Diplomatie – Réforme du Conseil de sécurité de l’Onu, Covid-19, sécurité… : Dakar et Pretoria harmonisent leurs positions

Les questions liées à la gestion du Covid-19, la sécurité, la réforme du Conseil de sécurité de l’Onu ont été au cœur des échanges hier, lors de la conférence de presse de Macky Sall, avec son homologue d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa. Lors de cette rencontre, Macky Sall a encore dénoncé l’interdiction des vols en provenance d’Afrique du Sud, depuis l’apparition du variant Omicron. De même, les deux chefs d’Etat ont plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité de l’Onu, afin que l’Afrique puisse disposer de deux sièges de membres permanents avec droit de veto.
Par Dieynaba KANE – Le Président Macky Sall et son homologue sud-africain sont sur la même longueur d’onde, sur des questions comme la sécurité, la gestion de la pandémie ou encore la réforme du Conseil de sécurité de l’Onu. En conférence de presse hier, les deux chefs d’Etat ont encore dénoncé la stigmatisation dont fait l’objet l’Afrique du Sud, depuis l’apparition du variant Omicron. Pour Macky Sall, c’est une attitude inacceptable, pour un pays qui a fait preuve de transparence. Dénonçant la mesure prise par plusieurs nations, en Europe et aux Etats-Unis, d’interdire les vols en provenance d’Afrique du Sud, alors que ce nouveau variant circule dans d’autres pays, M. Sall estime que finalement le seul tort de ce pays, c’est d’avoir séquencé ce nouveau variant avant tout le monde ou de l’avoir publié en premier. Appelant à plus de solidarité, le chef de l’Etat soutient que : «Toute l’Afrique doit se dresser contre cette injustice.» «C’est une question de rationalité scientifique, de solidarité et de prévention. Cette injustice pourrait frapper n’importe quel autre pays», a-t-il fustigé. Abondant dans le même sens, le Président sud-africain a fait savoir que cette pandémie nécessite une coopération et non une punition. Cyril Ramaphosa soutient : «Nous devons être guidés par la science, pour la gestion de cette crise sanitaire.»
«Toute l’Afrique doit se dresser contre cette injustice»
La question de la réforme du Conseil de sécurité de l’Onu a été aussi abordée, lors de cette rencontre avec la presse. L’Afrique se bat pour avoir 2 sièges permanents, avec un droit de veto. Seulement d’après Macky Sall, «c’est un sujet difficile, parce que les pays, selon leur compréhension, n’ont pas la même vision». Mais pour ce qui est du Sénégal, il informe «qu’on se tient à la position initiale». Macky Sall trouve injuste que le continent ne soit pas représenté par un membre permanent au Conseil de sécurité de l’Onu. C’est aussi l’avis de M. Cyril Ramaphosa, qui trouve injuste que 1,3 milliard de personnes ne soient pas représentées au sein de cette instance décisionnelle de l’Onu, où siègent uniquement la France, la Russie, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la Chine. Pour lui, il s’agit d’une injustice globale qui doit prendre fin. «Il faut que l’Afrique soit représentée et entendue, en même temps que les autres pays», a-t-il déclaré.
S’agissant de la sécurité en Afrique et notamment du terrorisme, Macky Sall a d’emblée essayé d’analyser la situation du continent. D’après le chef de l’Etat, le continent est devenu le ventre mou du terrorisme, lorsque les groupes terroristes ont été vaincus en Irak et en Syrie. Selon lui, l’Afrique est aussi victime des politiques mises en œuvre par d’autres. M. Sall a déploré ainsi l’insuffisance de moyens des armées, à cause des ajustements structurels imposés aux Etats africains, leur empêchant ainsi de dépenser dans le secteur de la défense. Pour lui, «nous sommes en train de payer cette erreur». Mais pour faire face au terrorisme, Macky Sall préconise une action globale au niveau de l’Afrique, avec notamment la mise en place de la force en attente, qu’il faudra renforcer.
Par ailleurs, il a fait savoir que la paix et la sécurité incombent au Conseil de sécurité de l’Onu. D’après le chef de l’Etat, ce dernier doit prendre en charge la lutte contre le terrorisme en Afrique et mettre les moyens qu’il faut. Soutenant que chacun a un rôle à jouer, M. Sall estime qu’il faut travailler ensemble. Le Président sud-africain a, quant à lui, laissé entendre que le terrorisme et les problèmes économiques sont liés. Selon lui, la dégradation de l’économie est un terreau fertile pour les terroristes. Il appelle à prendre ensemble les questions de santé et de sécurité. D’ailleurs, M. Ramaphosa recommande la mise en place d’une force post-Covid pour améliorer notre système de santé. A l’en croire, «cela va permettre d’améliorer notre économie de la rendre efficace pour penser au développement». Dans la même dynamique, il souligne qu’il faut des efforts concertés pour booster l’économie, afin de faire face à l’insécurité.
Le Président de l’Afrique du Sud a également plaidé pour la production de vaccins en Afrique. D’après lui, «nous devons mettre en place des processus au niveau de certains pays pour produire des vaccins, pour faire face aux pandémies qui nous assaillent».
dkane@lequotidien.sn