Après le départ des bandes rebelles de leurs camps de la commune de Djibanar, département de Goudomp, les habitants des villages déplacés peuvent serei­nement retrouver leurs terres. Symbo­li­que­ment, les personnes concernées ont reçu les matériaux de construction vendredi passé, grâce à un appui de l’Ong Shelter for life.Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant) –

L’émotion était palpable vendredi dernier à la place du marché de Djibanar, département de Goudomp, au sud du pays. 292 chefs de ménage, coupés de leurs terres natales depuis plusieurs années du fait des exactions de bandes armées, sont prêts à les retrouver. Larmes aux yeux pour certains, ils ont reçu chacun 120 tôles, 40 poutrelles, 3 kg de clous. Ils ont bénéficié auparavant d’une latrine et d’un puits. Cela, grâce à l’Ong Shelter for life. Le maire de la commune de Djibanar, Ibou Diallo Sadio, qui était à côté du sous-préfet de l’arrondissement, est revenu sur le processus qui a abouti à cet heureux événement. «Suite aux opérations de ratissage menées par l’Armée dans les bases rebelles et l’installation de cantonnements militaires dans des points stratégiques, le processus de retour des villages déplacés pouvait être entamé», dit-il. Il ajoute : «Ainsi, un comité consultatif est mis en place pour piloter le processus. Il a procédé au recensement des candidats au retour dans leur village ou ceux qui veulent rester dans leur localité d’accueil du moment et qui ne peuvent pas se construire un toit, faute d’activités économiques. Le comité s’est assuré que ces ménages ont construit le bâtiment. C’est en ce moment que Shelter for life intervient pour forer un puits et construire la latrine. Pour certains, le comité a foré un puits pour rendre disponible l’eau devant aider à la construction des bâtiments. Certains ont souhaité rester à Djibanar.»
Ces ménages sont originaires des villages déplacés de Saliot, Klonia, Singhère, Adéanading, Ngobir, Bafata Brame et Bafata Mandingue, tous non loin de la Guinée Bissau. Soit 8 villages qui vont, dans les prochains jours, quitté la liste des 23 villages déplacés de la commune. En octobre prochain, d’autres villages seront enrôlés. A rappeler qu’avec les exactions de bandes rebelles sur les populations, 23 villages étaient abandonnés sur un total de 29 que comptait la commune. La commune sera bientôt à 14 villages et peut-être, en octobre prochain, retrouver la totalité de ses 29 hameaux et villages.
Déjà ces derniers villages, «rassurés par la présence des militaires dans la zone, sont en train de baliser les voies d’accès, de faire les briques ou que le comité est en train d’anticiper sur l’appui au forage des puits pour faciliter les travaux de construction des toits», a informé le maire Ibou Diallo Sadio.

Création d’emplois
Shelter for life a fait d’une pierre 2 coups : l’Ong appuie le relogement des déplacés et trouve de l’emploi aux jeunes de la commune. Les travaux de construction des latrines et le forage des puits sont confiés à des autochtones, selon leurs compétences. De même, des superviseurs de toutes les activités liées au processus sont recrutés par Shelter for life dans la localité. «C’est en tout une trentaine de jeunes qui ont une indemnité régulière dans ce processus et cela, jusqu’en octobre 2021. Ce n’est pas rien dans ce contexte social et économique du pays», note le maire de Djibanar, marquant toute sa reconnaissance à cette structure pour son accompagnement.
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