Les perspectives dégagées de faire du Sénégal un pays autosuffisant en riz en 2017 n’ont pas abouti. Le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural l’a reconnu lundi à la sphère ministérielle de Diamniadio, tout en donnant une autre lecture à faire de l’autosuffisance dont la production n’en serait pas l’unique baromètre. «L’er­reur que beaucoup commettent c’est de dire que l’autosuffisance égale 1 million 500 mille tonnes de paddy. Ce n’est pas ça l’autosuffisance. L’autosuffisance englobe des facteurs beaucoup plus complexes que ça», a fait comprendre Dr Papa Abdoulaye Seck, qui s’exprimait en marge de la séance de validation politique de la Lettre politique sectorielle de développement de l’agriculture (Lpsda). «Tous ceux qui apprécient l’autosuffisance à partir uniquement de la production se trompent lourdement. Une autosuffisance on l’apprécie au moins à partir de 10 critères», a-t-il théorisé dans la lancée avec l’idée que «l’interview ne permet(tait)pas d’entrer dans les détails». D’après lui en fait, entre la théorie et la réalité une distinction nette doit se faire à propos de l’autosuffisance. «Il faut bien distinguer une autosuffisance théorique et une autosuffisance réelle», a émis le ministre de l’Agriculture, qui a convoqué les chiffres sur l’oignon pour étayer son argumentaire. «Si vous prenez par exemple le cas de l’oignon, pour être autosuffisant, il faut 350 mille tonnes ; on est aujourd’hui à 428 mille tonnes et on continue d’importer», a soutenu Dr Seck. «Ce qui est important c’est d’avoir une offre stable qui soit suffisante en quantité satisfaisante, en qualité et rémunératrice pour les paysans. C’est comme ça qu’on construit l’autosuffisance», a-t-il expliqué non sans relever «les progrès extraordinaires» engrangés dans le secteur. Une production qui est passée de 469 tonnes au démarrage du programme à 1 million 132 tonnes cette année, sa multiplication par un coefficient de 2.5 entre 1998 et 2008 «plus que le coefficient multiplicateur de 2 sur lequel misait la coalition pour le développement de la riziculture qui était une initiative du Japon», une croissance au cours des cinq dernières années de presque 47% ont été, entre autres les points qu’a noté Dr Seck pour marquer la bonne santé du secteur rizicole. «On est en train de réussir pour assurer l’autosuffisance. Ce sont des progrès remarquables qu’il faut constater», s’est convaincu le ministre. Au chapitre de l’insécurité alimentaire notée dans quelques zones, notamment dans le Nord du pays, le ministre s’est aussi voulu clair. «Il y a des poches d’insécurité, parce qu’il n’y a pas une répartition spatio temporelle équitable de la pluviométrie. Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu», a-t-il dit, tout en assurant que l’essentiel est de s’adapter et d’atténuer au maximum. Partenaires techniques et financiers, Société civile représentée par le Cncr, le ministère de l’Economie, des finances et du plan et autres acteurs intervenant dans la chaine de valeur ont participé à la rencontre de validation de la Lpsda qui se veut, selon Dr Seck, le «cahier des charges» à exécuter pour «avoir une agriculture forte capable de nourrir les populations sénégalaise et une partie du monde grâce à une exploitation des avantages comparatifs».
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