Après une mission au Mali, l’expert indépendant sur la situation de ce pays, Alioune Tine, brosse une situation assez préoccupante. Il relève des violations graves du droit international des droits de l’Homme à quelques jours du démarrage de la campagne pour l’élection présidentielle. Il a également apprécié les mesures mises en place pour un bon déroulement du scrutin prévu le 29 juillet.
Alioune Tine, récemment nommé expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme au Mali, s’est rendu du 24 au 29 juin 2018 dans ce pays. Une visite effectuée dans un contexte d’insécurité croissante avant la tenue de l’élection présidentielle prévue pour le 29 juillet 2018. Dans un communiqué, l’expert onusien rend compte d’une période marquée par la persistance des violations graves du droit international des droits de l’Homme, des abus du droit international humanitaire dans le pays qui «continuent de ternir les efforts de protection des civils et d’assistance aux victimes». Une situation assez préoccupante, à en croire M. Tine qui fait part de «violence intercommunautaire dans la région du centre et du nord du Mali qui a connu une escalade dramatique», lit-on dans le communiqué. A cela, l’expert y ajoute «l’expansion des activités des groupes extrémistes violents qui terrorisent les populations avec des enlèvements, des assassinats ciblés et d’autres traitements cruels».
L’expert qui déroule sa feuille de route souligne qu’il va axer son centre d’intérêt sur les questions liées aux droits humains. Compte tenu également du fait que la campagne officielle pour l’élection présidentielle doit débuter ce 7 juillet 2018, et le vote le 29 juillet de cette année, il indique qu’il appréciera les mises en place pour un bon déroulement des élections. D’un autre côté, l’expert souhaite recueillir au cours de cette visite des informations relatives aux initiatives antiterroristes prises par divers acteurs et évaluer leur impact sur la promotion et la protection des droits de l’Homme. Cette visite sera une opportunité pour Alioune Tine de voir si la résolution du Conseil de sécurité adoptée il y a neuf mois, mettant en place le régime de sanctions, a eu un effet dissuasif. A cet effet, fait-il savoir, «des actes qui violent le droit international des droits de l’Homme ou le droit international humanitaire ont été désignés comme critère pour le régime de sanctions ciblées».
Les informations recueillies vont servir à la mise à jour de la présentation que l’expert indépendant compte présenter au Conseil des droits de l’Homme en mars 2019, à l’occasion de la publication de son rapport. Durant sa mission, il a rencontré les autorités maliennes, le corps diplomatique, des représentants de la Mission intégrée pour la stabilisation du Mali (Minusma) ainsi que les agences de l’Onu, les défenseurs des droits de l’Homme et les organisations de la société civile.
Alioune Tine, ancien directeur pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty international et ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), a pris ses fonctions d’expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme au Mali le 1er mai 2018.
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