Le don de soi ! C’est ce à quoi le parti Pastef, dissous pour actes subversifs, avait l’habitude d’appeler. Ses membres, du moins certains, ont pris cette phrase au premier degré. En prison pour certains et d’autres en liberté provisoire, les «Patriotes» ont assisté de manière impuissante au démantèlement de leur formation politique, en même temps que la négation de leur «projet». Par Malick GAYE –

Dans le sillage de l’arrestation de Sonko pour vol de portable, le parti Pastef est dissous. «A travers ses dirigeants et instances qui ont fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels, ce qui a entraîné de lourdes conséquences, incluant de nombreuses pertes en vies humaines, de nombreux blessés, ainsi que des actes de saccage et de pillage de biens publics et privés. Les derniers en date sont les graves troubles à l’ordre public enregistrés au cours de la première semaine du mois de juin 2023, après ceux du mois de mars 2021.» C’est le motif servi par le ministre de l’Intérieur pour dissoudre le parti Pastef. Le 1er août, soit 24 heures après la dissolution, la police a commencé la traque des «Patriotes».

C’est alors que le maire des Parcelles Assainies, Djamil Sané, a été cueilli par la Division des investigations criminelles (Dic). Il a été suivi, quelques heures après, par la convocation de sa collègue et camarade de parti, Maïmouna Dièye, maire de la Patte d’Oie, à la Dic. La Petite-Côte n’a pas été en reste. A Mbour, Ousmane Diop, le responsable «Patriote», a été cueilli par la police de Saly. Après l’interrogatoire, suivi de son défèrement, il est poursuivi pour appel à l’insurrection. De jeunes manifestants ont été arrêtés et déférés pour participation à une manifestation non autorisée et troubles à l’ordre public. Fatima Zahra Wagué, la coordinatrice de la Jeunesse patriote du Sénégal (Jps) de Tambacounda, a été arrêtée. Elle est poursuivie pour appel à l’insurrection via les réseaux sociaux. Elle s’est fait connaître du grand public à travers ses sorties remarquées sur les réseaux sociaux. Des membres influents du parti Pastef sont en prison. Il s’agit de Fadilou Keïta, Bassirou Diomaye Faye, Hannibal Djim, et Bentaleb Sow qui les a rejoints. El Malick Ndiaye est en liberté provisoire, tout comme Birame Soulèye Diop. Me Ngagne Demba Touré est en exil.

Cet épisode a sonné la fin d’un projet. En effet, c’était dans le jargon des «Patriotes» de signifier que le «projet» qu’ils ont pour la société dépasse toute personne membre dudit parti. Mais avec la série d’arrestations, force est de constater que le fameux «projet» n’a plus personne pour l’incarner.

Aujourd’hui, à moins de deux mois de la Présidentielle, l’avenir est plus qu’incertain. En effet, Ousmane Sonko, embourbé dans une bataille juridique sur son éligibilité, semble conscient de la situation au point de dérouler un plan B. Mais son choix de présenter Bassirou Diomaye Faye pose quelques problèmes. Ecroué pour les mêmes chefs d’accusation que le «Patriote» en chef, Bassirou Diomaye Faye est dans l’incertitude pour se présenter en février 2024. Dans quelques heures, tout sera clair…
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