Qui sommes-nous ? De nouveaux libres, d’anciens colonisés.  Mais aussi ? Des noirs, des blancs, des chrétiens, des musulmans, des juifs. Et surtout ? Des êtres humains.

Ainsi, «rien de ce qui est humain ne nous est étranger», et notre Humanité nous jette constamment dans «la mêlée».

Ce mal qui nous prit durant le siècle passé, ce mal qui nous fit pâtir et nous paralysa politiquement, culturellement, physiquement, en somme sur tous les plans humains, et dont les séquelles encore sont visibles chez le négro-africain, le berbère, le Sud-Américain, ou l’Arabe, est en pleine reproduction, au 21e siècle quelque part au Moyen-Orient, portant le nom bien peu précis, et bien trop réducteur de «conflit israélo-palestinien», au lieu de néo-colonialisme, génocide, crimes contre l’humanité, apartheid.

Au nom de ce lourd héritage que nous avons porté sur nos épaules, que nous avons en commun avec le Peuple palestinien, et qui n’est qu’une couverture de plus à l’humanité que nous partageons, ce qui touche le Palestinien ainsi que le civil, innocents confrontés à la guerre et au désarroi, touche aussi tout le reste de l’humanité.

Pendant 75 ans, parallèlement  à nos Etats qui fêtaient leur naissance, leur libération, s’attellent à leur construction, et manigançaient les mains pleines d’espoir ce que serait leur avenir,  la Palestine, qui n’en avait déjà plus, connaissait l’aube et aujourd’hui le zénith de sa destruction, par un «Etat artificiel», barbare, un léviathan dont le leitmotiv n’est autre que le sionisme, la destruction, le pillage.

Colonialisme et génocide, pourquoi ? Car  la confiscation et le vol de terres, la violence constante et silencieuse, la disparition des cartes du monde, les meurtres froids, sanglants d’enfants, de femmes, de familles entières, les blocus, entre autres, au profit du Peuple israélien et de son Etat en sont des manifestations, en outre de l’évidence patente de ce qu’est devenue la Palestine : une prison en plein air.

De 2008 à 2020, 5590 Palestiniens sont morts sous le va-et-vient quotidien des bombes et des balles.

Rien que ça, en l’espace de 12 ans. En septembre, c’est le Conseil de sécurité de l’Onu qui alerte sur «l’expansion continue des colonies de peuplement» et la «détérioration de la situation économique et humanitaire».

En plus de cette oppression physique, il y a la négation à l’international de l’identité palestinienne, qui n’est qu’une manifestation de plus de ce colonialisme nouveau. Héritier de celui effectué par l’Occident au vingtième siècle, il concurrence celui-ci en horreur, en ce sens que le précédent visait l’assimilation, or celui-ci vise la complète destruction de l’identité.

Nonobstant cela, que voyons-nous chez les médias et journalistes dont l’essence est d’être les porte-drapeaux de la vérité ? Dans ces discours, textes et communiqués des gouvernements se prostituant pour ne pas manquer de l’aide américaine, soutien indéfectible d’Israël ?

Soit c’est le bruit du silence qui résonne, soit c’est l’inversion des rôles, les oppresseurs devenant opprimés, les termes d’Holocauste et d’antisémitisme usés hors de leur contexte, et en guise de victimisation, le soutien infaillible aux néo-colons, aux faiseurs d’apartheid.

Et 1789, qu’en faisons-nous ? Les droits humains, oui. Mais les droits des Palestiniens qui sont également humains, c’est un non catégorique !
Tous les droits leur sont refusés, même celui à l’auto-défense, car ne vous méprenez point. Le soldat de l’étoile à cinq branches qui tue, se défend, mais le Palestinien qui riposte est un sauvage, un animal, un barbare, un terroriste, un islamiste, et tous les «istes» qui plongent dans la violence.

Les crimes faits à leur encontre sont tapis dans l’ombre de la fraîche souffrance du Peuple israélien qui, quand bien même est certes déplorable, n’est qu’exclusive face à ce que la Palestine et son Peuple ont subi des années durant.

Aucune Nation n’a plus souffert, plus été humiliée, dans ce monde moderne, que la Palestine dont la souffrance à malgré tout de sérieux concurrents.
Aux yeux de tous,  Benjamin Netanyahu et son gouvernement d’Extrême-droite affirment que les Palestiniens sont des «sauvages», et qu’ils seraient prétendument «au troisième jour de la guerre» ;  guerre qui n’a pourtant jamais cessé pour les Palestiniens, et annonce aux yeux de tous les crimes contre l’humanité qu’ils commettraient, avec le soutien des Etats impériaux, sans qu’aucune condamnation ne daigne être lancée à leur encontre.

Il est inutile de rappeler qu’à l’ère de la mondialisation, toutes les nations en seront éclaboussées, et tous en ressentiront les effets.

Qu’est-ce qui se joue ici alors ? C’est la liberté, la dignité humaine, le droit à la vie, à une terre, à l’autodétermination. C’est l’humanité, la reconnaissance d’un crime commis à son encontre.

Mais aussi, le retrait de ce droit sordide que s’est procuré l’Etat d’Israël, et qui est le droit à la mort sur ses colonisés.

En quoi cela nous concernerait ?  Franz Fanon y répond : «Chaque fois que la liberté et la dignité de l’Homme sont en question, nous sommes tous concernés, Blancs, Noirs ou Jaunes.»

Ce que nous voulons, c’est la paix, c’est une prise de conscience, car la conscience est le début de toute libération. Que nul ne se trompe sur ce qui se passe sous nos yeux. Nul ne tolère les actes de barbarie, peu importe leur camp de provenance. Mais la manipulation, le totalitarisme de la pensée doit cesser, et les bons termes doivent être employés.

La Palestine, le Peuple palestinien, connaît un néo-colonialisme, un apartheid, un génocide constant et ininterrompu depuis 75 ans, sous le regard aveugle du monde entier.
Abdoul Aziz GUEYE