Aly Ngouille Ndiaye tient à son «dialogue national». Hier, lors du vote du budget de son département, il a réitéré sa main tendue à l’opposition boycotteuse des concertations politiques, allant même jusqu’à reconnaître une imperfection du fichier électoral. L’opposition, elle, continue de récuser un ministre de l’Intérieur «partisan».

«Le dialogue politique peut se limiter à l’Assemblée nationale. On ne veut exclure personne, c’est pourquoi on a appelé à une concertation nationale. C’est aujourd’hui qu’on doit préparer 2019.» Par cette déclaration, Aly Ngouille Ndiaye, qui défendait le budget de son département hier, continue de tendre la main à l’opposition pour «évoquer tous les sujets». Mais l’opposition s’interroge sur la «sincérité» du pouvoir et «récuse» la personne du ministre de l’Intérieur. Pour Me Madické Niang, «le minimum, c’est de reconnaître les erreurs» sur le déroulement des dernières élections législatives. «Après tout ce qui s’est passé, on félicite Abdoulaye Daouda Diallo et on nous demande de dialoguer. C’est une exigence qu’il y ait de la transparence à tous les niveaux. Nous ne serons pas des marionnettes», avertit le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie.
Répondant à une interrogation du député, Toussaint Manga, le ministre de l’Intérieur estime qu’on ne peut le «récuser sans avoir au préalable discuté» avec lui. Et par conséquent, il invite l’opposition à rejoindre la table avant que les conclusions n’arrivent à l’Assemblée. C’est aussi l’appel lancé par Abdoulaye Makhtar Diop qui estime que l’opposition gagnerait à rejoindre les concertations pour que ses revendications soient prises en compte. Et ses revendications tournent essentiellement autour du fichier électoral que le ministre de l’Intérieur reconnaît qu’on peut parfaire. Mamadou Diop Decroix est revenu sur les couacs dans l’organisation du scrutin du 30 juillet dernier. «Dans ce pays, on a toujours voté sans bruit. Mais depuis le référendum, une vague de protestation est née dans ce pays. Et si l’on n’y prend garde, ce sera pire. C’est la raison pour laquelle, je demande que ce qui a eu lieu lors des élections passées ne se reproduise plus», dit-il.
Cheikh Bamba Dièye, lui, souligne que «si le gouvernement ne change pas d’attitude, les conditions pour un dialogue seraient une chimère de plus dans l’océan de promesses jamais tenues». Et le leader du Fsd/Bj met le cas Khalifa Sall dans le menu des discussions : «Si on veut être sérieux, on doit avoir le courage de nous accorder sur les pré-requis qui vont organiser une concertation sincère sur notre système électoral. Une élection ne se suffit pas dans l’énoncé des règles et des vœux pieux, mais elle trouve sa crédibilité dans l’équité et l’égalité entre les candidats. Montrez-nous que vous êtes sincères dans votre volonté de dialoguer en remettant à l’endroit votre procédure biaisée qui a été prise en intéressant l’Ige à la gestion de la ville de Dakar. Dites au Président que s’il veut que nous accordions une once de crédibilité à son dialogue, alors il faudra qu’il donne des gages.»
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