Discours de Diomaye aux Nations unies : LA PRÉSIDENCE NOURRIT LE COUAC

Si l’incident a été remarqué, il n’avait pas éclipsé le discours fort du Président sur la situation à Gaza. Mais, Ousseynou Ly, porte-parole du chef de l’Etat, et un Conseiller spécial du Président Diomaye Faye ont alimenté la polémique en tentant d’expliquer ce couac.Par Justin GOMIS –
Cela aurait pu rester un banal incident, qui a eu lieu à la tribune de l’Onu à New York, où la France et l’Arabie saoudite organisaient un Sommet international de haut niveau consacré à la solution à deux Etats -l’un israélien, l’autre palestinien-, censée offrir une issue politique à un conflit devenu interminable. Devant le pupitre, le Président Faye, baba, se retourne, car son discours ne se trouvait pas sur le pupitre. Si l’instant a provoqué des réactions outrées et/ou surprises dans les réseaux sociaux, l’incident aurait pu s’arrêter là : mais l’entourage du chef de l’Etat a cru qu’il était important de préciser, surtout que le protocole présidentiel avait été mis à l’index, après un contretemps fâcheux. «Ce qui s’est passé lors du passage du Président Diomaye, c’est que son prédécesseur au podium a ramassé les discours par mégarde en repartant. Le protocole des Nations unies a aussitôt ramené le discours», explique Abdou Karim Ndoye, Conseiller spécial et photographe du chef de l’Etat. Il poursuit : «Aucune faute n’est imputable au protocole sénégalais, encore moins à l’aide de camp.» Il assure «qu’aux Nations unies, les discours des présidents sont déposés au présidium par le protocole de l’organisation. Ils les reçoivent tous au préalable et les organisent par ordre d’intervention».
Il est appuyé par Ousseynou Ly, ministre/porte-parole de la présidence de la République : «c’est ce qui s’est réellement passé», assurant que cet incident «n’enlèvera en rien la qualité du discours mémorable du président de la République sur la question palestinienne. Il y a de quoi être fier du Sénégal et de ceux qui conduisent sa destinée et qui le font rayonner, très souvent dans l’ombre». Fin de la polémique ? Thierno Bocoum est revenu à la charge pour parler de «mensonge d’Etat», regrettant que «la Présidence falsifie les faits». «La Présidence a tenu à faire un éclaircissement selon lequel le prédécesseur du Président Diomaye aurait emporté son discours en quittant le pupitre, ce qui justifierait son attente avant de commencer à parler. Cette version est contredite par les images et les faits qui ne coïncident pas avec ce récit officiel», assure M. Bocoum. Il rappelle que «c’est Joko Widodo, Président de l’Indonésie, qui a pris la parole» avant Diomaye. «Après lui, c’est Albert II, Prince de Monaco. Tous deux sont venus avec leurs discours qu’ils ont emportés en repartant, comme l’ont fait d’autres dirigeants, à commencer par Emmanuel Macron. A aucun moment, ces chefs d’Etat n’ont laissé traîner ou ramassé par erreur un texte qui n’était pas le leur. Dès lors, une question s’impose : pourquoi accuser implicitement le Président de l’Indonésie d’un geste invraisemblable qui est celui de repartir avec le discours d’un autre chef d’Etat qui n’était même pas encore devant le pupitre ?», s’interroge l’ancien député. Pour lui, «ce démenti est une honte, il ne répond pas aux critiques, il cherche à brouiller les pistes».
justin@lequotidien.sn