Par Pape Moussa DIALLO envoyé spécial à Genève (Suisse) – La Société civile mondiale a tenu, ce lundi 22 janvier 2024, une réunion préparatoire à Genève (Suisse), en prélude au Forum mondial migration et développement (Gfmd) qui s’ouvre aujourd’hui. L’occasion a été saisie par ces leaders et acteurs, venus des quatre coins du monde, pour aborder la question de la migration et des droits humains. Elle compte utiliser le forum comme espace de dialogue pour mieux se faire entendre et porter d’une seule voix, unie et concordante, le combat pour le respect des droits des travailleurs migrants.
«Etat de la migration et des droits humains», c’est sous ce thème que la Société civile mondiale s’est plongée au cours de sa réunion préparatoire, tenue ce jour en prélude à l’ouverture officielle du 14e Forum mondial migration et développement (Gfmd) qui s’ouvre aujourd’hui à Genève. Le discours anti-immigration, haineux et xénophobe, est venu exacerber la situation post covid-19 que traversent toujours les populations du monde entier avec le discours politique cousu par l’Extrême droite européenne. Cette situation, qui est en porte à faux avec le respect de la dignité humaine, n’est pas du goût de la Société civile qui souhaite plus de justice et d’équité. «Ce forum est un défi majeur pour influencer de manière positive, les décideurs et leaders politiques sur le défi du respect des droits des migrants», a déclaré Mamadou Goïta, président du réseau panafricain pour le droit des migrants. Revenant sur la thématique, M. Goïta dira avec force que «la situation est dramatique». Très en verve contre la situation que traversent les migrants, notamment travailleurs, il lance : «Partout, ce sont des alarmes. Nous avons sonné l’alerte parce qu’il y a plus que jamais la violation des droits humains. Le racisme et la xénophobie sont en train de revenir sur la table.» Selon lui, les guerres en cours, notamment l’occupation de Gaza, sont une expression de la xénophobie, du racisme, en plus d’être une entrave des droits des personnes à bouger. C’est la même situation qu’il note avec ce qui se passe au Yémen, en Afghanistan et certains pays du Golfe avec la traite des êtres humains. A en croire Monsieur Goïta, la question des droits humains interpelle tout le monde, notamment celle en lien avec les migrants travailleurs. Sans quoi, il y a un long chemin à faire pour adresser la question de la migration dans le monde. Ambet Yuson, Secrétaire général de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (Ibb), s’inscrit dans le même registre pour lancer : «Nous sommes à des moments critiques avec la montée en puissance de l’Extrême droite.» Et ce dernier se désole : «Je dois confesser ma frustration croissante sur la non-amélioration des conditions des travailleurs migrants et le respect de leurs droits.» Très remonté contre la situation que traversent les travailleurs migrants, il n’a pas manqué de s’attaquer au Forum mondial migration et développement. «Le Forum mondial migration et développement est souvent un écran de fumée qui sert beaucoup plus les entreprises que les migrants considérés comme des outils, de la marchandise», s’est-il offusqué. Avant de laisser entendre que «c’est à la Société civile de travailler à changer le narratif sur le respect des droits des travailleurs migrants».
Tout comme lui, son camarade, et non moins doyen de la Société civile réputé pour son travail et son engagement, de tempêter : «Le pèlerinage du Forum mondial doit s’arrêter.» Selon lui, le monde entier est divisé aujourd’hui. Avant d’estimer que «les choses auraient pu être différentes si un pays africain nous avez accueillis. Non seulement nous n’aurions pas eu toutes ces contraintes de voyage liées à l’obtention du visa d’une part, et d’autre part, cela aurait permis la participation de plus de monde». Sur la rencontre, le sieur Goïta rappelle que ce n’est que la suite logique du Forum d’Abuja, mais aussi de la réunion préparatoire de Dakar. «La déclaration d’Abuja a été un moment fort et décisif en direction de la route Abuja-Paris, avant que le lieu ne soit délocalisé à Genève pour devenir la route d’Abuja-Genève. Les officiels sénégalais étaient présents à Abuja, mais malheureusement le Sénégal n’a pas continué le processus.» Pour sa part, Paddy Siyanga Knudsen, l’une des vice-présidentes du Forum mondial de recherche pour la diaspora et le transnationalisme, par ailleurs membre co-organisateur qui s’occupe de l’engagement de la diaspora et de la Société civile en charge du forum et le pacte mondial sur la migration, «la voix des pays africains est importante et elle doit se faire entendre. Pouvoir regrouper toute cette Société civile dans toute sa diversité est important». Mieux, dira-t-elle, «on a participé à tout le processus et apporté nos inputs au Gfmd». Sachant que le forum n’a pas de déclaration à faire, notre interlocutrice de dire : «Le plus important pour nous en tant que Société civile, notamment africaine, est de contribuer, suivre au moment des prises de décisions pour plus d’impact.» Le forum offre un cadre d’échanges et de rencontres, la Société civile en est bien consciente. Elle compte en profiter pour avoir des discussions poussées et nouer des contacts avec des institutions des Nations unies et entre autres décideurs pouvant les accompagner dans leur travail de plaidoyer, mais aussi de lobbying pour une gouvernance migratoire mondiale inclusive, basée sur l’humain, avec le respect du droit des travailleurs migrants.