Ceux qui, au sein du pouvoir, ont toujours rêvé de faire «dégager» la France devront se faire une raison. Non seulement la France est bien implantée dans le cœur des Sénégalais, à l’image de Mélenchon et Sonko, mais en plus, elle ouvre grand toutes ses portes à nos dirigeants qui, à l’image de Diomaye Faye, vont se rendre à plusieurs reprises dans le pays de Marianne, de Macron et de Le Pen, à l’invitation des autorités de ce pays. Avant, il aura eu le temps de damer le pion à son binôme en se rendant à Conakry demain.Par Mohamed GUEYE –

On peut dire que depuis sa prise de fonction, le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye n’a pas beaucoup de temps à consacrer au pays, à moins que ce soit une répartition de travail décidée avec son adjoint… ou chef ( ?) de parti, Ousmane Sonko. On sait que ce dernier avait annoncé sa volonté de consacrer ses premières visites internationales aux pays africains qu’il considère comme ses alliés idéologiques, à savoir les quatre pays dirigés par des militaires putschistes en Afrique de l’Ouest. Il s’agit de la Guinée du Général Doumbouya, du Mali du Colonel Goïta, du Burkina du Capitaine Traoré, ainsi que du Niger du Général Tiani.

En dehors du «peuple» de Pastef, l’opinion sénégalaise n’avait pas manqué de s’émouvoir de ce choix, se demandant ce qu’il pouvait y avoir comme proximité entre des militaires arrivés au pouvoir par des coups de force plus ou moins sanglants et des dirigeants plébiscités dans leur combat par une élection à une très confortable majorité et qui leur donne la légitimité de diriger tranquillement leur pays pendant 5 ans au moins.

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En attendant de trouver réponse à ce questionnement, on se rend compte que même le calendrier de voyage de Ousmane Sonko est phagocyté par le chef de l’Etat. Bassirou Diomaye Faye prend de court Ousmane Sonko et se rend à Praia aujourd’hui, avant de poursuivre vers Conakry demain. Même si cette étape était programmée par le Premier ministre, on pourrait comprendre que le chef de l’Etat s’y rende en premier, en ce sens que cela serait un retour de courtoisie à l’égard de quelqu’un qui avait pris part à la cérémonie d’installation du chef de l’Etat sénégalais nouvellement élu, comme toutes les télévisions du monde l’avaient fait remarquer.

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En attendant de programmer un voyage à Bamako, on pourra néanmoins dire que le Président Faye aura été dans la ligne droite de la diplomatie senghorienne des cercles concentriques, en visitant la majorité de nos voisins et de nos alliés les plus proches dans la sous-région. Il est donc naturel que l’on note dans son agenda, des voyages programmés chez notre alliée politique et économique la plus proche dans le monde, à savoir la France. La France est un pays essentiel dans notre politique et notre diplomatie de proximité.

La France après l’Afrique
Ainsi, le président de la République doit se rendre le 20 juin en France, pour assister à une rencontre sur le Gavi qui, comme tout le monde le sait, est une Alliance internationale qui a pour but de faciliter et d’accélérer l’accès des pays africains aux vaccins et à l’immunisation, surtout de petits enfants. En marge de cette rencontre, il est prévu que le chef de l’Etat sénégalais se retrouve en tête-à-tête avec le Président français Emmanuel Macron. Ce sera sans doute l’occasion pour les deux hommes de faire plus amples connaissances et de traiter de questions concernant les deux pays.

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Ce premier voyage sera suivi d’un autre quelques jours après, au mois de juillet, quand Diomaye Faye devra se rendre à Paris pour un sommet sur le sport, convoqué par le Président Macron, et qui se tiendra en prélude aux Jeux Olympiques. Il y restera, selon son calendrier, pour assister à la cérémonie officielle d’ouverture des Jo de Paris 2024. Une autre occasion pour lui de rencontrer son compatriote Mamadou Diagna Ndiaye, président du Cnoss et président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse, Dakar 2026. Ce dernier, en tant que membre du Cio, prendra également part à cette cérémonie d’ouverture.

De retour de ces Jeux, Diomaye préparera un autre voyage en novembre au pays de Macron et de Mélenchon. Il s’agira cette fois-ci de prendre part au Sommet de la Fran­cophonie à Villers-Cotterêts, non loin de Paris. C’est dire que durant ce second semestre de 2024, Diomaye Faye et Macron ne se quitteront pas beaucoup. Ils auront plus d’une occasion de clarifier leurs positions politiques et idéologiques, et ranger dans les oubliettes de l’Histoire, les épisodes de «France Dégage !» dont certains membres de Pastef liés à Frapp avaient fait leur cri de guerre.

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D’ailleurs, à ce sujet, des personnes bien informées racontent que lors de l’audience accordée par le Premier ministre Ousmane Sonko à l’ambassadrice de France, Mme Christine Fages a tenu à signifier à Ousmane Sonko que, contrairement aux déclarations faites par des responsables de Pastef, toutes les entreprises françaises établies au Sénégal s’acquittent régulièrement de leurs obligations fiscales. Il lui a même été précisé que les recettes fiscales des entreprises françaises dépassent les 20%. Ce que Ousmane Sonko a volontiers reconnu, tout en voulant minimiser la portée des déclarations de ses partisans, en déclarant à l’ambassadrice que l’information n’a pas eu d’impact auprès de l’opinion séné­ga­laise.Comme quoi les vérités chan­gent selon les positions politiques.
mgueye@lequotidien.sn