La disponibilité et l’accessibilité du médicament a été au cœur du panel organisé par la Coalition nationale pour la santé et l’action sociale. Malgré les efforts consentis dans la disponibilité du médicament, les ruptures et les dysfonctionnements continuent de perturber la chaîne d’approvisionnement.

Le médicament emprunte un parcours «fou» avant d’atterrir dans les structures sanitaires ou les officines de pharmacie. Un circuit complexe, ponctué de dysfonctionnements dans la chaîne d’approvisionnement. Au final, cela provoque des ruptures de médicaments anticancéreux, de réactifs, d’Arv, de l’insuline, de vaccins ou encore des médicaments contre le glaucome sont fréquemment notés. Une situation difficile qui met en danger la santé des malades. Pour Dr Leyti Gning de la Pna, l’une des causes majeures de ces défaillances dans l’approvisionnement du médicament est d’abord la forte dépendance du Sénégal de l’extérieur. Plus de «90% nous viennent de l’extérieur», informe Dr Gning. Aussi, l’acquisition du médicament est soumise à des procédures de marché très longues et assez compliquées même si la loi autorise à la Pna par moments l’entente directe ou de manière très restreinte une dérogation. S’y ajoute une durée de mise en œuvre des contrats, pouvant atteindre trois mois. «Au point que le marché nous impose une révision du prix au moment de l’exécution des montants, car entre-temps beaucoup de facteurs seront entrés en jeu», explique Dr Leyti Gning. Il y a aussi les problèmes de trésorerie qui surgissent de temps à autre. «La Pna dépend fortement du Trésor», souligne encore Dr Gning qui liste également les initiatives de gratuité «très chères», la non-maîtrise de l’expression des besoins, le manque de personnel qualifié et la faiblesse des ressources financières.
Concernant l’acquisition de médicaments dans le privé, le représentant de Laborex évoque les lourdeurs administratives, notamment le traitement de la douane qui peuvent impacter les délais. Le laborantin souligne également la nature du marché sénégalais qui, selon lui, est trop petit. «Les laboratoires peuvent décider de ne pas vendre tel produit puisque n’étant pas rentable à cause de l’étroitesse du marché», témoigne le directeur général de Laborex.
Ces choses entraînent des ruptures de médicaments dans la chaîne d’approvisionnement. Or il relève du domaine de l’urgence. Les panélistes ont interpellé ainsi la direction de la Pharmacie et du médicament, le maître d’œuvre et le régulateur de tout le circuit du médicament. Selon les panélistes, cette direction peut accorder des dérogations à la Pna, notamment pour certains produits comme les anticancéreux. Mais le lieutenant-colonel Amadou Moctar Dièye, responsable de cette direction, n’a pas souhaité se prononcer sur ce sujet. Dans son exposé, il s’est contenté de présenter les étapes du circuit du médicament et a réitéré son intention de suivre les textes en vigueur. Ce n’est donc pas demain la fin des ruptures de médicaments au Sénégal
Ce panel sur les défis de l’approvisionnement des structures sanitaires en médicaments et produits essentiels a été organisé par la Coalition nationale pour la santé et l’action sociale. Une rencontre qui a réuni les acteurs du médicament, notamment la Pharmacie nationale d’approvisionnement, (Pna) la direction du Médicament, laborantins et médecins.
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