Le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Moussa Baldé, par ailleurs ancien Directeur général de la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (Sodagri), a passé le témoin à son successeur à la tête de cette société, Alpha Bocar Baldé, qui est un natif de Soutouré, village au cœur du bassin rizicole qui abrite la direction technique. C’était vendredi passé au milieu des rizières plantées de riz de contre-saison.

Lorsque au milieu des années 70, El hadji Hady Baldé, fondateur du village de Soutouré, cédait des centaines d’hectares de terre défrichés dans la peine et la douleur pour abriter la direction technique de la Sodagri (Société de développement agricole et industriel du Sénégal), la base-vie et des surfaces agricoles qui allaient, à coup sûr, échapper à son contrôle, il ne pouvait pas rêver qu’un jour un de ses petits-fils allait diriger cette société en charge de l’appui-conseil dans ce bassin rizicole à cheval entre les départements de Kolda et de Vélingara. C’est la réalité inespérée qu’a vécue le village de Soutouré, vendredi dernier. Il a accueilli son enfant prodigue, Alpha Bocar Baldé, nouveau Dg, dans les locaux de la direction technique, «auréolé de gloire et de lauriers», selon les mots de Moussa Diao, maire de Diaobé-Kabendou. Accueilli par les siens dans la joie et une ambiance festive, l’ingénieur agronome, ancien employé de Africa rice, était accompagné du Directeur général sortant, Moussa Baldé, actuel ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural. Ce dernier lui a passé le témoin dans les rizières du secteur 5. Une manière de lui dire que la Direction générale de la Sodagri c’est le terrain. C’est d’ailleurs le conseil qu’a prodigué le député Chérif Sabaly, président du Conseil d’administration de la société agricole qui a déclaré : «Il faut être proche et complice des travailleurs. Ne vous contentez pas des rapports qu’on vous envoie, faites le terrain, touchez du doigt ses réalités.»
Mamadou Gano, maire de Médina Chérif et natif du village de Anambé, s’est fait l’écho des producteurs et des collectivités territoriales dont les terres sont aménagées. Il a livré ses attentes : «Nous remercions le chef de l’Etat d’avoir fait confiance à un fils du bassin pour présider aux destinées de la Sodagri. Les producteurs du bassin ont le devoir d’accompagner M. Baldé pour que au-delà du riz que nous atteignions l’autosuffisance alimentaire sur toutes les spéculations.» Toutefois, a-t-il dit : «Il faut étendre les 5000 ha qui ne parviennent plus à satisfaire les nombreuses candidatures à la riziculture dans le bassin. En tant que maire, je reçois plus de 10 000 ha en demande d’emblavures. Il faut aussi réhabiliter les terres aménagées.» Il poursuit : «L’Etat doit accompagner les producteurs pour faciliter l’obtention de crédit, en plus de doter le bassin en matériels lourds de récolte et de préparation des sols.»
Prenant la parole, le nouveau Dg, après avoir exprimé sa gratitude au Président Macky Sall et à son prédécesseur Moussa Baldé, a dit pour l’information de ceux qui ne le connaissait pas : «Je suis né ici, j’ai grandi ici, j’ai fait mes études ici. J’ai labouré, fait toutes sortes de travaux agricoles jusqu’en classe de Terminale. Je connais les énormes efforts fournis par les producteurs pour réussir leurs campagnes agricoles. Rien de ce qui concerne la riziculture ne m’est étranger.» Puis M. Baldé a dévoilé un pan de ses projets pour le bassin : «Nous allons poursuivre le niveau de progression de la mise en valeur du périmètre. Ainsi, 1182 ha vont être aménagés. Il faut que l’on arrive à une maîtrise totale de l’eau et irriguer de petits périmètres dans les vallées et les bas-fonds. Nous allons vers la réhabilitation des barrages du Confluent et celui de Niandouba tout en mettant en place un dispositif d’entretien et de protection des ouvrages.» Ce n’est pas tout, Alpha Bocar est décidé à lutter contre l’émigration irrégulière des enfants de son terroir en rendant plus attractive l’agriculture et en leur facilitant l’accès aux financements.
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