Ce sont des médecins très déterminés, qui ont fait face à la presse à la fin de leur Comité national. Après deux jours de conclave à Saint-Louis, le Sames, selon son Secrétaire général, Dr Boly Diop, qui a fait une étude sur le système sanitaire dans le contexte de la dernière réforme territoriale, a fait un constat amer : «Il a été constaté que malgré la place stratégique de la santé dans le Pse, aucune de ses réformes n’a intégré l’organisation du système sanitaire. Ceci a provoqué des situations ubuesques dans lesquelles certaines collectivités locales se disputent la présidence du Conseil d’administration tandis que d’autres refusent de libérer les fonds de dotation destinés aux services de santé.» Très précis, il ajoute : «Il faut aussi signaler que des inégalités criardes persistent en matière de couverture sanitaire, beaucoup de régions ne disposant pas de pédiatre, réanimateur ou cardiologue alors que le flux de démission ne peut être comblé par celui des recrutements. A cela s’ajoute l’iniquité de traitement salarial dont sont victimes les médecins aujourd’hui très mal payés malgré les besoins en personnel.»
Fort de ces constats, le Syndicat autonome des médecins, qui a fait remarquer que l’Etat avait commandité un audit sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique, s’est désolé du fait que le gouvernement «ait retardé exprès les recommandations qui doivent découler de la publication de ces études tout en continuant de faire dans la provocation par des largesses tous azimuts avec les derniers publics au profit des députés non reconduits et autres alliés politiques».
Par ailleurs, les médecins en veulent aussi aux ministres de la Fonction publique, accusés «de saboter la mise en œuvre du protocole d’accord signé entre le gouvernement et le Sames en laissant trainer les dossiers administratifs des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes alors que leur effectif permet d’en faire une gestion très rapide». Sans oublier celui l’Economie et des finances, qui «a refusé de payer les prêts d’équipement dus aux médecins nouvellement recrutés». Selon son Secrétaire général, le Sames, qui avait décidé de suspendre le mot d’ordre de grève qu’il avait décrété au vu de cette situation après que le gouvernement s’était engagé à respecter ses engagements à la veille des Législatives, a décidé de déterrer la hache de guerre. Dr Boly Diop s’explique : «Le gouvernement n’est pas dans la perspective de respecter ses engagements pour n’avoir fait aucun effort allant dans le sens de préserver le climat social malgré toute la volonté de conciliation du Sames. Nous avons donc décidé de reprendre le combat et de ne plus faire aucune concession au gouvernement qui signe des accords pour ne pas les respecter.» Malgré tout, il laisse entrouverte une fenêtre de discussions surtout que le ministère de la Santé a un nouveau patron. «Nous sommes disposés à travailler avec le nouveau ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, qui doit faire montre d’un grand esprit de management pour résoudre les problèmes du secteur afin d’arriver à un système de santé qui garantira aux populations des soins de qualité avec des travailleurs épanouis et motivés», espère Boly Diop.
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