La Coalition Yewwi askan wi (Yaw) s’inscrit en faux contre les allégations du gouvernement. Lors d’une conférence de presse hier, ses leaders se sont employés à démontrer comment les droits de Ousmane Sonko, chef du parti Pastef, sont violés, à contester la présence de «forces occultes» dans les récentes émeutes et ont réaffirmé leur détermination à traîner les autorités devant la Cpi.Par Amadou MBODJI  –

Après la sortie avant-hier du gouvernement, les leaders de Yewwi askan wi (Yaw) sont montés au créneau hier. C’était, entre autres, pour «démonter» les arguments de Antoine Diome, ministre de l’Intérieur, qui a expliqué que le blocus de la maison de Sonko répond aux impératifs de maintien de l’ordre. Les chefs de Yewwi n’y voient qu’«une violation des droits du leader du parti Pastef». «Ousmane Sonko est chez lui, à la Cité Keur Gorgui, en résidence surveillée sans mandat légal. C’est de l’arbitraire sans nom. Et, tout cela par la volonté d’un seul homme, le Président Macky Sall, qui décide que Ousmane Sonko et sa famille doivent rester enfermés dans ce quartier», accuse Cheikh Tidiane Diéye, lors de la conférence de presse des leaders de Yaw. «L’argument, qui consistait à dire que Ouslmane Sonko avait refusé de déférer aux convocations, ne tient pas la route. Ils le répètent à satiété, disant qu’il y a de la violence. Au lieu d’aller répondre à la Justice, il a préféré répondre à la résistance. Les faits ne corroborent pas ou rejettent ces allégations. Ousmane Sonko n’a jamais refusé d’aller répondre au Tribunal. La seule fois où il l’a fait, c’était sur le dossier de l’accusation de diffamation. C’est parce qu’il était cloué sur un lit d’hôpital parce qu’il a été agressé avant, violenté, il risquait même sa vie», plaide M. Dièye.

Les leaders de Yewwi continuent  de «brandir la thèse du complot pour dire que Ousmane Sonko en est victime». «Nous commencerons, comme le gouvernement, par poser le contexte», rappellent-ils en retraçant les évènements de mars 2021.

Cheikh T. Dièye fait état d’«instrumentalisation de la Justice» et de «violation de tous les droits de Ousmane Sonko». «Ousmane Sonko n’a jamais été traité depuis le début comme un citoyen jouissant et bénéficiant de tous les droits constitutionnels». «Dès le début, il a été agressé, on a ouvert une procédure judiciaire avec en premier un contrôle judiciaire dont on connaît les tenants et les aboutissants, qui a débouché sur un renvoi à la Chambre criminelle, également dans des conditions anti-démocratiques que l’on connaît. Tout ça pour obtenir sa condamnation et empêcher sa candidature en 2024», s’offusque M. Dièye.  Il dénonce le «discours mensonger» relatif «aux forces occultes», qui «cherche à faire croire aux Sénégalais que ceux qui manifestaient dans la rue n’étaient pas des Sénégalais, mais des forces occultes venues de l’extérieur».
Un discours «dangereux pour la stabilité du pays» et «à bannir» selon Cheikh Diéye. «Le mémorandum préparé par Yaw pour répondre au gouvernement, nous le faisons pour que nul n’en ignore. Nous le faisons à la mémoire des 46 jeunes Sénégalais (morts) entre mars 2021 et juin 2023, pour ceux qui sont blessés, pour qui nous prions afin qu’ils retrouvent la santé, et pour les centaines d’innocents emprisonnés», ajoute-t-il.

Répondant à Sidiki Kaba, ministre des Forces armées, qui dit que Me Branco «n’a ni la qualité ni la capacité de» traîner des autorités de l’Etat devant la Cpi, le député Birame Soulèye Diop de soutenir le contraire en disant : «Nous allons nous donner rendez-vous à la Cpi.»
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