Les 210 mille m3/jour de la troisième usine Keur Momar Sarr (Kms3) seront injectés dans le réseau de Dakar, Thiès et Mbour, qui concentrent 80% de la consommation d’eau du Sénégal, en 2023. C’est Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’assainissement, qui en a fait l’annonce hier, lors de son passage à l’Assemblée nationale, pour les besoins de l’examen du projet de budget de son département. Par Malick GAYE –

De longues files de femmes, bassine à la tête, à la recherche d’eau ! Ce spectacle désolant va être un mauvais souvenir en 2023, selon les autorités. L’usine de Keur Momar Sarr (Kms3), d’une capacité de plus de 210 mille m3/jour, va pouvoir tourner à plein régime. Le suppresseur de Mekhé, qui est en cours de finition, va permettre à Kms3 d’atteindre sa vitesse de croisière. En 2023, Dakar Mbour et Thiès, qui enregistrent 80% de la consommation en eau du Sénégal, vont sentir une amélioration de la distribution d’eau. C’est Serigne Mbaye Thiam qui l’a annoncé hier, à l’Assemblée nationale. Le ministère de l’Eau et de l’assainissement affirme que le problème d’eau ne sera qu’en partie résolue. «Dakar, Mbour et Thiès ont besoin de 580 mille m3/jour. Ce chiffre sera de 760 mille m3/jour en 2025 et 1,1 million en 2035», a déclaré Serigne Mbaye Thiam. En attendant de trouver une solution, le ministre de l’Eau et de l’assainissement a évoqué le contrôle exercé sur Sen’eau. «La direction du patrimoine et du contrôle de l’exploitation de la Sones exerce de façon permanente, un contrôle administratif, technique et commercial. Aucun manquement justifiant la remise en cause du contrat d’affermage n’est constaté à date. Le non-respect des engagements souscrits par Sen’eau entraînerait la mise en œuvre des stipulations contractuelles prévues à cet effet», a-t-il dit.

Interpellé par Guy Marius Sagna sur le choix de Sen’eau, Serigne Mbaye Thiam a affirmé que cette dernière «est une société de droit sénégalais dans laquelle la part nationale est majoritaire avec 55% du capital dont 20% détenus par l’Etat. Suez en détient 45% à la différence de la Sde qui, bien qu’étant elle aussi une société de droit sénégalais, est majoritairement détenue par des capitaux étrangers et l’Etat du Sénégal n’y détenait que 5%». Sur une augmentation des factures de la Sen’eau, Serigne Mbaye Thiam a précisé que le tarif unitaire n’a pas connu de hausse depuis 2015 et est fixé par arrêté conjoint du ministre des Finances et celui de l’Eau. «Cependant, il peut y advenir des hausses jugées trop importantes dues aux volumes d’eau facturés. Dans ce cas, il appartient à l’usager de faire des réclamations auprès de la Sen’eau», a expliqué le ministre de l’Eau et de l’assainissement. Qui a rappelé que la tarification se fait suivant 3 tranches. Il s’agit de la tranche sociale qui est de 202 francs Cfa le mètre cube pour un volume compris entre 0 et 20 m3. La tranche intermédiaire est de 631 francs Cfa pour un volume compris entre 21 et 40 m3. La dernière tranche est de 655 francs Cfa pour 41m3 et plus. «Une réflexion est en cours sur la révision de la structure tarifaire», a annoncé Serigne Mbaye Thiam. Qui a indiqué que la tranche sociale est subventionnée à hauteur de 17 milliards Cfa environ par année, à raison de 1100 Cfa le mètre cube en plus du renoncement de la Tva sur les deux premières tranches.

S’agissant des problèmes issus de la délégation de service public, Serigne Mbaye Thiam a affirmé que l’étude commandée atteste que «la réforme est pertinente, mais il fallait prendre des mesures d’accompagnement, notamment une meilleure communication avec les populations, l’implication des collectivités territoriales et des Asufor». Et pour les manques d’eau en milieu rural, Serigne Mbaye Thiam a pointé du doigt l’absence de réseau interconnecté. Dans cette même logique, il a annoncé qu’une étude de restructuration est en cours pour une entrée du Fonds souverain des investissements stratégiques (Fonsis) dans son capital et l’implication des collectivités territoriales.

Le secteur Eau et assainissement financé par des ressources externes
Le budget du ministère de l’Eau et de l’assainissement pour 2023 est arrêté à 131 milliards 746 millions 775 mille 790 francs Cfa. 93% de ce montant, soit 122,3 milliards de francs Cfa, sont consacrés aux investissements.
Naturellement, 7% du budget sont alloués aux dépenses de personnel et de fonctionnement, soit 9,5 milliards de francs Cfa. Selon le ministre des Finances et du budget, «ce budget est financé à plus de 50% par des ressources externes, soit 73,2 milliards de francs Cfa dont 54,4 milliards de francs Cfa constitués de prêts projets et 18,8 milliards de francs Cfa de dons en capital». Mamadou Moustapha Ba a souligné que l’intérêt de ce secteur est que tous les «prêts contractés comportent un élément don d’au moins 35%, acquis généralement dans le cadre de la coopération bilatérale. Tout pays qui s’endette avec un élément de don d’au moins 35% peut maîtriser le risque de surendettement. C’est un choix assumé de recourir au financement externe».
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