Le Directeur exécutif d’Amnesty international Sénégal, Seydi Gassama, a dénoncé, hier jeudi à Dakar, la discrimination basée sur les castes et l’ascendance estimant qu’elle constituait «une grave atteinte aux droits et à la dignité humaine». «La discrimination basée sur les castes et l’ascendance constitue une grave atteinte aux droits et à la dignité humaine. Et les organisations de droits humains doivent s’engager plus vigoureusement en faveur de son éradication», a-t-il déclaré.
Seydi Gassama s’exprimait à la cérémonie d’ouverture d’un colloque régional portant sur les castes et l’ascendance en Afrique de l’Ouest, organisé à l’initiative d’Amnesty international et de la Fondation Konrad Adenauer. «Quelles stratégies pour éradiquer la discrimination basée sur les castes et l’ascendance en Afrique de l’Ouest» est le thème de ce colloque d’une durée de deux jours. «En effet, bien que prohibée par les traités régionaux et internationaux des droits humains dont nos Etats sont parties (…) et les constitutions nationales, la discrimination basée sur les castes et l’ascendance est présente dans tous les Etats de la sous-région», a fait savoir M. Gas­sama.
Selon lui, même si «elle est peu perceptible dans les pratiques politiques et administratives des Etats, soucieux de préserver leur image sur la scène internationale», cette forme de discrimination est «omniprésente dans nos sociétés et prospère grâce à l’inaction des Etats».
Au Sénégal, dit-il, «des cas de violences liés aux castes et à l’ascendance défraient souvent la chronique, à l’Est du pays notamment». «Dans d’autres localités du pays, a-t-il ajouté, les dépouilles mortelles de personnes dites nobles et celles de personnes appartenant à certaines castes ou descendant d’anciens esclaves, ne peuvent reposer dans le même cimetière.»
De même, «le mariage entre personnes de castes et d’ascendances différentes est impossible dans beaucoup de communautés de notre pays et les jeunes gens doivent parfois se mettre en marge de leur famille et de leur communauté pour fonder un foyer», selon lui.
«Les castes désignent une forme de stratification sociale qui repose le plus souvent sur l’endogamie, le statut hiérarchique, les emplois hérités et l’apparence par la naissance que l’on retrouve dans de nombreux groupes ethniques des pays d’Afrique de l’Ouest», a pour sa part relevé le Directeur régional Etat de droit de la Fondation Konrad Adenauer (Kas), Ingo Badoreck.
A l’en croire, le système de castes qui «crée d’énormes obstacles à l’exercice et à la pleine jouissance des droits civils, politiques, économiques, so­ciaux et culturels des communautés», est souvent «le fondement sur lequel reposent la définition et l’exclusion de groupes particuliers de population en raison de leur ascendance».
Selon lui, «une telle conception est contraire au principe de l’universalité des droits de l’Homme, qui nous appelle à une justice sociale, à l’inclusion, au respect et à la réalisation des droits fondamentaux, à la démocratie», ainsi qu’à «tous ces aspects rattachés à l’épanouissement de l’individu dans sa communauté, intrinsèquement liés à la réalisation de l’Etat de droit».
Fort de ce constat, Ingo Badoreck est d’avis que «la solution au problème de la discrimination persistante se trouve certainement, d’une part, dans la sphère sociale et sociétale», mais, d’autre part, «le système judiciaire et le cadre juridique doivent également protéger activement les droits de ces minorités».