Parler d’éthique et du sens de la morale, d’ontologie tout court, du droit à la parole, de l’Etat de Droit, du respect de la Charte fondamentale et de la citoyenneté responsable avec les Sénégalais bon teint depuis un peu plus d’une décennie, c’est parler des multiples et différentes recettes de cuisine très raffinées (allochtones ou autochtones) à une horde de cannibales car assurément ils n’en connaissent qu’une seule ; la grillade de chair humain.»

Parce que justement et horriblement même : «Rongoñu baadola mooy siim cereey buur.»

Je dis ou plutôt je répète qu’un pays ne vaut qu’à travers la valeur tangible de ses fils (surtout les politiquement neutres).

Je parle en cet instant précis de cette valeur immuable que l’on a appelée jusqu’ici la probité, l’honnêteté intellectuelle, la bravoure dans la prise de position, la loyauté envers ses concitoyens et les lois de la République, l’incorruptibilité du geste et du verbe, l’intégrité morale et enfin le dévouement incessant envers la Nation et sa Charte nationale.

La Société civile (dans son ensemble) que tous les citoyens avaient prise volontiers pour «défenseur» de la République et de la citoyenneté, est aujourd’hui très loin de son devoir ; l’impérieux et l’inconditionnel devoir de se faire entendre, de contester la primeur des débats à la caste des politiciens véreux marqués par leurs appartenances égoïstes et d’organiser surtout une riposte à la hauteur des espérances des populations, de l’Etat et de la République agressés, banalisés et dépersonnalisés à chaque instant.
Le citoyen sénégalais est-il laissé à lui-même ? Qui le défend aujourd’hui ? Pourquoi n’y a-t-il plus personne pour élever la voix contre les exactions qui lui sont faites maintenant et depuis presque toujours ?

Universitaires, hommes publics, hommes des médias, figures religieuses et coutumières, ceux de la Société civile, tous, je dis bien tous, ont disparu de la circulation. Les uns couchés par lâcheté, les autres pour d’éventuelles prébendes issues d’une prostitution intellectuelle (excusez-moi du terme) fétide, s’attendant à une ristourne escomptée ou au hasard.

Les figures historiques (sic) de la Société civile (elles ne prennent pas leur retraite xanaa ?), quant à elles, sont devenues plus ou moins des laquais, versant sans retenue aucune, dans la rhétorique hasardeuse : celle d’alimenter encore plus la peur chez le citoyen. Suivez mon regard s’il vous plaît !

Elles n’ont à la bouche que les mots lourds de conséquences désastreuses (pour un pays dit stable) comme trouble, coup d’Etat, dictateur, génocide et autres monstruosités pareilles. Il est vrai qu’avec de tels drames fumeux, il est facile de capter les fonds des Ong et autres donateurs du monde.

Pourtant, tous ceux qui se réclament de la Société civile ou des mouvements citoyens ont une responsabilité devant Dieu et devant leurs semblables, devant la Nation qui les allaita de son sein et devant la République à laquelle ils doivent fidélité et protection. Pour d’aussi «grands et alertes esprits», adeptes des théories du chaos, il y a plutôt un devoir et un impératif de participer à l’évolution des hommes, de la cité et des institutions, sans quoi ils céderaient lâchement au chantage ou au piège insipide de véreux manipulateurs et de cyniques politiciens prompts aux sales combines de toutes sortes pour assouvir des intérêts partisans. C’est à se demander même si la Société civile de notre pays n’a pas versé depuis belle lurette dans la partisannerie et la fumisterie.
Bigre ! Lorsqu’on se dit membre de la Société civile, le seul rôle valable que l’on doit jouer (ils l’ont déserté depuis longtemps paraît-il) est d’éduquer, d’informer, de mettre en garde le Peuple contre tous les périls inhérents aux combines et autres accrocs à la démocratie et à l’expression de la dignité humaine. Ce rôle, c’est aussi se mettre debout -telle une sentinelle- et faire face à ceux qui manipulent, menacent, véhiculent la haine, distinguent d’entre les citoyens d’un même pays, brûlent la cohésion sociale, barricadent les libertés individuelles et collectives, et étouffent la flamme ardente de la notion de solidarité et de fraternité entre les hommes…

Hé messieurs Tine, Gassama, Mbodji et Seck, votre rôle est plus important que le seul fait de capter des financements venus d’organismes internationaux que seules l’odeur du sang fratricide et la cruauté du feu destructeur attirent.
Wala book, est-il plus facile, mieux, plus rentable, de théoriser le chaos que de défendre le citoyen sénégalais ? Cey Yallah Sunu Borooom !

Je vous assure qu’aujourd’hui plus que jamais, la Nation, dans son ensemble (surtout avec les plus jeunes), a besoin de défense, d’un paravent solide et épais, car elle est agressée de partout et est surtout laminée par un verbe et un geste politico-politiciens incendiaires.

Et le citoyen cède à une vitesse exponentielle le pas au partisan zélé ; le sentiment horrible d’appartenir à un groupe snobe la noblesse des idéaux républicains ; le parti politique prend le dessus sur l’Etat et la République. Le bateau Sénégal tangue dangereusement. Le Peuple a vraiment besoin d’un discours rectificatif, qui galvanise les énergies, d’un verbe juste qui réveille le goût de reprendre confiance en la vie (les pirogues de la mort font scandale par exemple). Bref, un verbe qui fait mûrir et grandir. Oui, une idée, cela nourrit, cela désaltère, cela rafraîchit, et puis cela a des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, une bouche pour parler (àrtu en bon wolof) ; c’est une compagnie sûre.
«Gemiñ gu waxul i dȅgg, wax ay fen.»
Amadou FALL
IEE à Guinguinéo
zemaria64@yahoo.fr