Evacuées à Tarédji sur leur demande, les populations de Donaye ne sont pas en terrain inconnu après leur délocalisation. Tarédji est une zone où leurs terres sont jumelées avec le village Décollé Tarédji. Dès les premières heures de leur arrivée, les quelques familles originaires de Donaye déjà sur place sont peu nombreuses pour les accueillir et les loger. Confrontées à des problèmes d’habitat en 1999, les populations ont décidé de s’installer sur ces terres situées sur la Rn2. Quelques années plus tard, une partie est retournée à Donaye. Désormais, ces habitants sont ballotés entre deux quartiers distants d’une trentaine de km : Donaye-Walo (site d’origine) et Donaye-Tarédji (site d’accueil).

Tarédji relie l’île à Morphil et le haut Diéri. Cette zone doit ce nom aux bergers qui conseillaient à leurs homologues d’éviter cet endroit habité par un lion nommé «tarendi» (Evitez le lion ou éloignez-vous de lui en pulaar). En arrivant ici en 99, les habitants de Donaye connaissaient bien la zone coincée entre la localité de Décollé et leurs terres, qu’ils appellent affectueusement «nos champs». Durant toute la durée de l’hivernage et ceci depuis leurs ancêtres, le village de Donaye se vide de sa population pour l’agriculture sous pluie à Tarédji, parcourant ainsi environ 30 km. Un séjour d’au moins trois mois chaque année pour les besoins des cultures champêtres. Amadou Salif Sétté explique : «Pour ne pas nous disperser dans différentes localités, la proposition d’aller dans un espace qui nous appartient (Tarédji) a eu l’aval de la majorité, le jour de la catastrophe.»

Donaye-Tarédji : de zone agricole à zone d’habitation
Quelques jours avant les dons de l’Etat et des bonnes volontés, les populations de Donaye étaient contraintes de s’abriter sous des arbres. Puis arrivèrent les bâches et les nattes, permettant la mise en place de tentes et la construction des premières cases pour oublier les longues nuits passées à la belle étoile, parfois sous la pluie. Obligées de vivre dans une zone géographiquement différente, les populations avaient du mal à s’adapter à ce nouvel environnement. Dédé Ly se rappelle les premiers jours : «Les femmes ont longtemps souffert avec certaines activités comme aller puiser de l’eau et les plus jeunes qui ne connaissaient pas ce type de végétation.» Orphelines de leur village, les populations ont durant des années pensé rentrer. Mais la majorité des familles se sont installées définitivement après avoir pris goût à la vie dans cette zone moins enclavée (avec plus de 60 familles).

Les populations témoignent qu’avec l’aide des techniciens du ministère de l’Urbanisme et de l’aménagement de l’époque dirigé par Seydou Sy Sall, après le changement de régime, Donaye-Tarédji est l’une des rares localités à bénéficier d’un plan de lotissement dans le département. Un autre cadre de Donaye, à travers son ministère, Hamath Sall, a encouragé les populations à s’installer définitivement à Donaye-Tarédji et de pratiquer leur principale activité nourricière : la riziculture. Selon Dédé Ly, la première construction en ciment date de 2001. Deux ans après leur arrivée sur les lieux. Thierno Mamoudou Ly enchaîne : «Sous l’impulsion du ministre Hamath Sall, tous les Gie du village ont été redynamisés, ce qui nous a permis de nous adonner à la riziculture et même mieux qu’auparavant. C’est avec cette activité et l’accompagnement des services du ministère de l’Agriculture que les gens ont construit les maisons en ciment.» Imam à Donaye-Tarédji, Thierno Mouhamadou Dème indique : «A Donaye, on avait des bâtiments en banco, mais ici, à Tarédji, toutes les concessions sont en dur. Je sais que les gens se plaisent à vivre ici, même si certains sont retournés à cause de leurs activités plus adéquates dans cette zone.»

Déserte jusqu’en 1999, Tarédji est devenu une zone très convoitée grâce aux habitants de Donaye qui, après avoir créé Donaye-Tarédji, ont mis en place des infrastructures modernes : une école élémentaire, un lycée, un forage, un poste de santé, une compagnie de gendarmerie, une gare routière, etc.

Faisant des navettes quotidiennes entre Donaye-Tarédji et Donaye-Walo (un trajet d’environ 30 km) pour mener leurs activités car leurs périmètres rizicoles, les champs de cultures de décrue sont dans le village originel, Donaye-Walo, les populations restent très attachées à leur terroir. Lassées par les aller et retour, certaines familles, constituées pour la plupart de paysans et d’éleveurs, sont retournées au site d’origine depuis des années.