La situation alimentaire et nutritionnelle dans la région ouest africaine reste encore préoccupante avec 7,1 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans la période allant de mars à mai 2018. Ce nombre pourrait atteindre plus de 10 millions de personnes si rien n’est fait. Au sein de la Cedeao, l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (Araa) a mis en place une réserve régionale de sécurité destinée à intervenir en dernier ressort dans les 15 pays de la Cedeao ainsi que le Tchad et la Mauritanie.

L’analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle dans la région ouest-africaine montre que près de 7,1 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë dans la période allant de mars à mai 2018. Selon M. Ousseini Salifou, directeur exécutif de l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (Araa) de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), si rien n’est fait, ce nombre pourrait atteindre 10,6 millions de personnes pendant la période de soudure de juin à août. C’est la raison pour laquelle les pays de la Cedeao ont mis en place l’Araa, chargée de mettre en place une réserve régionale de sécurité alimentaire qui va couvrir les 15 pays de la Cedeao, ainsi que le Tchad et la Mau­ritanie. Ces pays sont réunis à Dakar depuis hier dans le cadre d’un atelier sur le processus d’accompagnement de la région et des pays à élaborer un référentiel pour faire le lien entre les plans nationaux de réponse et l’accès à la réserve régionale de sécurité alimentaire de la Cedeao. Opérationnelle depuis deux ans, la réserve a déjà pu acquérir 31 mille 474 tonnes de céréales. Mais ces mécanismes d’intervention en font un instrument d’ultime recours. «C’est une réserve qui vient lorsque la 1e ligne de défense qui est la mobilisation des stocks de proximité et la 2e ligne de défense qui est la mobilisation des stocks nationaux sont déjà épuisées. C’est après seulement que la réserve intervient et elle ne répondra pas à toutes les crises, mais vient en complément parce que les pays eux-mêmes disposent de ressources pour répondre aux crises», explique le Pr Koffi Tessio, coordonnateur du projet d’appui de stockage, de sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest.
Déjà, indique M. Tessio, le Nigeria a pu bénéficier en août dernier de soutien pour enrayer la situation d’insécurité alimentaire dans les Etats de Borno, Yobe et Adamaoua. Pour cette année, le Tchad et le Cap-Vert sont des régions particulièrement vulnérables qui ont demandé le soutien du projet. «L’évaluation récente de la situation alimentaire et nutritionnelle dans la région affiche une précarité profonde par endroits dans la bande sahélienne, essentiellement liée à la persistance de la crise pastorale, fragilisant les capacités de résilience et réponse des populations déjà éprouvées», souligne M. Salifou.
Pour le représentant du ministère sénégalais de l’Agriculture et de l’équipement rural, M. Modou Mboup, ce dispositif va permettre de «compléter les efforts des Etats membres et d’exprimer la solidarité régionale à l’égard des populations affectées par une crise alimentaire conjoncturelle via des mécanismes transparents, équitables et prévisibles».

Définir des plans de contingence harmonisés
Réunis à Dakar pendant trois jours, les 17 pays concernés par le projet vont renforcer leurs capacités en matière de définition de plans de contingence. «L’objectif de l’atelier est de renforcer les capacités des pays en termes de disposition de plans de contingence harmonisés, c’est-à-dire lorsqu’il y a déclenchement de la crise, que les pays soient préparés à apporter des réponses à la fois au niveau de chaque pays, mais aussi au niveau régional», explique le Pr Kossi. Si les pays de la Cedeao revendiquent ainsi le désir de prendre en charge le problème de la sécurité alimentaire, il reste que l’Araa est entièrement financée par l’Union européenne pour un montant de 56 millions d’euros, soit près de 37 milliards de francs Cfa.
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