicale, conduite par le médecin-chef de région, Dr Mamadou Dieng, s’est ainsi déplacée au domicile du guide religieux au niveau de la commune de Tocky Gare dans le département de Diourbel pour lui administrer sa dose de vaccin.
Cette manière de procéder s’inscrit dans le cadre des activités de sensibilisation auprès des chefs religieux. En effet, après avoir reçu sa dose de vaccin, le chef religieux, qui fait partie du cercle restreint de l’entourage du Khalife général des mourides, a fait savoir qu’il a accepté de se faire vacciner parce qu’il a la permission («le ndigël») de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké. «J’ai parlé hier au téléphone avec le Khalife général des mourides pour lui annoncer ma décision de me faire vacciner et il l’a approuvée. Si Serigne Moun­takha ne l’avait pas approuvée, je n’allais jamais accepter cette dose de vaccin. Personne ne m’a forcé, je me suis fait vacciner juste par conviction parce que je pense que le vaccin est bon.» Serigne Mous­tapha Lakrame Mbacké a ainsi profité de l’occasion pour inviter les chefs religieux du Sénégal à donner l’exemple en acceptant de se faire vacciner et inciter leurs talibés à cet acte citoyen.
Cet engagement de se faire vacciner du marabout semble être un soulagement pour le ministère de la Santé, parce que Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye, la Directrice générale de la Santé, a apprécié le geste à sa juste valeur.  «Quand le marabout a accepté de se faire vacciner c’est comme si on m’a annoncé la fin de la pandémie. Je me suis sentie soulagée. A vous entendre parler, on voit que vous vous êtes fait vacciner par conviction, vous n’avez pas été forcé. Nous sommes honorés par votre engagement. La vaccination a beaucoup d’importance. J’ai l’espoir qu’à ce rythme le Sénégal fera partie des premiers pays qui vont combattre la pandémie du coronavirus. Nous remercions aussi le Khalife général des mourides et nous sollicitons encore vos prières», a-t-elle dit.
Mme Ndiaye a rappelé que la pandémie est en train de faire beaucoup de dégâts. Selon elle, il est difficile d’aller à de grandes mesures restrictives parce que le Sénégal fait partie des pays à ressources limitées sur le plan économique. C’est la raison pour laquelle, poursuit-elle, ils mettent un accent particulier sur la prévention. «Il y a les mesures barrières, le lavage des mains et la distanciation sociale mais pour la première fois dans l’histoire de la médecine en moins d’un an on a pu trouver l’arme fatale qui est le vaccin. Le vaccin va avec les rumeurs. Vous suivez tous le Programme élargi de vaccination mais ce vaccin qui a été trouvé au bout d’un an, est entouré de beaucoup plus de rigueur. Des cérémonies de ce genre seules peuvent nous aider à aller au-delà de la communauté, à aller partout pour faire de la prévention», a détaillé la Dg de la Santé publique.
Aujourd’hui, fait-elle remarquer, Serigne Moustapha Lackrame a montré à la face du monde qu’il croit à la santé et à la prévention. «Tous les lits d’hôpitaux sont pleins, nous travaillons aussi pour rendre accessible l’oxygène mais la meilleure alternative pour combattre la pandémie est de se faire vacciner», a insisté Dr Marie Khemesse Ndiaye.
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