Diplomatie – Lutte contre la criminalité transfrontalière au Sud du Sénégal : Dakar et Banjul regardent dans la même direction

Avec le projet «Soutenir la coopération transfrontalière pour une résilience communautaire et une cohésion sociale accrues en Gambie et au Sénégal», financé par les Nations unies, Dakar et Banjul veulent faire reculer la criminalité transfrontalière centrée autour de la déforestation sauvage et la culture du chanvre indien dans le Sud du pays. Pour les autorités militaires des deux Etats, la bataille continue pour mettre fin à cette situation.
Par Laity NDIAYE –
6 mois après une première session de lancement en Gambie, le Comité de pilotage transfrontalier s’est retrouvé à Kaolack, dans le cadre d’un projet visant à soutenir la coopération transfrontalière pour une amélioration de la résilience communautaire et la cohésion sociale en Gambie et au Sénégal. Intitulé «Soutenir la coopération transfrontalière pour une résilience communautaire et une cohésion sociale accrues en Gambie et au Sénégal», qui est toujours en cours d’exécution (du 14 décembre 2021 au 13 décembre 2023), le projet vise à s’attaquer aux causes de l’instabilité et des conflits dans les communautés frontalières, comme l’a expliqué Salimatta E.T. Touray, Secrétaire générale et cheffe de la Fonction publique en Gambie : «en tant que deux pays liés par l’histoire et nos liens, nous devons nous assurer de raffermir les relations fraternelles. Ce projet va aider à faciliter les relations transfrontalières», a avancé Mme Touray. «Nos deux présidents s’étant déjà engagés à faire que les rapports entre le Sénégal et la Gambie s’améliorent davantage, ce projet va solidifier et promouvoir cet agenda.»
Vice-amiral Oumar Wade, chef de l’Etat-major particulier du président de la République du Sénégal, de renchérir : «C’est un projet important pour la gestion des espaces transfrontaliers qui sont des lieux de coopération. Ces mêmes communautés, par-delà les frontières, forment un Peuple. Les frontières administratives ne peuvent pas être des blocages.»
La rencontre s’est tenue en présence, entre autres, des délégations sénégalaise et gambienne, des autorités de la Fao, de l’Oim, du Puma et des Ong qui interviennent dans la zone. Elle a essentiellement consisté à la présentation des résultats de l’évaluation psychosociale, la planification des prochaines activités à travers échanges et concertations. Pour le Vice-amiral Wade, tous les démembrements de l’Etat mutualisent leurs efforts pour relever les défis liés à la préservation de l’environnement, la lutte contre les changements climatiques, la déforestation incontrôlée au détriment de l’agriculture et de l’élevage, l’exploitation forestière illégale ou encore la mauvaise gestion des ressources naturelles. «Les Fds, la police, la gendarmerie, les Eaux et forêts concourent aux actions des Etats afin de lutter contre la déforestation, de favoriser la résolution des conflits, développer l’agriculture et l’élevage, permettre aux communautés de vivre dans leur environnement», assure M. Wade. En outre, le projet va «faire reculer, au Sud du Sénégal, les effets de la criminalité transfrontalière centrée autour de la déforestation sauvage et la culture du chanvre indien», estime Oumar Wade. Il poursuit : «Suite aux opérations de sécurisation menées il y a quelques mois par l’Etat du Sénégal, au nord du département de Bignona, la mise en œuvre du projet dans cette partie participera, nous l’espérons, à faire reculer, au sein des communautés locales, les effets de la criminalité transfrontalière centrée autour de la déforestation sauvage et la culture du chanvre indien au détriment de l’agriculture et de l’élevage.»
Il précise que ces actions sont conduites parallèlement avec les actions publiques portées par le Puma et le Pudc, qui participent au désenclavement de ces zones pour favoriser le développement local. «Nous sommes à mi-parcours de ce projet. Il y a des progrès dans la mise en confiance des communautés locales et administratives pour atteindre les objectifs de sécurisation de notre environnement», enchaîne le Vice-amiral.
Il faut savoir que le projet, qui est financé par le Fonds pour la consolidation de la paix des Nations unies dont les agences de mise en œuvre sont l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), est doté d’un montant 3, 8 millions de dollars. Il s’articule autour d’activités comme le renforcement des capacités et des infrastructures des autorités chargées de la gestion des frontières, l’engagement communautaire transfrontalier, «l’identification conjointe de solutions à la déforestation et l’introduction de stratégies résilientes aux changements climatiques pour des moyens de subsistance diversifiés».