Le coordonnateur régional de La République des valeurs, et administrateur général du même parti, ne voit pas du même œil que les Aperistes, la tenue du Conseil des ministres décentralisé à Tamba. Dr Salif Samba Diallo pense que le président de la République et ses suppôts veulent juste profiter de la Journée de l’élevage en vue pour faire de l’animation politique dans la région. Rien de plus.
Le président de la République encore à Tambacounda pour un Conseil des ministres décentralisé, vous en dites quoi ?
Nous lui souhaitons la bienvenue à Tambacounda.
Seulement, il a eu à tenir un Conseil des ministres décentralisé ici à Tamba en 2013. Il y a eu beaucoup de promesses.
Certaines jusque-là non tenues. Seulement, il convient de reconnaître qu’il y a une amélioration de la mobilité dans la commune.
Au niveau des infrastructures routières, il y a un grand changement, de même qu’au niveau de l’éclairage public. Il faut tout aussi noter que là où il était le plus attendu, à savoir l’autonomisation des jeunes et des femmes, ça coince toujours. Cette couche n’arrive plus à maîtriser son alimentation, assurer les 3 repas n’est plus chose aisée chez eux.
Dans le domaine de la santé aussi, il y a des problèmes. Au niveau de l’hôpital, il urge de relever le niveau. C’est un grand hôpital qui reçoit des patients de partout. Donc, il faut améliorer les conditions de travail des acteurs en relevant davantage le plateau technique. Certes des efforts sont faits en construisant de nouveaux hôpitaux.
Cependant, il faut penser à améliorer ceux-là déjà existants en y affectant des spécialistes. Dans la commune, il y a aussi un manque d’eau dans certains quartiers. Ce qui demeure anormal en ce 21ème siècle.
Il faut en urgence trouver des emplois aux femmes, au lieu de les laisser à la merci de la brousse balayant le sable pour rassembler des cailloux qu’elles vendent aux camionneurs. L’environnement en prend aussi un sacré coup. C’est sur ces sujets que sera attendu le chef de l’Etat.
Qu’est-ce qui devrait être réellement attendu de ce conseil ?
Des mesures fortes allant dans le sens de soulager les populations. Des mesures qui aident à rattraper le long retard accusé par la région dans le cadre de son développement.
Notamment l’aménagement du Mamacounda, cette rivière qui traverse le long de la commune. Il faut le valoriser et le mettre à la disposition des populations. Tambacounda est une région à vocation agricole. Il faut mettre le focus dans ce secteur et mieux accompagner les acteurs. Il y a des niches exploitables comme la rivière dénommée Mamacounda, il faut les valoriser, les affecter aux jeunes et aux femmes sans parti pris aucun ni aucune connotation politique. Ça va régler une bonne partie de la question de l’autosuffisance alimentaire et permettre aux femmes et aux jeunes de disposer de sources de revenus.
Il faut aussi que la construction de l’université soit effective. Pour qu’elle puisse prendre en compte les aspirations de la région naturelle du Sénégal Oriental. Malheureusement, il était annoncé sa création depuis longtemps sans aucune suite. Son ouverture demeure une urgence aujourd’hui. L’idéal serait qu’elle soit ouverte dès la rentrée prochaine. Mais c’est impossible.
La création d’un port sec pourrait aussi grandement contribuer au développement de la région. Ça a toujours été le vœu des populations. Les autorités l’ont chanté à tout-va, malheureusement, c’est toujours des annonces et déclarations d’intention qui sont faites. Et rien ne suit.
Quel est votre avis sur les nombreuses promesses faites et non tenues ?
Sur les promesses, ils ne pourront pas respecter les délais. Les exemples de l’université du Sénégal Oriental, du terminal à containers, du marché sous-régional sont là. Aujourd’hui, aucun ouvrage ne peut être livré à date promise. J’ai rencontré des responsables qui m’ont dit que pour le terminal à containers, ils n’arrivent même pas à identifier le site, à plus forte raison de démarrer des travaux.
Pour le marché sous-régional, le nouveau président du Conseil départemental avait manifesté sa volonté de finir les travaux. Des démarches auraient été entreprises nous ont-ils dit. Cependant, jusque-là, il peine à être terminé.
Dans un Conseil des ministres, il ne s’agit pas seulement de prendre des décisions spécifiques pour la localité. Il faut aussi savoir les respecter et les mettre en œuvre.
Malheureusement, c’est tout autre chose que l’on voit. Et c’est pourquoi il faut, pour cette fois-ci, prendre des décisions allant dans le sens de trouver une solution pour l’autonomisation des jeunes et des femmes, accélérer le processus de relance du chemin de fer, diligenter la construction du terminal à containers et de l’université, entre autres mesures. Mais, j’ai peur qu’il ne s’agisse que de la volonté de juste faire une animation politique dans la région.
Propos recueillis par Abdoulaye Fall –
Correspondant – afall@lequotidien.sn