La cérémonie du Concours général avait pour thème cette année : «Enjeux, défis et perspectives pour une école au service de la souveraineté nationale.» Le Pr de lettres au Lycée Cheikh Hamidou Kane de Mbao, Waly Ba, a été invité à prononcer le discours d’usage. Dans ce cadre, M. Ba a mis l’accent sur le besoin de «repositionner l’école pour qu’elle soit davantage au service de la souveraineté nationale». D’après lui, «cette réflexion est essentielle car elle se situe au cœur de ce que nous voulons pour notre pays». Dans son discours, l’enseignant au lycée Hamidou Kane de Mbao a relevé que «l’éducation est le socle sur lequel nous bâtissons notre avenir commun, le pilier qui soutiendra notre avenir économique, social et culturel à l’heure où la croyance à une mondialisation laisse de plus en plus place à l’affirmation d’identité économique et culturelle singulière». Pour lui, «il est devenu absolument important de nous réapproprier nos valeurs intrinsèques qui peuvent conforter notre place dans le concert des nations et affermir notre souveraineté». Et de développer sa pensée : «S’il est vrai que l’école est un des leviers par excellence aux moyens desquels la souveraineté s’obtient, il va falloir alors aller vers une transformation en profondeur de notre système éducatif. Faire évoluer notre système éducatif vers une société éducative, inclusive, efficiente pour former à l’horizon 2035 un citoyen bien adossé à son socle endogène de valeurs africaines tout en étant préparé aux défis du développement durable, des sciences, des technologies, de l’Intelligence artificielle.» Poursuivant ses propos, M. Ba soutient que «l’émergence d’une école au service de la souveraineté commence par l’intégration des langues nationales dans notre système éducatif». Selon lui, «l’importance de cette démarche a déjà été reconnue par l’illustre visionnaire Cheikh Anta Diop, qui voyait en cela un moyen de désaliénation du Peuple noir. Elever nos langues au rang de langues d’enseignement ne vise pas seulement à améliorer l’efficacité de l’apprentissage, mais aussi à décoloniser culturellement notre éducation. Les langues véhiculant les cultures de leurs origines, celles étrangères sont souvent en décalage avec nos propres valeurs, ce qui crée une dissonance culturelle chez nos élèves». C’est d’ailleurs fort de ce constat, fait-il remarquer, que «le ministère de l’Education nationale, à travers le levier stratégique numéro 4, a décidé d’accélérer et de généraliser l’introduction des langues nationales dans notre système éducatif». Ce changement radical, indique-t-il, «nous permettrait d’être plus efficaces dans la marche vers la souveraineté».

Etre autonome dans la prise en charge des besoins
Dans son discours, M. Waly Ba a également tenu à préciser qu’il ne s’agit pas seulement de réformer. D’après le professeur de lettres, «pour impulser cette politique de souveraineté, notre système éducatif doit d’abord chercher davantage à être autonome en ce qui concerne la prise en charge de nos besoins scolaires, de nos projets de recherche». Selon lui, «tant que par exemple, pour les besoins de la conception, de l’édition de nos manuels scolaires, nous continuons à sentir la nécessité de bénéficier de subventions extérieures, si minimes soient elles, il est fort à parier que nous ne pourrions résister à une forme subtile mais persistante d’aliénation intellectuelle». Et de préconiser : «Au nom de cette souveraineté à laquelle nous aspirons, nous devons apprendre à nous en passer progressivement tout en développant en parallèle des stratégies d’autofinancement. En réussissant ce pari, nous apporterons du coup des réponses plus appropriées, plus rassurantes à deux équations majeures : l’accès à l’éducation et la qualité des enseignements et apprentissages.»