Distribution de plus de 4 millions de moustiquaires à la frontière : Le Sénégal et la Gambie mènent le combat contre le palu

Dans la lutte contre le paludisme, le Sénégal et la Gambie vont distribuer plus de 4 millions de moustiquaires imprégnées à la frontière.Par Justin GOMIS –
Le Sénégal et la Gambie ont décidé de conjuguer leurs forces pour éliminer le paludisme au niveau de la frontière sénégambienne. Cette volonté a été matérialisée, ce mardi, par le lancement de la Campagne de distribution de moustiquaires imprégnées édition 2025, sous le thème : «Finissons-en avec le paludisme : réinvestir, réimaginer et relancer nos efforts communs pour mettre fin au paludisme.» «Nos deux nations ont collaboré en synchronisant chaque étape claire du processus, ce qui a permis de mettre à la disposition de nos communautés plus de 8 millions de moustiquaires imprégnées», a déclaré Dr Ibrahima Sy, ministre de la Santé. Mais, pour atteindre cet objectif, les deux pays se sont engagés à distribuer 4 millions 190 mille moustiquaires imprégnées pour une valeur de plus de 8 milliards de francs, sans compter les coûts logistiques liés à leur acheminement. Cette distribution aura lieu les 23, 24 et 25 mai prochains.
D’après le ministre de la Santé, qui présidait la cérémonie de lancement avec son homologue gambien à Farafégny, la question du paludisme reste une préoccupation majeure. Car, «selon le rapport 2023 de l’Organisation mondiale de la santé, le paludisme demeure un défi majeur pour la santé publique, avec 263 millions de cas et 597 000 décès dont 95% en Afrique, où l’accès aux services de prévention et de traitement reste insuffisant. Cela marque une augmentation très forte de 11 millions de cas par rapport à 2022, tandis que le nombre de décès reste pratiquement inchangé. Cette tendance souligne l’urgence de renforcer les efforts de prévention et d’accès aux soins, en particulier dans les régions les plus vulnérables». Dr Sy rappelle que le Sénégal a fait des pas de géant dans la lutte contre le paludisme. «Le Sénégal, tellement engagé dans ce but, a adopté et appliqué toutes les grandes initiatives internationales», a fait savoir Ibrahima Sy. Il reste optimiste malgré l’immense défi à relever. «Ensemble et pleinement mobilisés, nous aurons les moyens de le relever», a-t-il dit. Il ajoute : «Grâce à des interventions efficaces recommandées par l’Orga-nisation mondiale de la santé, des avancées significatives ont été réalisées, à savoir l’amélioration de l’accès aux soins, le renforcement de la prise en charge, l’adoption des moustiquaires imprégnées d’insecticides comme outils clés de prévention, ainsi que l’application du traitement préventif intermittent sur la femme enceinte et de la chimio-prévention du paludisme saisonnier pour les enfants de 3 à 120 mois.» Pour lui, «la situation épidémiologique du Sénégal révèle des avancées notables dans la lutte contre le paludisme. Entre 2017 et 2021, la morbidité chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes a baissé de 26, 3% et 50, 9%, tandis que la prévalence pratique a diminué, passant de 0, 9% en 2016 à 0, 4% en 2017».
Toutefois, ces efforts n’ont pas éradiqué le palu dans le pays. «Malgré ces avancées, la maladie demeure inégalement répartie sur le territoire, avec une zone de très faibles transmissions au Nord et Nord-ouest couvrant plus de 60% du territoire, une zone de transmissions faibles à modérées et une zone de fortes transmissions dans le Sud et Sud-est du pays portée essentiellement par les régions de Kédougou, Tambacounda et Kolda», enchaîne Ibrahima Sy. Aujourd’hui, près de 50 des 79 districts sanitaires sont en phase de pré-élimination, signe d’un progrès encourageant. Le ministre pense que pour réussir l’élimination du palu, il faut une synergie d’actions. «L’élimination du paludisme d’ici 2030 demeure un objectif stratégique, en parfaite cohérence avec les orientations de l’Organisation mondiale de la santé, l’Initiative «Roll back Malaria» et la volonté de nos autorités. Pour y parvenir, nous devons faire preuve d’ingéniosité et renforcer nos actions en misant sur des interventions innovantes, la mobilisation des ressources endogènes et la consolidation de notre souveraineté pharmaceutique», a-t-il soutenu. De l’avis de son homologue gambien, l’élimination du palu ne saurait se faire sans les acteurs communautaires et les femmes. «Les femmes, si vous attachez des moustiquaires, les hommes vont venir se coucher sous ces moustiquaires, et même les enfants», a dit Lamine Sama-the, ministre gambien de la Santé.
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