Adji Mergane Kanouté, députée de Benno bokk yaakaar (Bby), soutient avoir noté un «acte anti-républicain» posé par le président de la République en soutenant que son Premier ministre a la possibilité de tenir sa Déclaration de politique générale (Dpg) «hors de l’Assemblée nationale», après l’en avoir dissuadé. Appréhendant cette question sous un autre angle, Adji Mergane Kanouté déclare y voir «une défiance» à l’endroit du chef de l’Etat, si son Pm refuse de tenir sa Dpg à l’Hémicycle après avoir convaincu l’Assemblée nationale de réactualiser son Règlement intérieur.Par Amadou MBODJI –
S’il avait demandé au Premier ministre de surseoir à sa décision de tenir une Déclaration de politique générale (Dpg) hors de l’Assemblée nationale, le Président Bassirou Diomaye Faye avait par ailleurs soutenu que le Premier ministre avait cette possibilité. Une sortie sur laquelle revient la députée Adji Mbergane Kanouté pour la commenter. Et, à ce propos, elle soutient : «C’est là qu’il (le chef de l’Etat) a été véritablement anti-républicain.» L’Assemblée nationale est, selon elle, une institution «au-dessus de tout le monde». «Tout comme le chef de l’Etat, les députés ont été élus au suffrage universel direct. L’Assemblée nationale ne peut pas être fragilisée n’importe où, n’importe comment, par n’importe qui», explique la parlementaire de Benno bokk yaakaar. «Nos institutions ont toujours été fortes. Il ne faudrait pas qu’avec l’avènement du Président Bassirou Diomaye Faye, qu’elles soient fragilisées, banalisées», argue Adji Mbergane Kanouté.
A l’en croire, avec la suppression du poste de Premier ministre, il y avait des articles qui étaient bien évidemment dans le Règlement intérieur, mais la réédition de ce Règlement intérieur n’a pas respecté la procédure normale. Et dès lors, il fallait travailler à sa réactualisation, fait savoir la députée, invitée hier de l’émission «Jury du dimanche» sur I-radio. Poursuivant son argumentaire sous un autre angle, Adji Mergane Kanouté déclare que «si le Premier ministre, Ousmane Sonko, ne fait pas sa Déclaration de politique générale, ce serait une offense au chef de l’Etat». «Le chef de l’Etat a sollicité le président de l’Assemblée nationale pour que nous puissions réactualiser le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et que le chef du gouvernement vienne faire sa Déclaration de politique générale. Donc, si le chef du gouvernement ne se présente pas, on peut considérer que ce serait l’offense au chef de l’Etat. Parce que c’est le chef de l’Etat qui avait sollicité l’Assemblée nationale à la réactualisation, même si nous étions déjà dans cette dynamique», a déclaré la vice-présidente du groupe parlementaire de la Coalition Benno bokk yaakaar. Adji Mergane Kanouté de préciser qu’il est important que le Premier ministre puisse dire aux Sénégalais quelles sont «ses grandes orientations, les réformes et les mesures du gouvernement». Sur la dissolution de l’Assemblée, Mme Kanouté reconnaît que le président de la République a cette «prérogative constitutionnelle». Pour la députée, «l’article 87 de la Constitution donne au président de la République le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale après deux ans de législature. Au-delà du 12 septembre, il a ce pouvoir constitutionnel. Il peut bien dissoudre. Qu’il dissolve l’Assemblée nationale ou pas, ça nous est égal. Parce que nous, nous avons été élus par le Peuple sénégalais. Nous représentons le Peuple sénégalais. Nous irons vers des élections anticipées, et c’est sûr que nous allons imposer la cohabitation».
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