Discours du Président Diomaye : entre espoir et contradictions

Merci, Monsieur le Président Diomaye, pour ce discours à la Nation, qui s’inscrit dans la tradition républicaine et démocratique.
Je retiens trois points essentiels de cette allocution :
1. La grande concertation nationale sur le système politique
L’initiative d’une concertation nationale avec les Forces vives de la société est une démarche à saluer, car elle répond à un besoin réel. Cependant, au-delà du discours, qu’en est-il de la réalité ? Cette volonté affichée de dialogue contraste avec l’attitude de certains militants du parti Pastef, qui ne semblent pas s’inscrire dans cette dynamique.
Aujourd’hui, le Peuple sénégalais est plus divisé que jamais, en grande partie à cause des insultes et du manque de démocratie que l’on observe dans le comportement de certains partisans du pouvoir. Si vous souhaitez réellement instaurer un dialogue, Monsieur le Président, cela doit commencer par un appel ferme à vos militants pour qu’ils cessent les querelles, respectent leurs compatriotes, nos chefs religieux -qui sont les gardiens de notre spiritualité- et, surtout, qu’ils reconnaissent et respectent la Justice.
Je vous invite à revisiter l’histoire de Nelson Mandela : à sa sortie de prison, son premier discours fut un appel à l’unité et à la réconciliation du Peuple sud-africain. Un véritable leader doit être capable de transcender les clivages pour bâtir une nation apaisée.
Par ailleurs, la loi votée hier par la majorité parlementaire et que vous avez approuvée sans observation, va à l’encontre de cette volonté de dialogue. De nombreux acteurs de la Société civile, des activistes, l’opposition, ainsi que des citoyens neutres -y compris nous, journalistes-, s’y opposaient. Vous auriez pu prendre en compte ces contestations et initier un véritable dialogue pour consulter le Peuple souverain. C’est ici que le dialogue aurait eu tout son sens et son importance.
2. L’absence de la presse dans votre discours
Monsieur le Président, pourquoi avez-vous occulté la question de la presse ? On ne peut parler d’indépendance et de démocratie sans aborder la liberté d’expression et la situation des médias, surtout en ces temps d’incertitude pour la profession.
Combien de fois le Cdeps et les patrons de presse ont-ils sollicité une audience pour discuter des problèmes qui secouent le secteur ? Votre ministre de la Communication, à travers certaines décisions, a contribué à une crise qui fragilise la liberté de la presse. Pourtant, cette liberté est un pilier fondamental de notre démocratie et mériterait une attention particulière.
3. Le chômage et les licenciements
Un autre point d’ombre dans votre discours est l’absence de propositions concrètes sur la question du chômage et des licenciements. Aujourd’hui, de nombreux Sénégalais perdent leur emploi, notamment dans le secteur privé, et l’inquiétude grandit. Plusieurs entreprises sont en difficulté, et certaines décisions politiques récentes ont même contribué à aggraver la situation.
Comment comptez-vous répondre à cette crise ? Quelles mesures seront mises en place pour protéger les emplois existants et en créer de nouveaux ? L’espoir que vous incarnez pour une partie du Peuple ne doit pas être déçu par une détérioration des conditions de vie.
Conclusion
Votre discours, bien que porteur d’espoir, soulève plusieurs contradictions avec la réalité. Un dialogue national sincère doit inclure toutes les voix et s’accompagner d’actes concrets en faveur de l’unité nationale, de la justice, de la liberté d’expression et de la relance économique. C’est à travers ces engagements que votre mandat pourra réellement marquer l’histoire.
Ramatoulaye SECK
Journaliste