Dr Massamba Guèye au «Gingembre Littéraire» : «Il faut l’intégration des valeurs transversales dès le bas âge»

Après Thiès, c’était au tour de Mbour d’accueillir le «Gingembre Littéraire» ce samedi. Pour cette étape, le Dr Massamba Guèye, chercheur écrivain et fondateur de «Ker Leyti», la maison de l’oralité et du Patrimoine, a rappelé la nécessité d’avoir des espaces de dialogue au sein des familles.Par Alioune Badara CISS(Correspondant)
– La commune de Mbour a reçu ce samedi, la 3ème édition du Gingembre du Sénégal sur le «Vivre ensemble» dont le thème porte sur le Dialogue des Cultures et des Religions. Cette rencontre, qui a vu la participation d’éminentes personnalités ainsi que des élèves de différents établissements de Mbour, a été une occasion pour Dr Massamba Guèye, chercheur écrivain et fondateur de Ker Leyti, la maison de l’oralité et du Patrimoine, de rappeler que le vivre-ensemble sénégalais est un vivre-ensemble qui existe. «Nous ne devons pas accepter qu’on nous fasse douter parce qu’il y a deux ou trois qui, dans les réseaux sociaux ou ailleurs, veulent se positionner. La notion de «Cal», le cousinage à plaisanterie à l’intérieur des maisons, des communautés existent. Mais le plus important pour moi, c’est est-ce que cela se transmet aux enfants ? Comment le transmettre de manière formelle pour que dans les espaces de diffusion et d’acquisition de savoir, les enfants puissent connaître l’enjeu pour ne pas lui tourner le dos. Parce que s’ils ne comprennent pas l’enjeu, ils vont lui tourner le dos parce qu’il y a beaucoup d’appel à la violence, au communautarisme. Mais ce communautarisme-là doit fonctionner comme avant. Les gens appartiennent à des communautés mais pour mieux se connecter à d’autres communautés», a précisé Dr Massamba Guèye.
Selon le Dr Guèye, il faut l’intégration des valeurs transversales à partir du bas âge. «Parce que les enfants ne sont plus avec les mamans et avec leurs papas. Ils partent très tôt en crèche, à l’école maternelle, le temps d’acquisition du savoir devient un temps d’acquisition du comportement social. Comment faire pour que ce lieu-là soit un lieu d’éducation et de savoir, mais aussi un lieu de savoir-vivre», a conseillé Dr Guèye. C’est pourquoi, il a invité les familles à replacer la parole à l’intérieur de nos familles «Le monde est ouvert, nos enfants sont connectés au monde avant de se reconnecter à nous-mêmes. Une des grandes équations c’est pourquoi est-ce que nous voulons que nos enfants nous laissent en paix. C’est pour cette raison que dès qu’on arrive dans nos maisons, nous leur donnons une tablette. Surtout nous les jeunes intellectuels, pour avoir la paix. Il nous faut replacer la parole à l’intérieur de nos familles. Les espaces d’habitation ne doivent plus s’arrêter à 150m2. Nous avons dans 150m2 des espaces de conflits et aucun espace de dialogue possible au niveau de la maison. Il nous faut regarder notre habitat, notre façon de vivre et ensuite punir ceux qui aujourd’hui, essaient d’appeler à la haine et à la différence sociale.»
«Les discours deviennent de plus en plus violents»
L’initiateur du «Gingembre Littéraire», El Hadji Gorgui Wade Ndoye quant à lui, s’est félicité de l’engouement que cette activité suscite aujourd’hui. «Il y a une convergence des Sénégalais autour du «Gingembre Littéraire» sur le vivre ensemble. Aujourd’hui plus que jamais, les populations sénégalaises veulent retrouver leur Adn, c’est-à-dire nous sommes un Peuple profondément marqué par l’esprit de paix et de stabilité sociale. C’est l’une de nos plus grandes richesses. Il est clair que les discours deviennent de plus en plus violents sur les réseaux sociaux mais aussi portés par des personnes et des personnalités qui sont des adultes. On ne peut pas dire aux jeunes de bien se comporter si les adultes eux-mêmes détruisent ce socle de stabilité sociale. La deuxième chose est que nous nous rendons compte que l’espace public sénégalais est en train, avec le «Gingembre Littéraire», de retrouver ses lettres de noblesse. Nous sommes en train humblement d’apporter notre petite contribution pour que notre pays de paix le reste éternellement», a déclaré l’initiateur du «Gingembre Littéraire».
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