La reprise annoncée des cours, prévue le 2 juin prochain, risque de se faire sans une partie des élèves qui ont peur d’attraper le Covid-19. Une équation que le ministère de l’Education nationale devra résoudre pour éteindre les dernières poches de résistance.
Les élèves veulent retourner à l’école. Encore faudrait-il que les potaches soient en bonne santé. Un désir qui est actuellement mis à rude épreuve par la pandémie du Covid-19 qui a mis à genoux tous les secteurs du Sénégal, notamment l’éducation. Si le président de la République a réitéré la volonté du gouvernement de rouvrir les classes d’examen, tous les apprenants ne sont pas disposés à regagner les salles. «Je ne suis pas prête pour reprendre le 2 juin. Si on me donnait des milliards, je ne risquerais pas ma santé pour un examen», avertit Oumou Sakho, élève de Terminale L aux cours privés Seydina Mandione Laye, premier lycée privé de Yoff. La fille, actuellement en confinement chez son père dans le département de Guinguinéo, ne voudrait surtout participer à «un suicide collectif». «Avec moins de 100 cas, on ferme les écoles. Aujourd’hui, on nous parle de plus de 2000 cas et on nous demande de retourner en classe. Nous ne serons pas les agneaux du sacrifice. Se suicider, ce n’est pas uniquement se poignarder ou boire du poison», ajoute la jeune fille, ferme dans sa décision.
L’Etat est entre le marteau de vouloir sauver l’année et l’enclume des conditions sanitaires optimales aux élèves. Un dernier aspect dont doutent certains apprenants après l’allègement des conditions restrictives décrété par le président de la République lundi dernier. «C’est vrai qu’à Guinguinéo, il n’y a pas de cas de coronavirus mais il sera difficile de se protéger des autres qui peuvent amener la maladie en classe et contaminer le reste», prédit Fatou Ndiaye, élève aux cours privés Ahmadou Bamba de Guinguinéo. «Comment peut-on demander aux gens de rester chez eux et ensuite appeler les élèves à venir en classe, c’est contradictoire. Ecole rime avec rassemblement, un terreau fertile au virus», souligne Coumba Ndiaye du même lycée niché dans ce département de la région de Kaolack.
«C’est risqué mais je vais y aller»
A Dakar, épicentre du coronavirus au Sénégal, les avis divergent. Si le scepticisme est le sentiment le mieux partagé, certains élèves iront à l’école le 2 juin. «Je vais porter un masque et avoir un gel avec moi. Il faudra respecter les normes sanitaires édictées», invite Aly Diouf, élève en classe de 3ème au quartier de Nord Foire. Pour Penda Seck, également candidate au Bfem et résidant aux Mamelles, la reprise ne devrait pas constituer un problème majeur pour elle. «Je prends le véhicule de ma mère. Son chauffeur me dépose à l’aller comme au retour. Comme les niveaux qui ne font pas l’examen sont toujours à la maison, nous allons profiter de cette situation pour nous disperser dans les autres salles de classe», dit-elle.
Aïda Diagne est du Lycée Blaise Diagne. Elle a horreur de travailler à la maison. Les cours à distance ne lui disent pas grand-chose. Même si elle est consciente du risque, l’élève de 3ème s’en remet à Dieu. «J’ai horreur des cours en ligne. Pour que je puisse étudier, il me faut ces 4 murs, cette ambiance de classe avec mes camarades. Pour le 2 juin, c’est risqué mais je vais y aller. Je fais confiance aux autorités et au Créateur», se résigne-t-elle. Au fil des jours, la date de la réouverture des écoles s’approche. Mais les élèves ne parlent pas le même langage pour retourner en classe.