Un mur d’arbres de 8 000 km s’étendant du Sénégal à l’Ethiopie est au cœur de «The Great Green Wall», un documentaire de Jared P. Scott. Ce projet pharaonique a pour but de lutter contre la désertification de la région due aux changements climatiques, mais aussi d’éviter les conflits croissants et les migrations massives.
C’est un plaidoyer écologique et musical à travers les pays du Sahel, porté par la chanteuse malienne, Inna Modja. Révélée il y a une dizaine d’années par son tube French Cancan, celle-ci est connue pour son engagement en faveur de causes qui lui sont chères : la lutte contre l’excision, le droit des femmes et aujourd’hui l’environnement. «C’est un projet qui est né grâce à différentes personnes qui sont Fernando Meirelles, le réalisateur brésilien qui est très impliqué dans l’environnement, Claude Grunitzky, un acteur culturel et des médias africains qui vient du Togo, Alexander Asen qui travaille pour les Etats-Unis. Ils se sont dit : «Ce projet est tellement fantastique, et si l’on faisait un film ?» Ensuite, on a travaillé pendant quelques années pour pouvoir trouver la meilleure façon de raconter ce Great Green Wall. Ce qui était important, c’était de raconter des histoires humaines.»
Le destin bouleversé par le changement climatique au Sahel
Dans ce film dont Inna Modja est le personnage principal, il est question d’écologie, d’économie solidaire, mais c’est aussi un prétexte pour rencontrer ces femmes et ces hommes dont le destin se voit bouleversé par le changement climatique au Sahel. «Moi, j’écoute beaucoup dans ce film, parce que j’ai envie d’apprendre. Je pensais que je connaissais l’Afrique et pendant ce voyage, je me suis rendu compte que j’ai encore tellement des choses à apprendre et que je ne connaissais rien de tout. C’est beaucoup plus complexe, riche et vibrant que ce que je croyais. Cela m’a mis de la colère, parfois, cela m’a rendu triste, mais cela m’a donné beaucoup d’espoir. Cela m’a donné un sentiment d’urgence. La région du Sahel, 50 % des gens ont moins de 25 ans. Ces jeunes-là, cela représente une puissance humaine. Il faut leur donner les opportunités pour pouvoir construire le continent.» Aujourd’hui, 15 % de ce projet panafricain ont pu sortir de terre. Dans le documentaire de Jared P. Scott, on découvre en musique et sur les pas de Inna Modja, les premières étapes de cette reconquête écologique.
Des artistes engagés
«La musique est très présente dans le Sahel. On a choisi des artistes qui sont tous engagés, depuis très longtemps et sur différentes causes. Didier Awadi est l’un des pionniers du hip-hop africain, les Songhoy Blues ont vécu sur leurs peaux le problème des conflits liés à ce changement climatique, parce que, les conflits dans le Sahel sont très étroitement liés au climat». The Great Green Wall, La grande muraille verte, serait un titre parfait pour une chanson. Car si la musique adoucit les mœurs, elle est surtout le vecteur idéal pour faire passer un message.
Rfi