Macky Sall : «Nous ne sommes pas au Mali pour imposer une voie»
Les 5 chefs d’Etat dépêchés par la Cedeao dont son président en exercice, Mahmadou Issoufou, n’ont pas réussi à trouver un accord entre le Président Ibrahim Boubacar Keïta et les membres du M5-Rfp dirigés par l’influent et intransigeant Imam Mahmoud Dicko. Mais, la Cedeao prévoit de se pencher lundi prochain, dans le cadre d’un Sommet extraordinaire, sur le Mali pour trouver des «mesures d’accompagnement» de ce pays.
Hier a encore été un jour d’échec pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). En effet, après l’absence de succès pour la mission de médiation de cette organisation sous-régionale dirigée par l’ancien Président nigérian, Goodluck Jonathan, celle des 5 chefs d’Etat de la Cedeao est venue buter sur l’intransigeance des membres du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-Rfp) conduits par l’Imam Mahmoud Dicko.
Imam Dicko : «Je préfère mourir en martyr qu’en traître»
A entendre parler le religieux, âgé aujourd’hui de 66 ans, on perçoit sa détermination à ne rien lâcher pour le Président malien. «Rien n’a bougé pour le moment. Si vraiment c’est à cause de cela qu’ils se sont réunis, je pense que rien n’a été fait. Nous sommes un Peuple debout, nous ne sommes pas un peuple soumis ou résigné. Je préfère mourir en martyr que de mourir en traître. Les jeunes gens qui ont perdu leur vie ne l’ont pas perdue pour rien», a-t-il déclaré hier soir au sortir de sa rencontre avec la délégation des chefs d’Etat des pays membres de la Cedeao. Celle-ci s’était auparavant entretenue avec le chef de l’Etat malien au Palais de Koulouba, avant d’y prendre le déjeuner.
A-t-on atteint un point de non-retour dans cette crise malienne ? Que nenni, semblent dire les émissaires de la Cedeao : le Sénégalais Macky Sall, le Nigérian Mohammed Bouhari, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, le Nigérien Mahamadou Issoufou (président en exercice de la Cedeao) et l’Ivoirien Alassane Ouattara. D’où leur décision de convoquer le 27 juillet prochain un Sommet extraordinaire où seront prises «les mesures d’accompagnement du Mali».
Le président en exercice de la Cedeao ne se décourage pas pour parvenir avec ses pairs à trouver une solution à la crise politique au Mali. Puisqu’il déclare : «Je fonde l’espoir qu’une solution sera trouvée. A l’issue de ce sommet (celui du 27 juillet), je pense que la Cedeao prendra des mesures fortes pour accompagner le Mali.» Issoufou ajoutera que faire partir le Président malien «démocratiquement élu» reste une «ligne rouge» pour la Cedeao.
Macky au M5-Rfp : «Nous ne sommes pas des dictateurs»
Le Président sénégalais a tenu, de son côté, à rassurer les membres de la délégation du M5-Rfp quant à l’objet de leur mission, d’après le site d’informations Igfm. Macky Sall dira à ses interlocuteurs, lors de leurs échanges à l’hôtel Sheraton de Bamako : «On n’est pas au Mali pour imposer une voie. Nous ne sommes pas des dictateurs.»
La nomination rapide d’une nouvelle Cour constitutionnelle pour régler le litige autour des Législatives ainsi que la mise sur pied d’un gouvernement d’Union nationale demeurent le plan de la Cedeao, qui est soutenu par la Communauté internationale.
Mais en attendant, la rue malienne s’arc-boute à sa principale revendication : le départ du Président IBK du pouvoir. Ibrahim Boubacar Keïta doit partir, rien d’autre. Tel est le refrain que les contestataires de l’ordre établi entonnent à Bamako.