Dissolution de l’Assemblée nationale : Diomaye valide la volonté de Sonko
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Le Premier ministre Ousmane Sonko ne fera finalement pas sa Déclaration de politique générale qui était prévue ce vendredi. Le Président Bassirou Diomaye Faye a pris la décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Lors de son adresse à la Nation hier, il a justifié son acte en accusant la majorité parlementaire «de ramer à contre-courant de la volonté du Peuple sénégalais».Par Dieynaba KANE –
A partir du 12 septembre, la dissolution de l’Assemblée nationale n’était qu’une question d’heure. Le président de la République a donc, sans surprise, décidé hier, lors de son adresse à la Nation, de mettre fin à la 14ème législature, soit 24 heures avant la date qu’il avait lui-même fixée pour la Déclaration de politique générale de son Premier ministre Ousmane Sonko. Bassirou Diomaye Faye, qui a tenu à préciser dans son discours qu’il n’est pas dans un jeu de dupes, a donné ses raisons. Il déclare : «Mon serment, devant Dieu et la Nation, d’honorer nos institutions, est trempé du sang des Sénégalais tombés, l’idéal national en bandoulière, lors des nombreuses luttes pour notre démocratie. Malheureusement, la majorité parlementaire a décidé de ramer à contre-courant de la volonté du Peuple sénégalais, pourtant clairement exprimée au soir du 24 mars 2024.» Arguments à l’appui, le Président Faye reproche à la majorité parlementaire d’avoir refusé «le 29 juin 2024, de tenir le Débat d’orientation budgétaire pourtant obligatoire, pour le motif simpliste d’une supposée attaque reçue sur le terrain politique». Ce qui, à ses yeux, est une «violation d’une obligation légale prévue par l’article 56 de la loi organique relative aux lois de finances, aura gravement contribué à ternir l’image du Sénégal aux yeux des institutions internationales».
Questions autour de l’engagement présidentiel
Ensuite, il a évoqué dans son discours, le rejet du «projet de révision constitutionnelle visant à concrétiser la promesse» qu’il a faite «au Peuple de supprimer le Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct) et le Conseil économique, social et environnemental (Cese), alors que la situation des finances publiques impose urgemment de rationaliser les dépenses publiques». Toujours dans le cadre de la justification de sa décision de dissoudre cette institution, Bassirou Diomaye Faye a accusé l’Assemblée d’avoir usurpé «des prérogatives constitutionnelles du président de la République pour fixer une date pour la Déclaration de politique générale, en violation flagrante de l’article 84 de la Constitution et de l’article 97 de la loi organique portant Règlement intérieur de l’Assemblée nationale». La colère du Président a été certainement accentuée par «la menace d’une motion de censure que cette majorité fait planer sur le gouvernement».
Les Législatives fixées au 17 novembre
Revenant sur la date du 13 septembre 2024 pour la Déclaration de politique générale qu’il a imposée à l’Assemblée, le Président Faye soutient qu’il «ne s’est pas agi de duper le Peuple sénégalais, mais simplement d’asseoir fermement l’autorité de la Loi». Et de rappeler, par les actes, que «l’ordre politique, sous mon magistère, ne supplantera jamais l’ordre légal». Et d’ajouter : «Il y allait donc de mon devoir juridique, éthique et moral de ne céder la moindre parcelle de tolérance aux contempteurs de la Loi. J’en ai donc conclu que le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire, dans le seul intérêt du Peuple Sénégalais, était une illusion. Celle-ci ayant décidé de se détourner du Peuple pour promouvoir le culte du blocage et ainsi entraver la mise en œuvre du Projet sur la base duquel j’ai été élu.»
Les Législatives fixées au 17 novembre 2024
Après la décision de dissoudre l’Assemblée nationale et l’explication des motifs, le président de la République a fixé la date des élections législatives au dimanche 17 novembre 2024.
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D’après lui, en prenant cette décision, il compte «demander au Peuple souverain les moyens institutionnels» qui lui «permettront de donner corps à la transformation systémique» qu’il leur a promise. Et de conclure : «Aujourd’hui plus que jamais, l’heure est venue d’ouvrir une nouvelle temporalité à notre quinquennat. L’article 3 de notre Constitution rappelle que la souveraineté nationale appartient au Peuple. Ce faisant, le Peuple est invité à reprendre ses titres d’habilitation et à décider souverainement si l’Assemblée nationale doit refléter les aspirations profondes de changement qui se sont exprimées au soir du 24 mars 2024 ou si elle doit demeurer encore le dernier avatar bloquant d’un régime déchu. En tout état de cause, le gouvernement garantit la bonne organisation des élections et l’expression libre et démocratique du choix du Peuple, et que le meilleur gagne !»
dkane@lequotidien.sn