En milieu du travail, la plupart des acteurs en entreprise au Sénégal méconnaissent les textes au plan social qui les régissent. Parce que pour un oui ou pour un non, certains syndicats de base professionnels se comportent comme des handicapés visuels. Et le plus souvent, ils manquent de
faculté de discernement avant d’agir.
En raison que les travailleurs-salariés, dans leur majorité, pensent que pour pratiquer un syndicalisme vivant, il faut un idéal sentimental et des rêves. Un vide intellectuel, sans aucune capacité d’analyse, sans sacerdoce et sans aucune patience : pour eux, il faut agir, et vite. Parce que dans l’empressement, il s’agit pour eux et dès lors, de grande hâte, sans au préalable le sens de la prudence et de la mesure.
Récemment, deux cas malheureux et déplorables se sont produits successivement dans deux régions : à Kaolack puis à Kolda. Il s’agit de deux infirmiers-chefs de poste : l’un, servant à Arafat, dans la nuit du 20 au 21 mai 2025, a été assassiné par des voleurs qui, certainement, ont prémédité leur diabolique action ; tandis que l’autre, par opposition et paradoxalement, va, lui, se charger d’assassiner, dans sa propre demeure, un opérateur économique marchand de noix de cajou et de l’y ensevelir. Quel cruel dessein, alors !
Cependant, le droit social ne se décrète pas et ne se traduit pas par la force des biceps : il s’articule à partir d’une logique, d’une réflexion bien mûrie, d’un principe et de procédures bien élaborées. Une articulation dans toute sa conception [Cqfd]. Or, les syndicats de base professionnels [surtout] dans le secteur public et parapublic s’appuient sur leur nombre, et mécaniquement. En ce sens, l’autorité administrative [déjà plus d’un an] au pouvoir reste amorphe et ne tire point la sonnette d’alarme, aux fins de recadrer les malintentionnés, férus de désordre, par ignorance des textes de loi et des conventions nationales et internationales. Que faut-il en croire ? Est-ce une complaisance d’accepter d’aller en grève, sans avertir son employeur ? Comment devrait-on arrêter son travail du jour au lendemain, sous relation de subordination ? Quel impact cause cette grève, face à toute une population sénégalaise ? Le syndicat de la santé en a-t-il le droit ?
Ce faisant, la question est de savoir : ces travailleurs-salariés sont-ils dans le secteur de l’informel ou dans le secteur formel ? Qui les paie ? A quel niveau sont impliqués les citoyens sénégalais en termes de taxes et d’impôts face à l’Etat ? Qu’en est-il du contrat de travail individuel pour chaque travailleur, dans un Etat organisé ? Et cet Etat-là, c’est qui ?
Sous ce regard, que doivent pouvoir faire les opérateurs économiques mécontents de ce meurtre abominable, dans leur secteur ? Ne sont-ils pas mieux placés pour aller [eux aussi] en grève ? Dans quelle République cacophonique et désordonnée sommes-nous ?
En tout état de cause, les articles L271 et L272 sont le début d’un différend collectif de travail. Ils énoncent en termes procéduraux : «Les dispositions du présent chapitre sont applicables aux différends collectifs concernant les travailleurs définis à l’article L2 ; elles ne s’appliquent aux travailleurs des services et établissements publics qu’en l’absence de dispositions législatives ou réglementaires contraires [et que]… «Tout différend collectif doit être immédiatement notifié par la partie la plus diligente : à l’inspecteur du Travail lorsque le conflit est limité au ressort d’une Inspection régionale du travail et de la sécurité sociale ; au Directeur général du travail et de la sécurité sociale lorsque le conflit s’étend sur les ressorts de plusieurs inspections régionales du Travail et de la sécurité sociale.» Or, dans les deux affaires, il ne s’agit [nullement] de conflit de travail, poussant le syndicat de la santé à déclencher de manière illégale une grève.
Attendu que ces deux événements déplorables m’obligent à soulever le comportement irrévérencieux à l’égard du patronat, d’un ancien président de la République du Sénégal, après une visite de travail dans un pays asiatique.
Il disait : «Eh bien alors, si vous n’êtes pas content de votre employeur, portez un foulard rouge.» A-t-il compris le sens d’une grève perlée et de la procédure aboutie. Non ! Une position politique, en démarcation des lois sociales.
Ainsi, comme des aveugles et dans beaucoup d’entreprises, des travailleurs-salariés et certains responsables syndicaux frileux se sont laissé prendre au piège de l’ignorance et de l’insubordination. Ils se sont approprié même le slogan présidentiel. Parce qu’étant en violation des obligations de leur contrat de travail et vis-à-vis de leur employeur sans s’en rendre compte. Oui, le Tribunal du travail reste et demeure une juridiction [exceptionnellement] sociale. Et même si l’on est un avocat de formation, il est de rigueur d’admettre que ledit Président n’a jamais été spécialisé dans le domaine social.
Qu’en outre, la Constitution reste [également] une loi fondamentale irréprochable jusqu’à preuve du contraire. Elle est le produit de tout un Peuple, en son article 25 énonçant : «Le droit de grève est reconnu. Il s’exerce dans le cadre des lois qui le régissent. Il ne peut en aucun cas ni porter atteinte à la liberté de travail ni mettre l’entreprise en péril.» En violant donc ladite Constitution, il y a bien lieu de considérer qu’il s’agit de mauvais sujets, qui s’expriment avec fougue, de manière malicieuse, indisciplinée et inopportune. Des esprits prêts à se vendre pour de l’argent et dans leur propre intérêt. Autrement dit, ils n’ont cure de ce qu’est une République disposée, pour un bon fonctionnement. C’est le cadet de leurs soucis.
De ce point de vue et en une seule phrase : quel est le rôle de l’autorité administrative et politique dans tous ces comportements inconcevables et inacceptables ?
Ibrahima Khalil MENDY
SG Syntips & President
des permanents Cnts